Vive la marée ! (Prudhomme & Rabaté – Futuropolis)
Prudhomme et Rabaté sont deux auteurs que je classerai volontiers dans les très bons… sans avoir acheté leurs albums (je chipote un peu). La faute probablement à un type d’histoire, d’univers qui ne me touchent pas particulièrement – du moins en BD parce que je suis beaucoup plus curieux en cinéma.
Mais la tendance éditoriale BD se déplaçant implacablement vers des genres qui ne m’excitent guère, mon curseur d’achat se déplace lui aussi et ça faisait longtemps que j’avais envie de m’offrir du Prudhomme qui semble toujours en recherche graphique.
Vive la marée ! suit une espèce de longue journée à la plage avec les embouteillages de départ, l’arrivée et l’installation, puis la plage elle-même avant que le soleil ne se couche sur un départ. Le lecteur va croiser une foultitude de personnages et de situations classiques de vacances à la mer – restaurant, concours de sculpture de sable, pêche aux coquillages, volley, maillots de bain, diversité de physionomies… sans que les auteurs ne s’arrêtent vraiment sur une personne. C’est la richesse – plein de petites idées visuelles originales ou bien vues – et aussi la limite de l’exercice. Les auteurs se faufilent entre les draps de bain mais ont fait le choix de ne pas se poser. Les vacanciers sont donc plus des figures que des personnages et on ne ressent que peu d’empathie – le syndrôme Tati si on en croit les références.
Ça aurait pu donner un album un peu vain mais le graphisme, la mise en page et les couleurs magnifient ces petites anecdotes et je ne peux que saluer la performance visuelle.
Pour la sensation du temps immobile associé à la fuite irrémédiable des souvenirs d’enfance propre aux vacances au soleil, il vaut mieux se rabattre sur la cliché mais ô combien émouvante Vacances au bord de la mer de Michel Jonasz.
La planche présentée comme exemple est bien cool… une façon de faire gentiment sourire des ”limites de l’exercice”?
Visuellement, c’est super. J’ai cru comprendre – mais il faudrait confirmation – que Rabaté a fait le découpage et ses cadrages sont toujours superbes.