Aurore, petite esquimaude, est morte et seul Vokko, le grand loup noir, peut la voir et lui parler. Et elle cause, la bête. Elle explique à Aurore que sa tribu s’est détournéee de ses dieux pour cause de disette prolongée et qu’Aurore elle-même est victime d’une étrange rivière d’or qui l’a engloutie. Pour sauver sa culture, il lui faut maintenant inventer une chanson qui célèbre les Hommes, tout en suivant ses parents effondrés partis à la source de la rivière en espérant sauver leur fille.
Métamorphose est probablement la seule collection du moment dont chaque album m’intrigue suffisamment pour que je passe à la caisse. Et comme ont pu le remarquer mes fidèles visiteurs, c’est aussi l’occasion de ronchonner. Parce que si la collection est d’une rare ambition en ce qui concerne le graphisme, les auteurs n’ont toujours pas réussi à me convaincre au niveau histoire. Et c’est encore malheureusement le cas ici.
Enrique Fernandez a déjà réalisé de nombreux albums dont une adaptation du Magicien d’Oz. Son travail est très soigné mais je n’avais pas accroché aux précédents albums. Ici, les couleurs directes (du moins je le suppose) font merveille et le dessin dépasse le ”soigné” pour atteindre une dimension plus jetée, plus caricaturale très vivante. L’histoire en elle-même est un conte à la Miyazaki qui parle du rapport de l’Humanité à la Nature, ici emplie d’esprits cocasses ou effrayants. Mais, à mon sens, il manque une vraie profondeur, une réflexion qui transfigurerait le côté mignon du dessin. Quelques réflexions en vrac : pourquoi la petite Aurore a‑t-elle de grands yeux bleux et les cheveux rouges alors qu’elle vient d’une famille esquimau ? Problème génétique ? Symbolisme voulu (le bleu du ciel et le rouge de l’aurore…). Ou c’est juste que ça fait joli ? Que signifie cette rivière d’or ? Symbole de modernité/argent vain qui engloutit les enfants et les laisse morts ou débiles ? Je n’arrive pas à savoir si Fernandez a choisi ces séquences avec une vraie réflexion ou juste pour s’amuser : une scène montre les Dieux de la tribu qui refusent d’intervenir, pleutres nombrilistes occupés à des occupations vaines (ils font des trous dans la couche de nuages) et interloqués devant une faille dans leur univers. Sauf que la faille n’est jamais explicitée (trou de la couche d’ozone ?). Le comble étant cette chanson que doit inventer Aurore. On ignore totalement d’où sort cette obligation (la tribu ne chante pas) et, si on sait qu’elle y arrivera (elle passe son temps à ronchonner à son sujet), on ne la verra pas chanter. C’est comme une quête sans consistance réelle, juste un truc pour faire avancer le personnage. Bref, je suis complètement paumé sur les intentions réelles de l’auteur. Visiblement, c’est une ode au courage de l’Humanité (Aurore a tout oublié en mourant et redécouvre les hommes) mais comme c’est Aurore et ses problèmes de chanson qui sont mis en avant, il est difficile de se concentrer sur les parents qui sont pourtant l’élément réellement important de l’histoire. C’est peut-être moi qui n’ai strictement rien compris – encore une fois, malheureusement. Il y a trop de Disney et pas assez de Miyazaki là-dedans. Reste le dessin, plein d’idées magnifiques et qui mérite le détour.
j’avais bien aimé l’adaptation du magicien d’oz que je lisais à mes filles (en faisant les voix)
Il y a de chouettes graphismes sur le blog de l’auteur.
Pour autant, attiré par la couverture d’aurore je ne sais pas si je trouverai mon compte dans ce style de dessin plus lâché.
j’ai déjà fit pas mal d’erreurs avec l’achat de B.ds de Carlos Nine qui n’arrivent pas à me rassasier le regard alors que certaines de ses illustrations, oui
@kris : ben la BD ce n’est pas de l’illustration. Pour que ça fonctionne bien il faut un équilibre… Personnellement, je préfère ce dessin pour Aurore.
Les cheveux rouges, c’est pas pour faire un parallèle avec le petit chaperon rouge ?
(je n’ai pas lu le livre donc j’ignore si le parallèle va plus loin qu’une petite fille en rouge qui rencontre un loup…)
@jérôme : peut-être mais bon, là ce n’est pas l’histoire du Petit Chaperon Rouge (il y a quand même une grand-mère). Ah, ce n’est pas idiot finalement même si ça je n’en ressent pas trop l’intérêt (les histoires sont vraiment très éloignées).
@ li-an : Entièrement d’accord que la B.D n’est pas de l’illustration.
C’est pour cette raison que j’aime peu de B.D en couleurs directes (sans encrage noir à la papa.
Peu de bédétistes en couleurs directes trouvent un compromis visant à la lisibilité.
(Bon Nine, c’est spécial, il a plusieurs styles même en illustration)
Au vu des extraits j’aime bien ce nouveau style d’Enriqué Fernandez ; j’hésite à me précipiter de suite dessus pour l’acheter.
Souvent je vois les meilleures feuilles en extraitet après je suis déçu.
Pour la couleur du personnage : un hommage au Manoir des murmures ?
http://enriquefernandez0.blogspot.com/2007/11/le-manoir-des-murmures-pin-up_17.html
@kris : je ne pense pas quand même… Nine, c’est vraiment spécial. Bon, pour cet album, j’ai dit ce que j’en pensais, vous n’avez plus qu’à feuilleter ça en librairie :-)
Les harmonies en rouge et vert rappellent aussi la collection Pinart de masques d’Alaska…
@jérôme : oula, ça devient très pointu, là. Les couleurs en question n’interviennent que pour le personnage d’Aurore, d’où mon incompréhension.
comme j’ai vu sur la planche qu’elle porte une sorte de masque qui rappelle par ses couleurs certains masques d’alaska ( http://www.pixelcreation.fr/fileadmin/img/sas_image/galerie/illustration/Matisse_Esquimaux/12%20Matisse_Esquimaux_masque.jpg , http://ecx.images-amazon.com/images/I/51GP01C5SML._SL500_AA300_.jpg ), et que cette harmonie se retrouve sur la couverture avec le loup vert, je croyais que c’était une sorte de métaphore filée… Tant pis, le mystère reste entier.
@jérôme : non, ce n’est pas Aurore qui porte le masque mais une espèce de démon.
je parlais du truc qu’elle a autour du cou. Bref. (le masque du démon, avec les plumes, fait un peu masque d’alaska aussi)
ohhhh, d’accord.