Il est rare que je chronique les différents volumes d’une même série sur ce blog mais les Contes de la Pieuvre, le Grand Œuvre de Gess, est franchement hors norme. Célestin et le Cœur de Vendrezanne est probablement le tome le plus abouti – alors que Le destin du Trouveur, le tome 2, était déjà nominé à Angoulême.
Célestin est serveur à l’auberge de la Pieuvre, un gars sympathique avec la clientèle, débrouillard… et qui semble là depuis une éternité. C’est que Célestin est un Discerneur, il est capable de voir la véritable apparence des gens et leur désir. Un don qu’il cache soigneusement au reste du monde et surtout à la Bande de la Pieuvre, syndicat du crime à la violence sans pitié. La gentillesse naturelle de Célestin va malheureusement l’embarquer dans une aventure fantastique d’où il a peu de chance de s’en tirer vivant.
Alors c’est encore mieux que les précédents parce que le dessin est plus spectaculaire (j’adore la scène du pont), les couleurs plus conceptuelles, la géographie de Paris plus présente et, surtout, on découvre la Pieuvre de l’intérieur, son histoire, ses peurs, ses malédictions, ce qui rend encore plus impressionnant le courage de ceux qui l’affrontent. Évidemment, l’héritage comics est toujours au cœur du projet – il ne faut pas espérer une description de la société de la Belle Époque, le récit se focalise sur une certaine idée des bas fonds pour en extraire un poison vénéneux et fantastique. En discutant avec Gess, j’ai découvert qu’il y avait un travail de références souterraines qui m’ont complètement échappées (ce qui m’a un peu vexé) et il faudra que je creuse ça.
Des références à quoi ? Historiques ou fictionnelles ?
Mythologiques. Il faudra que j’en cause plus avec Gess parce que ça n’a rien d’évident.