Un peu songeur devant les BD de la rentrée – est-ce que j’ai vraiment envie de dépenser vingt euros pour cette BD qui a l’air vraiment très sympa, sûrement bien écrite et au dessin intéressant mais que je ne lirai qu’une fois dans ma vie ? – j’ai eu des bouffées d’envie de lire des choses plus anciennes mais plus libres.
En faisant le ménage dans mes billets, je me suis rendu compte que le site officiel de David de Thuin était mort et, plus grave encore, que je n’avais pas acheté les deux derniers albums qu’il avait publié à compte d’auteur : Interne 1 & 2. Brusquement, il me les fallait.
Deux petits bouquins de 120/150 pages pleins à craquer de crobards, de début d’histoires, de gags inachevés mais, surtout, de la petite vie familiale de David de Thuin, avec une approche légère et quelque fois philosophique. Vous découvrirez ainsi comment le petit dernier veut se torcher les fesses, où a disparu le chat et qu’est-ce que l’on devient après la mort.
L’approche de de Thuin n’est pas sans évoquer les Approximativement de Trondheim – format, rythme de travail, personnages animaliers – mais là où Trondheim s’inquiète de sa place dans l’Univers, de Thuin préfère se fondre dans sa famille qu’il aime profondément, partager avec ses enfants une pluie de printemps où se poser des questions sur son approche de la BD. On sait qu’il adore le travail de Macherot mais les quelques planches d’hommages sont impressionnantes de passion attristée par la mort du créateur de Sybilline. Il y a aussi un côté Nylso dans le regard porté sur la Nature mais, assez curieusement, de Thuin ne cherche pas à la reproduire de manière impressionniste. Il reste dans son approche très ”BD” franco-belge.
Enfin, il y a sa boulimie de travail – un autre point de commun avec Trondheim – et dans une planche, il explique à son fils aîné qu’il est en train de classer sur son ordinateur les planches qu’il dessine… dans la journée. À un moment où je me pose pas mal de questions, ça a eu le mérite de me réveiller de ma torpeur languissante.
Sauf que… pas de nouvelles de de Thuin depuis 2011. Si quelqu’un a une idée de ce qu’il devient, ça m’intéresse… Soudainement, sa liberté, son amour de la BD inconditionnel me sont devenus indispensables.
Rassure-toi, son site est peut-être mort, mais pas lui : DdT signe une planche pour l’anniversaire de Raoul Cauvin dans le Spirou de cette semaine.
Ah ben voilà une bonne nouvelle. Et Cauvin, il est vivant alors ???
Comment pourrait-on ne pas l’aimer,Dethuin..?
J’aimerai bien,je le lui souhaite profondement,qu’il ne nous fasse pas une wasterlainite aigue;dans le genre,Renaud Dilliès-amis Belges,bonjour…Là encore,quelques mémoires,et quelques hasards ne suffisent pas:il est où ce grand public que ces livres attendent ?
Ils achètent des albums qui se vendent déjà beaucoup. J’ai bien peur que le public se soit fragmenté en tas de petits publics.
Dans mon souvenir, je préférais le tome 1 de Interne, où tout (les strips familiaux, les croquis, les histoires abandonnées…) était un peu plus enchevêtré et donnait une vraie vie supplémentaire à l’ensemble… Mais c’est effectivement ce que j’ai lu de mieux de la part de David De Thuin jusqu’à présent…
C’est vrai que le premier tome est plus ”riche” par son exubérance.
Je voudrais lire plein de livres auto-édités de De Thuin, mais ça n’a pas l’air si facile de mener une carrière parallèle surtout quand on emprunte le chemin inverse pour aller d’une chapelle à l’autre (je veux dire de la bande dessinée franco-belge la plus classique à la bd indé). Le sens bd indé — — > mainstream, c’est la voie royale empruntée par toute les générations depuis les aînés de l’Assocation, mais dans l’autre sens, c’est un peu comme prendre l’autoroute en sens inverse, il y a danger.
Pourtant, si l’on remonte un peu dans le temps, c’est bien dans ce sens là que le mouvement s’est amorcé dans les années 70, avec la génération Pilote donnant naissance aux revues d’auteurs comme l’Echo, Fluide et Métal.
Bref, c’est le lieu idéal, je salue solennellement ici la grande liberté de DDT.
En même temps, ce n’est plus la même époque – ahh, de mon temps… Il faut en effet un sacré courage, une part d’inconscience… et une grande capacité de travail pour se lancer dans une telle aventure – même si De Thuin avoue qu’il n’est pas fan du genre autobiographique. La naissance du quatrième aura finalement arrêté l’expérience si j’en crois la fin du tome 2 :-).
Un courage,ou une forme de renoncement ?
La liberté,ben,c’est pas donné,en effet.Et l’issue ne m’a jamais paru avoir une image si heureuse.
Je ne crois pas que l’on puisse parler de renoncement. Il y a surtout une vision de la BD qui est loin d’être partagée par les ”décideurs”.
De thuin publie régulièrement les aventures de Zélie et compagnie en collection BD kids Bayard le dernier en date est du mois d’avril sur scenar de Corbeyran
Ça, je m’en doutais un peu – il faut bien qu’il vive ce monsieur. Mais bon, c’est du gentil, hein…
Et puis, il y a ça pour bientôt.
Du coup on comprend un peu mieux son relatif silence…
Mille pages ! Mazette !
Cinquante euros ! Tudieu !
En effet, ”mazette” est le terme exact. Et on comprend en effet mieux son relatif silence.
coucou
http://www.glenatbd.com/bd/la-proie-9782344000144.htm
Je me demandais ce que c’était que ce ”coucou” :-). Parution le 8 janvier. Pas possible de se le faire offrir pour Noël, zut.
Première page : http://www.wartmag.com/la-proie-1000-pages-10 – 000-cases-par-david-de-thuin/
Chouette, ça a l’air bien !
On peut lire les 25 premières pages ici : http://www.bdgest.com/preview-1407-BD-proie-la-recit-complet.html
(je sais pas trop quoi en penser, pour l’instant)
(j’ai l’impression que le côté ”écrit au fil de la plume” se sent un peu trop)
(on verra bien)
Ah ah, 25 planches, ce serait la moitié d’un album dans une autre vie… C’est comme les bandes annonces de film, je ne lis rien pour avoir la surprise.
Bonne nouvelle, David de Thuin à ouvert un tout nouveau site : http://www.daviddethuin.fr avec pleins de belles choses à venir, dont une nouvelle édition du roi des bourdon chez Glénat !
Merci beaucoup pour l’info, je vais m’y rendre de ce pas.