Infinity 8 (Trondheim, Vatine & Bertail ‑ Rue de Sèvres)
Mise à jour du 13/02/2017 – voir en fin d’article.
Quand on me parle de SF en BD actuellement, j’ai tendance à faire la moue. Évidemment, de nombreuses séries SF existent mais les graphismes privilégiés très nets tendance post-comics-manga avec moultes effets ordi me laissent froid sans compter une tendance certaine à viser un public jeune post-Star Wars. On est loin du temps de Métal Hurlant où la SF était prétexte à expérimenter graphiquement.
Du coup, Infinity 8, le nouveau projet de Trondheim et Vatine m’a donné envie d’espérer. Vatine poursuit un projet courageux d’adaptation des romans de Wul chez Ankama ‑ pour le coup de la vraie SF ‑ et Trondheim semble vouloir remettre le plat de Donjon mais en science fiction.
Pour ce que j’ai cru comprendre Infinity 8 est un projet ”de scénariste”. Ce n’est pas un concept qui me plaît beaucoup puisque je préfère les auteurs complets mais bon. Trondheim va écrire l’histoire en collaboration avec différents scénaristes qui vont se succéder en partenariat et le dessin va être assumé par plusieurs artistes à tour de rôle ‑ Vatine en directeur artistique. La collection débute sous forme de comics et je viens de lire les deux premiers fascicules illustrés par Bertail. Elle passera ensuite au format album normal.
Une fille aux gros seins
Infinity 8 est un vaisseau de croisière en chemin pour Andromède. À son bord, 880 000 passagers dont une agent de la sécurité : Yoko Keren. Qui est bonnasse et à la recherche du bon ADN pour faire un bébé. Mais voilà que Infinity 8 est obligé de s’arrêter : devant lui, un énorme rassemblement d’artefacts plein de choses et gens morts. Keren doit enquêter. Et résister aux avances d’un Kornalien amoureux dont les congénères décident de flinguer le vaisseau pour garder pour eux les bons cadavres éparpillés partout (ils sont nécrophages).
On est clairement dans de la SF ”classique” à la grand-papa. Des extra-terrestres de toutes les formes qui parlent tous français et fonctionnent à un mélange pratique d’oxygène/carbone. Le début est fort sympathique avec un personnage principal féminin bien gaulé mais qui n’a pas froid aux yeux. Les dialogues sont rigolos et le dessin de Bertail qui flirte avec le mauvais goût fonctionne bien avec l’histoire.
La théorie sur les Nazis
Après, est-ce que ça va tenir la durée ? Déjà, le fascicule n°2 est un peu faiblard avec une couverture pas super sexy de Balez, une course poursuite qui se traîne un peu et le suspens est un peu mou (les Kornaliens vont-ils avoir le temps de détruire le vaisseau ? Tout le monde semble s’en tamponner un peu). Et puis les numéros à venir nous annoncent le retour de Hitler, ce qui n’est jamais bon signe d’un point de vue scénaristique ‑ ça et les zombies. Mais je veux y croire. Si ça continue, j’ai peut-être une chance de participer à l’aventure :-) J’aime bien le concept même si ça manque un poil de folie (le décorum des fascicules n’est pas aussi excitant que l’équipe assemblée pouvait laisser imaginer). Et la police de caractère informatique choisie est tellement minable qu’elle rend les numéros quasi illisibles au format comics.
Infinity vs. Anibal
Assez bizarrement, le projet m’a rappelé une autre série publié aux Humanoïdes Associés qui n’a tenu que deux épisodes signée Jodorowsky et Bess, les deux auteurs du Lama blanc. On y suivait les aventures du très musclé et machistes agent Anibal 5 (comme Infinity 8, oui) mandaté par l’Union Européenne pour lutter contre le Mal incarné par des femmes. Ça se voulait une parodie du personnage macho James Bond et c’était surtout un peu couillon et trop bavard pour une série d’action. Je n’ai jamais eu le courage de le chroniquer.
Les albums
Mise à jour du 13 février 2017 : les albums sont sortis et autant dire que les comics font figure d’arnaque pour amateur impatient. Ils sont mieux imprimés en plus grant format – assez logique me direz-vous – mais en plus les bonus sont bien plus intéressants (et on échappe aussi aux couvertures sans intérêt). On ne m’y reprendra plus.
Il y a une héroïne différente par sous-série, je suppose ?
Tu penses qu’il y aura des sous-séries ?
Je veux dire chaque histoire avec son dessinateur et son scénariste (une sous-série en fascicules, ou un album). De ce que j’ai compris, il y a 8 histoires : le vaisseau ”reboote” le temps à chaque fois et l’équipage est confronté à une nouvelle menace sortie de la nécropole à chaque fois, c’est ça ?
Oula, tu en sais plus que moi. En effet, le vaisseau a la capacité de rebooter dans le temps mais j’ignorais qu’il y aurait une conséquence aussi importante. Tu m’as tout spoilé :-)
Ah ben désolé c’est les auteurs qu’ont spoilé dans leurs interviews (parce que moi le bouquin je l’ai pas lu).
exemple : http://www.telerama.fr/livre/la-bedetheque-ideale-136-avec-infinity-8-trondheim-et-vatine-relancent-la-sf-a-la-francaise,149024.php
(mais bon c’était pour rebondir sur ta critique : si tu n’aimes pas les nazis de l’espace, y aura une autre menace dans une autre histoire – si je comprends bien)
On verra tout ça. Je vais continuer à acheter tant que ça me plaira.
Pas lu. T’as jeté un œil à Exo de Scoffoni et Frissen ? (je me doute que ça ne va pas être ”assez SF” pour toi mais bon je tente quand-même)
Même pas vu passer. Le dessin ne m’a pas pas excité, probablement.
Lu le 1 : Tu oublies de dire que c’est quand même du bon gros clin d’œil à lire au second degré !
Le lecteur qui feuillette aura vite compris.
Oui, c’est tout de même du Trondheim !
J’ai trouvé une autre critique intelligente de cette série
http://anniceris.blogspot.fr/2017/01/infinity‑8.html
Mais je préfère le Trondheim première manière (La Mouche)
Je ne suis pas vraiment convaincu par cette critique – surtout sur Ralph Azham où il passe à côté de l’essentiel. Comparer Infinity 8 à Sillage me paraît… euh, comment dire ça en restant poli ? C’est la critique d’une personne qui n’a qu’une vision BD de la SF. Je ne la qualifierais donc pas d’intelligente.
Pour ce qui est du travail de Trondheim, j’étais aussi un grand fan de la première période mais je prends maintenant en compte l’ensemble de sa carrière et je trouve Azham passionnante.
Ca me tombe des mains ; j’ai l’impression que c’est du Donjon sans fun et sans Sfar.
C’est moins fun mais ça ne part pas en couilles.
C’est pas que ça part en couilles, c’est qu’ils auraient dû finir la saga tant qu’ils étaient chauds. Tu te rappelles des Donjons Monsters ? Celui de Killoffer est sublime.
Mais je ne vous relance pas pour ça, mon commandant.
« Quand on me parle de SF en BD actuellement, j’ai tendance à faire la moue. (…) On est loin du temps de Métal Hurlant où la SF était prétexte à expérimenter graphiquement. »
Tu lis l’anglais ?
Tu aimes les BD de SF et les films de gladiateurs ?
Y’a quand même des trucs décents à se mettre sous les yeux :
https://jesuisunetombe.blogspot.fr/2015/12/nameless-grant-morrison-chris-burnham.html
https://jesuisunetombe.blogspot.fr/2015/10/sandman-overture-neil-gaiman-jh.html
https://jesuisunetombe.blogspot.fr/2015/10/federal-bureau-of-physics-vol‑1 – 2.html
https://jesuisunetombe.blogspot.fr/2014/03/rasl-jeff-smith-2008 – 2012.html
https://jesuisunetombe.blogspot.fr/2014/04/repost-shade-changing-man-peter.html
(bon d’accord c’est moins récent)
Et le Nowhere Men d’Eric Stephenson / Nate Bellegarde (chez Delcourt)
… allez, cyber-kenavo !
On m’a offert Sandman Overture et ça me tombe des mains. J’ai parlé de RASL ici, pas vraiment accroché – un peu lourdingue à mes yeux mais je redonnerai une chance si j’ai l’occasion. Changing Man, c’est une blague ? Je tiens à préserver mes yeux. Reste Nameless mais autant dire que le graphisme ne m’inspire pas.
Sandman Overture, ça se lit si on a lu les 12 tomes précédents.
Si tu es rebuté par le graphisme de Nameless , essaye Annihilator, de Grant Morrison et Frazer Irving. Récemment traduit chez Urban.
Changing Man, ça m’a aussi fait saigner des yeux, mais j’ai trouvé une version en braille.
On ne m’y reprendra plus à relire intégralement un article que j’ai déjà lu il y a deux mois.
En plus dans les bonus y’a un type qui se fait passer pour moi et qui colle des hyperliens partout vers des articles navrants.
Je me demande bien ce que foutent les modérateurs.
Je vais rajouter que c’est une mise à jour dans l’entrée de l’article.
Très bien.
Quand j’émets une rediffusion sur ma tombe, je titre [Repost] au début.
Parce que c’est bien joli de programmer d’avance la publication d’articles dans le journal du dimanche pour pas offenser l’Eternel en travaillant un jour de repos, mais si c’est pour faire croire qu’on a bossé le lundi matin… heureusement que dans l’espace, personne ne m’entendra râler. Passque y’a pas d’air.
C’est pas joli ”repost”. ”Exhumation” ou ”déterrage” serait plus dans le ton.