La dernière fois, je confessais que je n’avais pas eu l’occasion d’apprécier un album BD signé Vince.
Et je déclarais que j’allais retenter l’expérience avec la série Donjon Antipodes +10000, la branche du futur de la fameuse licence fantasy signée Sfar & Trondheim, ressuscitée il y a peu telle une petite amie du collège que l’on avait oubliée – et c’était aussi bien comme ça.
Fan des année 80
En ce moment, j’erre dans les rayons de ma librairie BD sans grande excitation. Les sorties actuelles ne correspondant pas à mes attentes, j’ai fini par acheter plusieurs des derniers Donjon en espérant une bonne surprise mais je crois que je suis trop optimiste – voir plus bas. Parce que j’ai un peu la flemme de relire tous les tomes de la série et je m’y perds avec les personnages, les évènements et les références. Je n’arrive même pas à comprendre à quelle période l’action est censée se dérouler. Avec Donjon Antipodes +10000, on n’a pas ces problèmes. Faut dire que ça se passe dans un lointain futur alors les gars et les gonzesses des albums précédents, ils mangent les pissenlits par la racine. Place donc à Robert de Vaucanson, un canard rouge pas super futé et qui a le coup de poing facile. Alors qu’il garde un labo de son oncle, débarquent des truands montés sur robot qui viennent tout casser. Malgré le combat héroïque de Robert, tout est détruit. Et on l’accuse de complicité dans l’attaque. S’il part en prison, qui va s’occuper de son fils ?
Sur une accroche digne d’un blockbuster avec Bruce Willis en débardeur (Robert est en marcel lui aussi), voilà un début de série qui m’a donné la banane. Le scénario est simple, les nouveaux personnages sont caricaturaux à souhait (la sidekick de Robert est une ourse tueuse impitoyable, Jo Mimibat, qui adore le cul) et le dessin de Vince au diapason : efficace, joueur, souple mais acceptant les défis graphiques sans broncher. Du plaisir à l’état pur je vous dis. Le goût du 46 planches qui vous fait oublier vos soucis et dont vous guettez la suite avec impatience. D’ailleurs le tome 2 est sorti il y a peu et cette fois-ci, c’est Indiana Jones qui est cité explicitement.
En fait, il y a un problème avec cette nouvelle branche Donjon : elle ne ressemble pas à du Donjon. Et c’est ça qui est chouette. On dirait un Donald dans le futur ultra-violent et avec du cul possible (je dis possible parce que point de zob il n’y a). Et du Donald de cette qualité, j’en veux bien des kilos.
C’est dans les pots-pourris
Ce n’est pas tout à fait vrai. Ça ressemble à du Donjon dans la structure globale : un personnage pas adapté à l’univers où il évolue est épaulé par un gros costaud (ici Robert et Jo Mimibat). C’est un peu étrange cette redondance structurelle.
Restons prudents
J’ai quand même un peu peur de la suite. Le tome 2 est moins dense tant au niveau scénario que dessin – le pitch, c’est quand même une quête FexEx qui tourne mal. On a un nouveau personnage féminin mais qui semble de circonstance pour le moment. Je croise fort mes petits doigts boudinés pour la suite en tâchant d’oublier que globalement Donjon a du mal à tenir ses promesses chatoyantes, philosophie geek oblige.
Oh, non, pas du Donjon
Pendant ce temps, le Donjon fantasy poursuit son bonhomme de chemin et j’ai récupéré deux Monsters. On n’est pas à l’abri d’une bonne surprise.
Réveille-toi et meurs
Et franchement, qui ne serait pas un poil émoustillé par un Monster dessiné par David B ? Une armée de morts se lève pour lutter contre le Grand Khân (comme c’est Crépuscule et que j’y suis perdu, j’ai dû carrément aller lire la fiche Wikipédia – soupir) et, au milieu, les squelettes fort reconnaissables de deux personnages issus de Potron Minet. Il n’y a pas vraiment d’histoire, c’est construit du point de vue d’un des personnages en voix off et ça rappelle vaguement la structure du fameux Monster de Bézian (chronique ici). Mais en moins bien. David B fait le job (c’est une histoire pour lui avec quasiment que des combats à dessiner) mais il a fait mieux ailleurs. Globalement anecdotique.
La bière supérieure
Je l’ai pris au feuilletage celui-là. Le dessin de Bastien Quignon m’a attiré le regard. Bonnie Mallory, simple serveuse de la ville de lapins racistes de Zautamauxime, est engagée comme représentante itinérante de la bière locale Kirsch. Il faut dire qu’elle a une qualité rare pour une lapine : elle est capable de planter toute personne qui tente de lui causer du tort. La qualité de la Kirsch s’impose à tous les amateurs de bière et la concurrence commence à s’inquiéter et tente de mettre fin à ce parcours de winneuse assassine.
Bah, j’ai été déçu. Le personnage de Bonnie est rigolo trois secondes et puis on a compris le concept. Il n’y a aucune explication psychologique (voire magique) de la chose. Elle plante. Le scénario laisse des pages de grandes cases (voire de pleine page, je me rends compte que ça fait partie du cahier de charge de Donjon) à Bastien Quignon sans que ça apporte grand chose – j’ai même cru que c’était un moyen de gagner du temps sur l’histoire. Les personnages secondaires sont un peu transparents – il y a une gamine ambitieuse qui fait vraiment de la mauvaise figuration – et je me demande si le concept de Donjon ne devrait pas évoluer un peu plus : si au lieu de faire tourner les dessinateurs, il ne s’avèrerait pas plus judicieux d’inviter des scénaristes. Comme on dit à L’Équipe du Soir : une saine concurrence motive les joueurs.
Chat échaudé en reprend un litron
Je râle, je râle mais on annonce pour le mois prochain un Potron Minet avec Stéphane Oiry au dessin ! Il faut absolument que je regarde ça (je ne sais pas si le lire sera une bonne idée). D’ailleurs, je pense que je vais faire une page dédiée aux albums Donjon qui méritent vraiment le détour parce que là, on s’y perd un peu.
Honneur à toi, vaillant aventurier. Tu as échappé aux embûches de quatre donjons, tu as certes perdu 12 points d’endurance, mais tu as acquis 842 points d’expérience.
Je vais directement à la page 34, je relance le dé et je le perds sous l’armoire normande.
Ah ouais !
Une page sur les albums de la série Donjon qui valent le coup. Ce serait cool.
Merci de me motiver pour un travail d’Hercule qui va m’obliger à tout relire :-) Bon, il y a pire dans la vie.
Apparemment la résurrection du Donjon se passe mieux que celle de Métal Hurlant. Tant mieux !
Au moins, il y a une cohérence certaine et une suite logique… Mais comme ça s’essoufflait. Avec l’âge, c’est compliqué les courses de fond.
Une saga style Ralph Azham ‚dont je n’ai du lire que 2 ou 3 tomes..Pas facile d’accrocher le lecteur sur la distance. Mais c’est pas mal fait.
Ralph Azham est très bien pour le coup. Il me reste juste à lire le dernier tome :-)
”au lieu de faire tourner les dessinateurs, il ne s’avèrerait pas plus judicieux d’inviter des scénaristes” oh la vache !
Mais c’est bien sûr très bien vu, globalement vous mettez bien le doigt sur ce que j’ai ressenti à la lecture de ces albums sans savoir l’exprimer.
(et je confirme, c’est très bien Ralph Azam)
Le problème avec le concept de nouveaux scénaristes, c’est que ça a été tenté sur Infinity 8 et ça n’a pas vraiment pris.