J’avais un peu perdu de vue Michel Durand ces dernières années, occupé qu’il était à faire des séries avec des flingues dedans. Du coup, l’arrivé d’Ambre gris sur les étals des libraires a allumé mon regard d’épagneul blasé.
Sur le baleinier Bel Espoir règne en despote sadique Pierre Masquelier, rongé par des besoins de revanche et ses problèmes sexuels – il ne peut s’unir avec Jocelyn, embarquée à son bord, que dans un bain de spermaceti, l’équipage pouvant alors profiter auditivement de ses prouesses. Et il y a l’abbé Grégoire Levasseur, qui a perdu la foi et tente de lutter contre la folie meurtrière de Masquelier.
Après Le loup des mers de Riff Reb’s, voilà un nouveau capitaine de navire complètement givré. Mais autant le capitaine Larsen fascinait par sa force physique et intellectuelle, autant Masquelier est fragile et corrompu.
Difficile de parler de l’histoire : on découvre l’équipage, on recueille des matelots (avec une guest star), on pêche le cachalot et le capitaine se révèle peu à peu. L’album est surtout incontournable pour le dessin de Durand qui va chercher cette fois-ci du côté de Bofa (et des post Assoce type Blain du coup). Simplifié jusqu’à l’os (les pieds et les mains disparaissent quelque fois), inspiré, il trouve des images étonnantes et les couleurs d’Alexandre Boucq accentuent le côté étrange de la chose.
J’ai failli crier au chef d’oeuvre (enfin, une BD visuellement inspirante) mais difficile de savoir où va cette histoire dans ce premier tome. Masquelier est vraiment méchant mais on frise la redondance et l’abbé a un peu de mal à faire le poids en face. De toute manière, vous n’avez pas le choix, il faut acheter cet album juste parce qu’il sort de l’ordinaire, que Durand est un énorme dessinateur et que le reste de la production a du mal à m’exciter – on regrettera une couverture qui aurait pu être plus accrocheuse quand même.
Avec Cuervos, on s’en était quand même déjà bien pris dans la gueule.
http://www.glenatbd.com/images/albums/9782723469258/9782723469258‑L.jpg
Pas lu, mais pas tout à fait ma tasse de thé non plus.
J’aurai juré l’homonymie;la couv. trés Frederik Peeters.Je note la recommandation,et je m’enthousiasme aussitôt.
Bon, il n’y a plus qu’à attendre le tome 2 pour avoir un avis définitif.
ça secoue un peu plus que dans Esteban, non ?
Je vois que le caméléonesque Michel Durand revient à la mer avec son nouveau bouquin, au dessin à mille lieues de celui d’Ambre Gris (et de son Van Gogh), et qui rappelle plutôt ses tous premiers travaux : https://www.glenat.com/hors-collection-glenat-bd/les-travailleurs-de-la-mer-9782344047033
Moi, ça me rappelle surtout Bernie Wrightson (ou Andréas du coup). Ça me fait penser que je n’ai même pas acheté le second tome d’Ambre Gris, ni le Van Gogh. Peut-être temps de rattraper le retard.
En tous les cas, c’est beau un dessinateur qui ne reste pas coincé dans un style.