Gros ours & petit lapin (Nylso – Misma)
Cela faisait longtemps que je n’avais pas acheté un album de Nylso – j’en étais resté un peu à son petit libraire Jérôme. Et l’actualité BD étant ce qu’elle est, la sortie de ce Gros ours & petit lapin m’a semblé comme un point d’eau dans le désert. Un point d’eau où s’épanouirait des arbres doucement balancés par le vent, aux feuilles bruissantes et aux ombres mouvantes. On y trouverait un gros ours pas très vif, vaguement agacé par un petit lapin qui se voudrait le Roi du Monde et qui ne règne que sur des escargots.
Il est tentant de parler de BD philosophique puisque Gros ours et petit lapin discutent en errant dans la nature mais leurs dialogues n’ont pas vocation à parler du monde et de la pensée, ce sont des échanges amicaux ou agacés où ils se rêvent autre chose et autrement. C’est que les deux bestiaux sont amis mais un peu amis par défaut, parce qu’il n’y a personne d’autre à aimer. Et leurs paroles n’est qu’une manière de briser le silence d’un paysage sans fin où le lecteur les voit se fondre dans les ombres hachurées, dernières résistance d’un discours englouti par une lumière tamisée.
Le dessin de Nylso a pris une espèce d’ampleur et suggère un vertige dans la représentation infatigable d’arbres et de rivières ou plutôt la suggestion des feuilles et des reflets dans l’eau. Ses personnages se perdent dans le décor, petites choses vivantes et un peu angoissées qui refusent de se diluer dans une sieste éternelle…
- Nylso est habitué des petites maisons d’édition : http://www.misma.fr/ et on peut les remercier d’avoir fait un très joli livre au niveau fabrication.
Mille binettes d’ours, j’avais raté les deux billets précédents sur Nylso : ce qui veut dire que je découvre son existence, car son nom ne fait pas souvent les gros titres du 20 heures. Heureusement qu’il y a des liens, sur le blog de Li-An (astucieux blog de Li-An!).
Tiens, je vais faire en sorte que ce soit encore plus facile à trouver. Le premier Nylso chroniqué est un de mes tous premiers billets visiblement…
J’aime bien ces images un peu vertigineuses, pleines de montées et de descentes avec les deux personnages qui font ”pop” par surprise ici et là entre un cornouiller et une aubépine.
Tu arrives à reconnaître les espèces ?
Oui, il y a un ours et un lapin.
Ahhh, c’est donc un ours…
Quand on se perd,errant,dans un dessin,une planche comme ici,on ne perd rien pour autant du récit,des volontés de l’auteur.
Mes souvenirs de Nylso:une histoire courte,la mer,où les cases finissaient par se perdre dans la page.
Et l’on sent qu’il faudra y revenir:pas anecdotiques ces bouts de contemplation.
Je me demande comment il va évoluer. Il y a des risques de se perdre dans la contemplation…
Pour le lecteur ;
le point de vue(l’ambition?)de l’auteur est sûrement ailleurs.
Il faudrait lire l’interview publiée dans DBD.
Tiens, un nouvel entretien avec l’auteur : https://www.comixtrip.fr/dossiers/nylso-gros-ours-et-petit-lapin-misma/
Merci, je vais lire ça avec intérêt.