Au programme de Dargaud, poésie portugaise et éclairs dans la gueule

intranquille monsieur pessoa barral couv
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Le travail de Nicolas Barral, je l’ai évidem­ment décou­vert lorsque j’ai commen­cé à travailler chez Delcourt. Il dessi­nait une très ambitieuse série consa­crée à l’aviation rétro. Comme les zavions, ce n’est pas trop mon truc, je n’ai pas trop regar­dé, mais j’ai salué le travail (parce que dessi­ner les avions à l’époque, c’était plus compli­qué qu’avec les modèles 3D d’aujourd’hui).

L’intranquille Monsieur Pessoa

Ensuite, il est passé à la parodie avec du Sherlock Holmes, puis du Blake et Morti­mer avec Pierre Veys. J’étais un peu agacé par leur Sherlock présen­té comme un abruti, et, plus grave à mes yeux, le trait très clair de Barral ne permet­tait pas les ambiances gothiques/​fantastiques des histoires origi­nales. Donc pas vraiment lu.

Je vois qu’il a aussi dessi­né du Nestor Burma, façon Tardi. Un peu dommage cette contrainte qui ne permet évidem­ment pas de dévelop­per son propre trait dans un univers qui se prête à de multiples inter­pré­ta­tions visuelles à mon avis (pas le choix, j’imagine). Et puis j’ai croisé en librai­rie ce surpre­nant L’intran­quille monsieur Pessoa. Je ne connais rien du poète portu­gais ou de son œuvre et je n’étais pas sûr d’apprécier l’album… que j’ai offert à une personne plus ouverte d’esprit que moi. Ne restait plus qu’à l’emprunter.

Poésie du décor

Le grand poète Pessoa va mal et un journal décide de prépa­rer sa chronique funéraire. Un jeune écrivain s’y colle et découvre la curieuse person­na­li­té du poète, petit gratte-papier dans le civil, dont la vie entière est dédiée à son œuvre… et celle des alter egos qu’il s’est créé.

Évidem­ment, ce n’est pas facile de racon­ter un person­nage dont la vie entière est dans son écriture, mais Barral trouve de nombreuses solutions pour dynami­ser le récit. À travers le petit journa­liste, on parcourt le passé de Pessoa, ses fêlures, et Pessoa lui-même mène un combat contre ses alters litté­raires, combat qui apporte une touche histoire policière. Graphi­que­ment, ça m’a un peu fait penser au travail de Giardi­no et même Dodier pour son Jérôme K. Jérôme Bloche : un travail réaliste avec des person­nages, parfai­te­ment rendus dans leur visage et leurs attitudes, et un rendu du décor urbain lisboète très soigné sans être démons­tra­tif. Les couleurs, dans une palette réduite dans les marrons, apportent une atmosphère de fin du monde un peu cotonneuse.

Au final, un beau travail et une lecture très agréable. Mais, rien à faire, ce n’est pas tout à fait un album pour moi.

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Foudroyants (Burniat & Kerascoët – Charivari)

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Bref, voilà Chari­va­ri qui débute en fanfare avec Burniat au scéna­rio et les Keras­coët au dessin, excusez-moi du peu. Évidem­ment, je me suis préci­pi­té avec empres­se­ment sur cette Armée de Neptune, volume 1 d’une série nommée Foudroyants. J’avais beaucoup aimé les précé­dents ouvrages de Burniat (surtout au dessin, voir les précé­dents billets) et je rappelle que je suis membre 3°classe du fan club des Keras­coët. Mais, méééééh…

Les doigts dans la prise

Dans un lointain futur, les Atlantes sont coincés sur leur île, leur source d’énergie s’est tarie et on ne sait plus faire fonction­ner les machines des ancêtres. Le frêle Icare voudrait bien voir le vaste monde, mais, pour le moment, il s’occupe des moutons de sa mamie et rêve de la jolie Kalio. Voilà qu’il se découvre un étrange pouvoir, ce qui attire de terri­fiants person­nages sur l’île.

Alors, oui, ça a un côté manga. L’univers est même légère­ment miyaza­quesque avec une grand-mère impayable, des cieux bleus, des statues inertes et des moutons Shaun (ah non, pas Shaun). Malheu­reu­se­ment, ça commence en piquant les yeux. Au point que je me suis deman­dé si les Keras­coët avaient ouvert un studio.
Dessin un peu bancal avec des person­nages pas bien posés dans leur case, une ou deux perspec­tives aux fraises et des couleurs, signées Louise Flatz qui ne sont pas terribles au début. Heureu­se­ment, l’ensemble s’améliore rapide­ment et on peut profi­ter de l’histoire. Les person­nages fonctionnent bien (sauf peut-être Kalio qui est un peu décalée par sa joliesse), l’univers est sympa­thique sans être révolu­tion­naire et on se demande ce qui va arriver à nos héros. Globa­le­ment, c’est donc une semi-décep­tion, je me suis fait tout un cinéma de cette colla­bo­ra­tion, certai­ne­ment un peu trop. On remar­que­ra que les Keras­coët semblent désor­mais se consa­crer à la BD jeunesse au vu de leurs derniers albums – ce sont eux qui dessinent le tome 3 de Au chant des grenouilles dont je parle ici.

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