J’aurais dû parler de la nouvelle intégrale Chlorophylle de chez Le Lombard depuis bien longtemps mais… mais… mais j’espèrais vous obtenir en exclusivité une interview de l’artisan méticuleux qui a oeuvré dans l’ombre, mesdames et messieurs, Laurence Croix ! Mais bon, elle a plein de boulot, ça attendra un petit peu.
Les amateurs de Chlorophylle s’arrachaient les cheveux depuis de nombreuses années. La fameuse ”Collection Verte”, pendant longtemps la seule disponible, bénéficiait de couleurs refaites catastrophiques et de lettrages confiés à un stagiaire de quinze ans. Un instant, on a cru voir une lueur avec la réédition de Chlorophylle contre les rats noirs à l’occasion des 60 ans du Lombard. Mais, catastrophe, sous un habillage luxueux, le contenu était repiqué sur la Collection Verte. Ce qui n’empêchait pas l’album de se retrouver rapidement épuisé. J’ignore si ce succès a mis la puce à l’oreille d’un responsable mais en tous les cas, quelqu’un a eu la riche idée de republier le travail de Macherot dans le journal Tintin en reprenant les planches et le maximum des couleurs originales. Il faut savoir que pour des tas de problèmes de format, les planches de ces magazines n’étaient pas prévues pour le format album, ce qui explique les bidouilles infâmes qui ont été réalisées à une époque. Sans compter que le magazine ne publiait pas en couleurs et que des parties sont donc trichrome. Bref, il fallait tout remettre à plat, scanner les pages, les nettoyer et trouver un(e) coloriste douée pour refaire les couleurs. J’ai eu le privilège rare d’avoir un aperçu du dévouement de Mlle Croix, pleurant pour obtenir des journaux de l’époque, bataillant pour obtenir des scans corrects, voyant valser les responsables éditoriaux jusqu’à avoir l’impression d’être seule à bord. Et finalement, le résultat est là. La collection est vraiment chouette : beau papier, dossier de présentation de Jacques Pessis riche et intéressant, on n’est pas volé. Tout n’est pas parfait (Pas de salami pour Célimène n’a pas profité de cette cure de jouvence) et il y a comme un filtre rajouté qui assombrit un peu les couleurs vives de Mlle Croix. La perfection ne serait donc pas de ce monde ?
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Je me suis rendu compte à la lecture que ”Le retour de Chlorophylle” était une idée de l’absolu chef d’oeuvre;Macherot a l’air tellement,profondement heureux,à l’aise.Son dessin est exceptionnel.
J’en rajoute sur Laurence Croix qui mériterait davantage de reconnaissance:C’est bien la première fois qu’une réédition ait autant de classe et de grâce.
Et puis une autre dame qui mérite d’être louée:Sophie Vets qui a assuré la ”conception graphique”;travail remarquable.
La comparaison avec les tristes volumes ”Sybilline” serait trés cruelle.
Les textes m’apparaissent trop souvent faibles.Sympathique,mais l’on souhaiterait du lyrisme et on amoncelle de belles petites histoires anecdotiques.
Si Laurence Croix (et Sophie Vets) devaient passer par ici,je leur adresse une profonde gratitude !
@julien : elle m’a promis des réponses à l’interview. Vous pourrez commenter à ce moment – je ne pense pas qu’elle passe par le site, elle bosse elle, pas comme moi…
Travail monstrueux aussi en lettrage !
@hobopok : tiens, je ne sais pas comment il a été fait ce lettrage (scan des lettrages originaux ?).
@Li-An : C’est passé des capitales aux bas de casse, mais ils ont peut-être recréé une police à partir du lettrage d’autres histoires pour relettrer tout le livre à l’identique. Mais surtout, tout a été replacé, recadré, ajusté, au quart de poil.
@hobopok : et il y avait du boulot. Ils ont abordé le truc avec beaucoup de sérieux, dommage que ça ait un peu flotté au cours du projet.
Au risque de paraître rabat-joie, j’ai été très gêné par ce filtre grisâtre qui se déploie sur tout l’album lorsque je l’ai compulsé en librairie, au point que rentré chez moi, je me suis emparé de mon volume des classiques du rire, eh bien les couleurs sont beaucoup plus lumineuses et gaies. N’ayant jamais lu cette série dans le contexte de sa parution originale dans le Journal de Tintin, je ne sais pas à quoi ressemblaient les couleurs d’origine, mais je trouve que les couleurs pétantes (un peu comme dans Chaminou) siéent bien à l’univers graphique de Macherot (qui n’avait pas encore viré dans la noirceur absolue ‑voir les tous derniers Chlorophylle).
@Pierre : mets toi alors à la place de Laurence :-) C’est encore plus gênant dans le tome 2 et il semblerait que le message ait finalement été compris en haut lieu…
C’est justement ce tome 2 que j’ai feuilleté samedi. J’essaierai de me procurer le tome 1 car du contenu, je ne connais que l’infâme collection verte …
C’est tout de même incroyable que la technique progressant, le niveau d’exigence des ”fabricants” diminue !
@Pierre : malheureusement, ce n’est pas un problème d’exigence mais un choix éditorial…
C’est mieux que ce qui avait été fait jusqu’ici, c’est sûr ; mais l’album Pas de Salami/Le Bosquet Hanté étant mon favori, ça me défrise de voir qu’il s’agit du seul dont les couleurs n’ont pas été refaites. Bien sûr, si j’attends une hypothétique nouvelle édition je n’suis pas sorti de l’auberge.
Pour ce qui est du filtre grisâtre apposé sur les couleurs, j’ai eu la même impression et je trouve ça regrettable. Un ami m’a dit qu’il s’agissait d’un choix de l’équipe éditoriale, pas de la coloriste (qui a fait du bon boulot comme on aimerait en voir plus souvent)
@Arnaud : je confirme l’info.
@Li-An :
Prenant connaissance de la réponse du 29 janvier dernier, je n’ai pas compris ce que venait faire là ce ”choix éditorial” mais je n’ai pas osé questionner plus avant. Maintenant au vu de ce que dit Arnaud, je crois enfin comprendre, mais ça me dépasse : comment peut-on choisir de placer un filtre sombre sur une mise en couleur ? Pour faire ”vieux” ? Donner un cachet ”authentique” ?
@Pierre : bravo, le monsieur a gagné une tringle à rideaux. Oui, c’est pour faire ”authentique”…
A Paris les façades des immeubles haussmanniens sont cycliquement en restauration (je crois que c’est la loi), on enlève la pollution incrustée à l’aide d’une projection d’air comprimé, c’est amusant à observer pour le flâneur. Après la façade est comme neuve ou presque. Et pour cause, c’est le but, non ? Dans l’affaire qui nous occupe on procède de la même manière mais après avoir fini le nettoyage on pulvérise une bonne couche poussière artificielle, pour faire plus vrai. C’est ahurissant. Qui se laisserait attraper par un tel stratagème ? L’idée n’était donc pas de restituer l’original ? La vision supposée du lecteur ciblé serait alors extrêmement restreinte : satisfaire ceux qui rêveraient d’un album paradoxal neuf et ancien à la fois … C’est se couper de tous les lecteurs ingénus, à l’oeil neuf, qui ne seront pas sensible à ce charme fallacieux alors qu’une présentation pimpante lui aurait conférer toute sa modernité. ça me fait penser aux polémiques qui ont suivi la restauration de la chapelle Sixtine : ”c’est horrible, ils ont changé les couleurs !” s’indignait mon professeur d’italien au lycée, alors qu’on n’avait fait qu’ôter la couche de crasse accumulée au cours des siècle, au moyen d’un peu d’eau et d’un coton-tige … Il y a donc toujours l’oeuvre en elle-même et l’idée qu’on s’en fait.
@Pierre : et aussi la tentation de laisser sa ”griffe”… Dans le dernier tome on voit bien des espèces de taches blanches sur les rochers par exemple. Rien à voir avec les couleurs originelles évidemment.
@Li-An :
Je note que c’est la deuxième fois, depuis que je fréquente ce blog, que je gagne une tringle à rideau (la première fois ceux-ci m’étant je crois attribués pour avoir identifié la référence cachée derrière les ”mémoires d’un pinceau”). Je sais à présent ce qu’il me reste à faire : acheter des rideaux.
on en trouve de jolis…
Chez Fantasio par exemple (avant qu’il ne se mette en ménage avec Spirou): jaunes à rayures noires.
@Pierre : tout à fait. Du grand Art, les rideaux chez Franquin.