Bayou et Kster sont des collections qui continue leur petit bonhomme de chemin dans leurs formats ”romans graphiques en couleurs” avec souvent une vraie ambition graphique, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs. Aujourd’hui, deux albums au dessin qui mérite le détour mais, bon, j’avoue que j’ai moins accroché sur le scénario.
Colères de Mercier & Filippi (Kster)
J’ai guetté cet album pendant longtemps. Le dessin me faisait vraiment de l’oeil, roulant des hanches en manteau de zibeline, même si le côté ”polar à la papa” ne me disait pas plus que ça. Et puis j’ai croisé les auteurs lors d’une manifestation BD et je me suis décidé.
Comme pressenti, le dessin de Filippi, tout en rondeurs molles et déliées mérite vraiment le détour et rappelle Bofa. Ça donne un côté bondissant et souple vraiment chouette – on devrait dessiner Spirou comme ça, tiens.
Le scénario de Mercier lorgne du côté des films policiers français 50/60/70 (un mélange politique/affairiste/militaire déclassé) avec des dialogues très travaillés mais l’intrigue ne m’a pas emballé plus que ça. Peut-être parce que la période évoquée est trop floue (les voitures font plutôt années 50, l’histoire années 60 et les filles… années 2010 ?).
Les deux mêmes viennent de publier un second ouvrage en commun, Madie, toujours dans la même collection, plus dans l’air du temps dans son univers et dans son graphisme (qui rappelle un peu cette fois Dupuy-Berberian). Dommage – pour moi.
Heavy Metal de Loïc Sécheresse (Bayou)
Loïc Sécheresse, ça fait aussi longtemps que je regarde ses albums sans passer à la caisse. Il s’est souvenu de sa période orléanaise (j’ai découvert qu’il habitait Orléans une semaine avant qu’il n’en parte) pour narrer la rencontre entre Étienne de Vignolles – dit la Hire – avec la Pucelle – dit Jehanne. Une confrontation entre une grosse brute bas du front et une jeune femme exaltée bien moulée dans son armure. Le dessin, à la grosse plume qui tache, explose, gratte et cherche avant tout l’expression. Une espèce de mix entre Brétecher et Ralph Stead.
Malheureusement, j’ai moins accroché à l’histoire. Le côté parodique et délirant des personnages est excitant mais suivre les batailles d’un bas du front (et il y a beaucoup de planches de bagarre, un choix revendiqué par Sécheresse) donne l’impression de tourner un peu en rond. Tous les personnages semblent un peu couillons mais sans troisième ou quatrième degré, cf. F’Murrr
– et je regrette vaguement que Jehanne soit aussi sex, ça fausse un peu les rapports entre les deux persos. Comme c’est son premier scénario, on va croiser très fort nos petits doigts boudinés et attendre avec intérêt le prochain album.
Au final, deux albums de jeunes gens plein de promesses qui démontrent que je ne suis qu’un vieux ronchon pas fichu d’apprécier une histoire à sa juste valeur.
Cela dépasse les promesses pour L.Sécheresse!Superbe.Dans les deux cas présentés,trés enthousiasmant!Merci d’avoir plonger pour nous.
@julien : c’est sûr que le dessin de Sécheresse donne envie d’en voir plus.
Indy et Indé sont dans une bateau sur le Mississipi. Ils tombent à l’eau, qu’est-ce qu’il reste ?
Ba bayou… ba bayou… ba bayou yukulélé !
@Grospatapouf : quelle belle chanson…
Tiens, tu critiques les mêmes livres que Télérama, maintenant ?
@Totoche Tannenen : Télérama a chroniqué ces deux albums ?
@Totoche Tannenen : ça serait bien la première fois que Télérama soit capable de percevoir un dessin intéressant, ah ah.
Moi j’aime bien Brecht Evens.
@Totoche Tannenen : tu dis ça parce qu’il a fait la couv du dernier Télérama, pas vrai ?