Cette semaine, il fait trop froid, je n’ai pas le courage de taper sur le clavier avec mes petits doigts gourds…
Bon, on va quand même parler d’une nouveauté et d’un album plus ancien qui ont tous les deux la particularité de recycler des cases, genre le dessinateur est une fainéasse. Mais, contrairement à l’exemple fameux de Lucky Luke, les copiés/collés de ces albums sont parfaitement justifiés voire jouissifs.
Bastien Vivès m’agace un peu – tellement il est jeune, beau et intelligent – mais on ne peut pas lui reprocher d’explorer avec entrain les possibilités de la BD. Alors que j’ai fait l’impasse sur Polina – mais je pense corriger cet oubli – et que j’hésite beaucoup sur Les Melons de la colère, je n’ai pas hésité à acquérir Le jeu vidéo, un petit bouquin noir et blanc format manga chez Shampooing. Il faut dire que le jeu vidéo est très mal traité dans la BD. Alors que c’est un loisir pratiqué par plus de 80% des jeunes adultes mâles dans nos sociétés, on a juste droit au rigolo mais limité Kid Paddle ou des déconnades moyennes genre parodie de vidéo parodiant un célèbre MMO. Vivès s’attaque au problème de son point de vue : un jeune homme qui a passé trop de temps de son enfance sur les consoles – notamment sur Street Fighter. Il met en scène ici des joueurs de tout âge, assis, immobiles la plupart du temps, dans leur milieu naturel. Les histoires vont du vécu (faire jouer sa copine pas branchée jeux vidéos) au gros délire (un joueur rencontre le Président de Familles de France ou deux copines girondes bidouillant une manette). Le langage utilisé est très geek et nécessite parfois d’avoir un ado sous la main pour d’éventuelles explications mais en fait les gags sont compréhensibles : l’incompréhension éventuelle par rapport au langage utilisé fait partie du jeu et souligne le comportement grégaire voire initié de beaucoup de joueurs. Comme les personnages sont fixes, Vivés recopie les cases et se contente de changer les dialogues. Il n’y a aucun problème de compréhension et quelque fois, on est persuadé que les personnages bougent leur pouce (très mis à contribution sur les manettes). C’est un portrait plutôt juste des joueurs et qui dépasse la caricature… Moi, ça m’a fait beaucoup rire.
Sorti en 2007, Longueurs et retranchements de Mahler joue sur les mêmes codes graphiques en dupliquant des cases sur tout un album. Un personnage amène son manuscrit (sa BD ?) à son éditeur et discute vaguement sur le fait de rajouter des longueurs dans l’ouvrage ou de faire des coupes. C’est un album purement conceptuel qui met en pratique exactement ce dont parlent les protagonistes : rajouter des longueurs ou faire des retranchements dans la BD. C’est fascinant pour ceux qui goûtent à ce genre d’exercice et j’avoue avoir apprécié le jeu. D’autres hurleront au foutage de gueule, ce qui est un peu le cas aussi, sinon ce ne serait pas drôle :-)
Fascinant Mahler,oui!(ça fait plaisir de le voir dans le blog de Li An!)Je ne me lasse pas de cet ”exercice”;le cerveau rit tout seul!(Mazan a fait ça trés bien aussi;plein d’autres)
Mazan a fait ça ? Où ça ?
Quand Vivés fait ça sur son blog, ça me fait penser à du Ruppert et Mulot.
@Eric Tao : en fait, j’évite les blogs qui vont être publiés en BD :-)
C’est pas une sélection thématique de son blog ça ? Ceci dit je trouve que ce principe de répétition un peu lassant marche mieux en page continue qu’il faut descendre (blog) qu’en pages qu’il faut tourner (livre).
@Eric Tao : je ne fréquente pas le blog mais il semblerait que oui.
@Li-An :
justement, ils vont travailler ensemble sur une bd normalement .
Vives en parle un peu à la fin de cette émission : http://www.franceculture.fr/emission-un-autre-jour-est-possible-une-histoire-de-l-amour-bd-le-jeu-video-2012 – 01-20
@kaze : ah ben ça va mériter le détour.
Mazan pratiquait le nain de jardin…Il y a bien 15 ans…Où ça?Mais partout…
@julien : ah oui, je me rappelle de cet album…
Oui, Mazan a utilisé cette façon de faire dans Les Nains de Jardin, une série de strips publiés format à l’italienne chez Le Cycliste en 1996. Mais Lewis Trondheim c’est aussi fait connaître avec ce genre de procédé à ses débuts (”Le Dormeur”, ”Psychanalyse”) et a réalisé avec Menu le fabuleux ”Moins d’un quart de seconde pour vivre” à l’Association : où J.C.Menu a dessiné huit cases dont Lewis a tiré quarante pages de strips !
@Thierry : je n’avais même pas fait gaffe qu’il avait utilisé la technique en question. C’est vrai que Trondheim l’utilisait à ses débuts… mais un peu parce qu’il ne savait pas dessiner :-)
Et puis, il y a eu aussi The Angriest Dog in the World, de David Lynch. :D
@Tororo : il n’y a plus qu’à faire une liste détaillée :-)
C nul ya pas 2 gro 5 ?
@Totoche : il y a un gag avec des gros seins. Mais c’est évidemment très artificiel puisque le milieu du jeu vidéo est pire que le milieu BD…
L’un des maîtres du copier/coller, pour moi, est bien Etienne Lécroart. Son album ”cercle vicieux” parue chez L’Association (Collection Mimolette) est l’exemple même du copier/coller. Il a fait un album de 30 pages avec seulement 15 planches d’uniques. A la lecture de cette histoire on a la sensation ”bizarre” de voir des images subliminales. Bizarre, mais j’ai déjà vu cette image, et cette image aussi. Avant de comprendre l’astuce utilisée par Etienne Lécroart.
Est-ce que l’on prend toujours le même plaisir de voir un tour de magie tout en connaissant ‘le truc” ? Juste re(lire) ”Cercle vicieux” et vous aurez peut-être votre réponse.
Amicalement
@ROBERT : ah ben là, c’est Robert :-) Je ne pense pas l’avoir vu, cet album de Lécroart.
Aussi dans la collection Mimolette de l’Association, les 2 albums ”Lock Groove Comix” de JC MENU.
A lire pour les fans, aficionados, amateur, passionné, connaisseur
curieux, collectionneur, gourmet,
gourmand,friand, mélomane de musique en tout genre.
@ROBERT : j’avais dit qu’il fallait faire une liste. J’ai dû le voir celui-là…
Jeune, oui, doué, aussi, intelligent, c’est vite dit. Il ne faut pas l’écouter parler, le Bastien…Un collègue m’a renvoyé sur une émission france culture, ou pour reprendre sa comparaison, il lui fait penser au mozart de Milos Forman…
@kris : ah, c’est pour cela que l’on se contente de la musique de Mozart (je me rappelle d’une déclaration qu’il aurait faite – mais avec les journalistes je me méfie – comme quoi la crise, c’était bon pour la BD).
Comme je ne l’ai pas encore croisé, je n’ai pas trop d’avis sur la question :-)