Mes chers lecteurs doivent se demander ce que je fais à part dire du mal de mes collègues sur le Web. Éh bien, il se trouve que je continue à faire de la BD mais pas tout à fait ce que j’ai choisi. En fait, on me choisit…
La BD pour les Nuls
Vous avez peut-être remarqué dans les rayons des libraires une profusion de titres qui vous racontent la vie des célébrités ou les faits historiques marquants — cela dépend d’ailleurs de votre orientation politique, il y en a pour tous les goûts. Vous pensez peut-être que les auteurs sont en panne d’inspiration mais, en fait, scénaristes et éditeurs se sont ligués pour vendre des concepts médiatiques qui ont l’avantage de plaire à la presse et de toucher immédiatement un public qui se sent concerné. Bon, c’est aussi une évolution du lectorat, inutile de se voiler la face. Dans ces conditions, difficile de convaincre les éditeurs de signer une série (les éditeurs ne font plus de série sauf commerciale ou jeunesse) ou un projet un peu perso qui ne soit pas dans les clous.
Mes projets étant retoqués les uns après les autres, je me suis retrouvé comme la cigale à me les peler. Que faire ? Abandonner la BD ou persévérer en faisant des trucs plus ou moins alimentaires en espérant des jours meilleurs ? Un choix compliqué.
Bon, vous l’avez deviné, j’ai choisi de rêver à des jours meilleurs et j’ai accepté ce que l’on me proposait .J’ai commencé à travailler sur une biographie de Mishima (scénario Patrick Weber) mais ça traîne en longueur (pas assez vite dessiné vu la taille du projet) et, pour ne pas mourir totalement d’inanition, j’ai sauté sur une proposition de Bayard.
Laissez venir à moi les petits enfants
En revenant d’un St Malo, j’ai découvert un mail qui disait « Salut, je suis éditeur chez Bayard, est-ce que l’on peut se voir sur St Malo pour parler d’un projet que je voudrais vous soumettre ? ». Après un moment d’angoisse (pourquoi je ne relève pas mes mails quand je pars en week end ?), j’ai rappelé. Le projet, c’était une vie du Christ en bandes dessinées pour la jeunesse. J’ai dit oui tout de suite, ce qui a un peu surpris mon éditeur.
C’est que le religieux, c’est à prendre avec des pincettes de nos jours. Plusieurs dessinateurs contactés ont préféré décliner. Moi, ça m’a tout de suite intéressé et pour de multiples raisons.
J’ai eu une éducation catholique très classique avec tous les sacrements et tout et tout. Ça m’a ensuite donné envie de lire des bouquins ”alternatifs” sur la vie de Jésus une fois adolescent et adulte. J’ai donc une culture de la chose indépendamment des heures de messe à regarder les vitraux. En plus, j’ai en grande partie découvert la bande dessinée dans les revues catholiques Bayard et Cœurs Vaillants de mon père et oncles (Tintin était publié en France dans le second) pleines de chouettes BD et notamment une vie du Christ signée Loÿs Pétillot sur un scénario d’André Sève qui m’avait beaucoup plu à l’époque (ça a été réédité par les éditions du Triomphe avec des couleurs dégueulasses du studio Léonardo). Me confronter à des scènes traitées un zillion de fois dans la peinture occidentale était un challenge excitant pour un bouffeur d’images comme moi. Est-ce que j’allais ridiculiser Michel Ange, Léonard de Vinci ou Georges de la Tour ? En tous les cas, j’ai fait de mon mieux dans les délais qui m’étaient impartis. Bénédicte Jeancourt-Galignani a écrit le scénario, Laurence Croix signe les couleurs et Anne Bideault a fait le suivi éditorial (elle mérite d’être citée vu le boulot qu’elle a abattu).
J’aurais été un peu embarrassé de croiser Franquin après un tel album mais je suis content d’avoir tenté l’aventure.
Allez, je vous mets des crayonnés ici, vous trouverez les pages couleurs sur la page dédiée https://www.li-an.fr/jesus-bd-bayard-jeunesse/.
La bonne nouvelle !
À travers le monde – bon, c’est dimanche, j’ai le droit.
C’est étonnant je trouve que dans les crayonnés/roughs il y a un côté ”Les olives noires”.
Ah oui, c’est étonnant parce que je n’ai pas le talent de M. Guibert. Du coup, je regrette de ne pas avoir pensé à regarder cette BD avant d’attaquer la mienne.
Demande moi la prochaine fois avant de commencer quoi que ce soit. :)
Hum je commence un projet dont je ne peux pas parle pour le moment, tu me conseilles quoi ?
Bien négocier tes tarifs.
Franck Biancarelli Ah, c’est donc cela que j’oublie à chaque fois.
Hosanna ! (je vais chercher dans chaque case , voir si tu nous aurais pas quand même planqué un major ou deux quelque part…)
En fait, j’ai bien pensé à planquer des trucs mais il y avait tellement de vérifications sur les planches que j’ai fini par zapper. Je rappelle que Moebius a dessiné le Christ https://eoleblog.com/2012/03/12/la-rencontre-par-le-sacre-par-jean-luc-coudray/.
J’espère que ça finit bien et qu’il s’en sort à la fin… :)
Hélas non * spoil * à la fin il meurt
Olivier Appollodorus mais après il revit (comme Jon Snow)
Au moins, je savais ce que racontait l’histoire, je n’ai pas eu de mauvaise surprise. Mais il y a des épisodes qui ont été sucrés.
L’histoire de la multiplication des pains ? Ça a fait des pains au sucre ?
Le moment où, un peu saoul, il raconte à son meilleur ami que Dieu, il n’y croit pas trop, que c’est un truc so Avant JC…
Les Noces de Cana : il y avait du sucre ajouté dans les amphores ?
Les noces de Cana c’était avant qu’il signe à l’OM ?
Purée, et tout ça s’affiche automatiquement sur mon blog en même temps. Alors je le dis parce que vous n’allez pas acheter l’album pour vérifier : la marche sur l’eau et la résurrection de Lazare (je l’espérais pourtant celle-la).
”Lazare se meurt” (Cambronne)
Jean-Michel Meyer Dit Li-An Une occasion rêvée de grappiller le lectorat de walking dead, pourtant.
Lazare du Nord. (et non Lazare Saint-Lazare)
Ah bah, tu as fait une histoire de super héros finalement ! Hi, hi …:)
Je ne sais pas si ça compte, il n’a pas la cape.
Pas faux… mais il a un super slip !
Je ne l’ai pas dessiné en slip – je me rends compte que ce slip fait partie de sa panoplie ”habituelle” mais je n’avais jamais fait attention avant qu’on m’en parle.
Il en a même dix de slip, ses dix slip.
Jacques Terpant :D
Euh, je…euh. Jacques Terpant ?
Oui… euh… tu ne t’es pas un peu…hum… fait ch..r?! Pour parler crûment. Pardon !
Un artiste qui doit donner sa vision des scènes les plus icôniques de l’Humanité ne peut pas s’ennuyer.
La Bible est partout ma bonne dame:Barabbas,la prisonnière du désert,le fils de Ryan..Et pourquoi pas?Coincé entre un Gustave Doré,Gianni de Luca ou Gloesner (j’oubliais:Crumb),ça ne rougira pas.Pages lumineuses,oui,un faux air d’ ”Olives noires”.C’est une matière première formidable,suscitant quelques scénes et images fortes.Le ton n’est pas bêtifiant.Une noirceur est suggérée.
Je suppose que ‑armée-scoutisme-religion-Franquin redoutait surtout,à raison,l’embrigadement…
Et puis,si tu croises Goossens,vous pourrez échanger des idées sur la question…
Goossens, il a fait ce qui lui passait par la tête, je ne peux guère me comparer. Le ton ici est plutôt catho de gauche à la Bayard.