En dehors du copinage évident, je dois dire que j’ai pris un plaisir extrème à la lecture de cet album coscénarisé par Appollo et Trondheim. Evoquant la piraterie sur un mode mineur (le personnage principal arrive sur l’île Bourbon pour assister à la pendaison de La Buse, le dernier capitaine pirate d’importance), Appollo continue à travailler sur la thématique du changement de société, évoquant ici le passage d’un Eden rêvé (l’hypothétique République pirate de Libertalia) à une réalité sociale et économique (l’esclavage comme moteur dynamique de construction). Les pirates abandonnent leurs rêves et les héros courrent après des chimères. Le format (288 pages) permet des digressions, des portraits rapides de quelques grandes gueules, encourage Trondheim à des planches contemplatives et forme un tout très cohérent (la vision d’un monde en devenir par petites touches). Il est très difficile de deviner qui a écrit quoi mais, contrairement à ce crétin de journaliste de Télérama qui donne tout le mérite à Trondheim (j’espère qu’il va faire une recherche Google ”crétin+journaliste+Télérama”), j’aurai tendance à mettre en avant les apports d’Appollo sur le projet (il faudrait un décryptage précis des auteurs pour savoir qui a apporté quoi). Probablement un des albums les plus ambitieux de ces derniers temps. Maintenant, Appollo ferait bien de s’attaquer à un autre de ses mythes favoris : la société esclavagiste des Etats-Unis considérée comme un Eden perdu.
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excellent article, j’en prépare un pour bientôt…
Éh oui, je n’en suis pas peu fier…