Vous vous rappelez les bons points de votre maîtresse quand vous étiez à l’école ? Éh ben, chez Delcourt, il y a un peu le même genre de récompense pour les auteurs méritants : si vous avez suffisamment bien vendu, vous avez le droit de publier votre western. Il faut dire qu’en général pour les directeurs de collection BD, western = au secours. Hors Blueberry point de salut.
Après le Angela de Vatine (que je n’ai toujours pas lu d’ailleurs), voilà donc un autre one shot western coscénarisé par Meunier & Guérineau, ce dernier étant le fameux dessinateur de la série à succès ”les Stryges” (sur un scénario de Corbeyran, il faut vraiment tout vous expliquer).
Jolie couverture, titre un peu racoleur à la Johnny, on peut bien se laisser tenter. Jedebiah Cooper débarque dans la bonne ville de Bartlesville avec les cadavres de deux truands dangereux et en oubliant malencontreusement de déposer ses armes à l’entrée comme le veut le règlement. C’est sans compter avec le shériff Stanton, un dur de dur qui se demande néanmoins comment il se fait que l’homonyme d’un type qu’il a flingué il y a quelques années débarque chez lui sans s’essuyer les pieds.
L’histoire prend quasiment la forme d’un conte, jouant sur des références très Eastwoodiennes ( le tueur mystérieux qui a un patronyme connu rappelle Pale Rider, la fille défigurée Impitoyable …). Fringues et ville jouent sur un classicisme hollywoodien bien rôdé, ce qui est un choix compréhensible mais pas assez ”moderne” à mon goût. Le dessin de Guérineau est réaliste dans le genre un peu froid (pas trop ma tasse de thé mais il a ses adeptes) et le travail qui m’a le plus interpellé se situe au niveau du découpage. Dans le Bouncer de Jodorowski & Boucq, Boucq travaille sur les cases étirées en largeur pour rappeler le Cinémascope et ça fonctionne vraiment chouette. Ici, Guérineau travaille régulièrement sur des séquences aux cases identiques dans leur taille, ce qui donne un effet ”film sur l’écran” assez efficace ma foi. La vraie surprise se passe au niveau du scénario qui joue sur les mythes westerniens pour embobiner le lecteur dans un mensonge dont la solution n’apparaît que dans la toute dernière page. Sauf que je l’ai trouvée très artificielle cette fin. Le plaisir que vous trouverez dans cette pirouette sera donc proportionnel à votre envie d’être piégé… Et enfin, je conseillerai plutôt la version noir et blanc et ne me demandez par pourquoi (ah oui, la maîtresse permet aussi une version ”luxe”).
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Si tu comptes de rattraper avec les Bons-Points de sagesse, c’est mal engagé. :-)
Pour nous faire gagner du temps, tu aurais dû nous scanner la dernière page.
C’est le problème des histoires ”à chute”. Comme en fait elles sont basées là-dessus, ne pas en parler c’est un peu passer sous silence la moitié de l’intérêt. Mais comme je l’ai dit, j’imagine que le plaisir dépend du lecteur et de son éventuelle attente (ça fait longtemps que je suis au piquet chez Delcourt).
Non, je ne vois pas pourquoi les insultes doivent se faire en US. Par contre, il y a quelques dialogues qui semblent être des francisations d’expressions anglaises qui m’ont un peu interpellé.
I’m a poor lonesome cow-nard.
C’est vrai que le western n’intéresse plus beaucoup le public, mais cela me semble compréhensible.
On peut faire du western en BD, mais il s’agit quand même toujours des mêmes histoires, et je trouve qu’il faut alors y mettre du style. Adapter platement ce genre d’histoire dans un genre réaliste, cela ne présente plus un grand intérêt par rapport au cinéma ou à la TV. Maintenant, si la chute est vraiment originale …
J’ignorais que les dessinateurs apprécient autant de faire du western ?
Comment ça, les mêmes histoires ! Moi, j’ai une super idée de western :-))
Les dessinateurs (enfin une certaine famille, ne généralisons pas) aiment bien les genres parce qu’ils peuvent jouer avec des codes visuels. Ce sont souvent des images marquantes qui viennent de l’enfance qui induisent une vocation de dessinateur et le cow boy y a une place privilégiée (comme le pirate ou la pin up).
Enfin bon. Cowboy. Gardien de vaches. C’est limite péjoratif.
Les momes de maintenant en majorité n’ont jamais vu ni lu un western ;o(
Un bon article sur Eastwood :
”CRÉPUSCULE D’UN GENRE : CLINT EASTWOOD ET LE WESTERN”
http://lartdaimer.free.fr/num/6/eastwood.htm
Quand je pense que certaines personnes avec qui je bosse n’ont jamais entendu parler de Clint Eastwood …
Par contre, tu peux leur parler de Jean Dujardin ou de Michael Youn pendant des heures … Ça me fait peur
@Doc Mars : merci Doc (encore un truc à lire, rhaaaa). Les westerns passent pas mal à la télé, notamment les spaghettis sur M6 ou la TNT. Mon fiston en a vu un paquet. Je ne désespère donc pas :-)
@Totoche : j’en reste un peu baba. Surtout que j’imagine que des gens comme Dujardin ou Youn pourraient en parler pendant des heures :-). Mais c’est peut-être en effet un problème de génération.
Bon, du coup je retombe sur ce billet.
Angela est un album décevant. L’histoire ne casse pas des barres.
Le découpage est excellent.
Autant éviter la version en noir et blanc,
la résolution pixellisée n’est pas à la hauteur d’un bon clichage au banc de repro (ou d’une numérisation suffisament haute).
Bon comme je vais me séparer de cet album pour en tirer quelques sous, j’me dire une balle dans le pied !
@kris : il va falloir quand même que je le lise celui-là…