Troisième roman graphique pour la Britannique Posy Simmonds, une vraie exception aussi bien dans l’univers BD outre-manche que du point de vue éditorial puisqu’elle mélange avec beaucoup de réussite planches de BD, illustrations et textes.
Cassandra Darke gère d’une main de fer la galerie d’art de son ex-mari, avec un mépris total pour ses clients et l’ensemble des personnes qu’elle fréquente en général. Au point de vendre des faux à de riches collectionneurs. Une erreur incompréhensible et suicidaire que Cassandra refuse d’analyser. Il faut dire que cette grosse dame proche de la retraite ne veut rendre de compte à personne.
La découverte d’un pistolet dans la chambre du sous-sol va perturber sa dégringolade tranquille. L’arme ne peut provenir que de sa belle-fille Nikki, une apprentie-artiste qui a arrêté la peinture pour du happening féministe et autres concepts qui paraissent bien fumeux à Cassandra.
Simmonds peint ici le portrait de deux femmes : l’une riche et solitaire qui approche de la fin de sa vie active et l’autre, jeune qui se cherche maladroitement. Deux femmes au parcours très différent (Cassandra a construit sa vie sur son travail, Nikki est une fille à papa qui flotte sans repère et sans argent). Deux portraits très sombres pour deux personnages prisonnières de leurs vies où les hommes sont quasi absents. Ou plutôt menaçants.
Du point de vue de l’écriture, c’est impressionnant. Simmonds décrit avec beaucoup de finesse et précision la vie intime de ses héroïnes, ce n’est jamais artificiel ou forcé.
D’un point de vue graphique, c’est assez contrasté. Si le début est de la qualité habituelle, à la moitié de l’album apparaissent des effets de montage avec des agrandissements d’images, des couleurs et des dessins moins inspirés et on finit par se concentrer sur le texte pléthorique pour aller vers une fin qui manque un poil de surprise Mais que ça ne vous refroidisse pas, des albums avec une telle qualité d’écriture, je n’ai pas l’occasion d’en lire tous les jours. Mais peut-être que je ne lis pas les bonnes BD.
J’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé Tamara Drewe et Gemma Bovary bien que pas du tout tenté au début (des pavés de texte dans une BD, beurk ! et puis le milieu social priviliégié des protagonistes ne m’intéresse vraiment pas).
Mais la magie n’a pas vraiment opéré pour moi avec Cassandra Darke, peut-être stupidement parce qu’elle est vieille et moche alors que les deux héroïnes précédentes étaient jeunes et séduisantes ?
Ah, si vous préférez les vieilles et moches, c’est votre goût, je ne m’en vais pas le critiquer. C’est vrai que le point de vue de Cassandra est très différent des albums précédents.