Hubert est probablement le scénariste ayant publié le plus d’albums du temps de sa mort (qu’il repose en paix, où qu’il soit). Sans compter que Beauté ou Ogres sont à l’origine d’un genre qui marquera les années 2010/2020 : la fable médiévale au message très contemporain.
Fais chier cette épée de merde
Pour une raison qui m’échappe quelque peu, il semblerait que ce soit la seule voie pour les auteurs qui essaient de raconter une histoire un peu adulte tout en permettant au dessinateur de s’éclater en oubliant les docuBD et autres biographies qui font la joie des libraires et des médias. Ce n’est probablement pas aussi clivant que la SF, la fantasy ou l’horreur en réconciliant amateurs de BD traditionnelles et lectrice grand-mère de Télérama.
Furieuse semble rentrer confortablement dans ce modèle. Le roi Arthur a vaincu les démons issus d’une porte interdimensionnelle grâce à l’épée magique fournie par le magicien Merlin et bâti un royaume autrefois prospère. Mais, à l’image d’un roi devenu à moitié sénile voire fou, le pays part à vau l’eau. C’est ce que va découvrir Ysabelle, la seconde fille d’Arthur, qui s’enfuit pour échapper au mariage avec le baron de Cumbre. Comme sa sœur l’avait fait. La voilà donc partie sur les grands chemins avec juste l’épée de son père comme compagnie, une épée bavarde qui se révèle rapidement tendance psychopathe et qui la pousse vers la violence et la recherche du pouvoir.
Soyons honnête, je me suis jeté sur cet album parce qu’il y avait le nom de Mathieu Burniat sur la couverture. Et je n’ai pas été déçu de ce point de vue. Burniat crée des personnages marquants visuellement et touche au génie avec son roi bavant et geignard. Son baron et l’acolyte mutique resteront aussi dans les annales.
Le mystère du grimoire dans la cabane au fond du jardin
Le scénario m’a laissé un peu plus perplexe. Ça fonctionne plutôt bien, ça se lit bien, les personnages veules croisées par notre héroïne sont d’une noirceur efficace mais, et ça va être difficile à expliquer sans divulgâcher, la fin ne m’a pas convaincu. Disons que ce qui paraissait être une fable sombre finit en aventure façon manga avec une carte du royaume et des dessins hommages comme dans les albums pour jeunes. Et Geoffroy Monde triche quelque peu avec la vraisemblance :
- le mystère de l’épée qui ne reconnait pas
- le mystère du magicien qui oublie ses affaires dans le déménagement
- le mystère du magicien qui oublie ses pouvoirs
Enfin, si je ne suis pas contre des dialogues modernes pour faire la blague ou créer un décalage, j’ai eu un peu de mal à digérer l’expression orale de la princesse qui tient plus de l’influenceuse Instagram que de Diana. Est-ce que je me suis fait une fausse idée de l’ensemble ? Le fiston a trouvé ça super. Il semblerait donc que le plaisir de la lecture dépende en partie de votre âge.