J’espère sincèrement que le prochain gouvernement saura limiter les déplacements des auteurs BD vers l’étranger afin d’éviter la multiplication des carnets de voyage et autre histoires exotiques. En attendant, Kililana song est le premier album de Benjamin Flao en tant qu’auteur complet. Naïm est un petit garçon débrouillard dans la bonne ville de Lamu qui passe le plus clair de son temps à fuir son grand frère qui aimerait le voir au madras plutôt qu’à zoner dans les ruelles. Avec son dessin relâché – qui n’est pas sans me rappeler étrangement le travail de Coutelis – Flao fait merveille en évitant la carte postale et en se mettant à hauteur de son petit héros. Pour tout dire, il ne se passe pas grand chose dans ce tome 1 malgré une histoire de cargo pas net et un vieux gardien d’arbre à esprits. On se contente de filer dans les rues, d’aller au ciné voir un film indien, de gruger les touristes et de savourer une bouteille de Coca. C’est dépaysant sans préjugé ni volonté d’exotisme, pas mal du tout pour l’ambiance. Flao dessine de manière vraiment intéressante, se concentrant sur le rendu des visages et laissant le reste dans un flou dynamique. Une petite réticence quand même : les dialogues très familiers tendance franchouillards m’ont un peu perturbé et, de manière un peu paradoxale, on a l’impression que les clichés ne portent plus nos frères d’Afrique mais sur les expat’ réjouis qui sont devenus très prévisibles dans la représentation qu’on en fait.
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La première phrase;elle vient du coeur!Et,oui,trés ”Coutelis”.(Bon,ben il est passionnant mon commentaire).
A quand les carnets de voyage imaginaires ou rétrospectifs…
@julien : en fait, c’est terrible, on dirait que Flao a trouvé quelque chose que Coutelis cherche…
Quant à mes opinions sur les carnets de voyage, j’ai décidé que ce serait ma marque de fabrique afin d’être invité dans les débats télévisuels sur la question.
A propos de Coutelis, il se dit qu’A.D. Grand-Rivière devrait faire son retour avec une 5e aventure inédite scénarisée par lui-même, au sein d’une intégrale, recolorisée par ses soins, chez un nouvel éditeur-mystère.
@Totoche : je n’ai jamais rien lu de lui. Comme quoi…
J’aime vos pointes d’humeur. Il serait peut-être bon en effet d’envisager un visa spécial très restrictif pour les auteurs de bande dessinée. Ce métier ne se pratique bien qu’enfermé dans un bon bureau et penché sur une lourde table à dessin. Tous ces carnets de voyage publiés ne sont que la preuve affligeante d’une profession oisive et déresponsabilisée qui a oublié ce qu’était le dur labeur de la planche à l’ancienne. Cela a trop duré. Instituons le passeport pour le voyage immobile. Ce sera la planche de salut d’une profession à vau-l’eau.
@Grospatapouf : je dirais même une dérive vers la nonchalance et le tourisme. Ces pays tropicaux sont connus pour encourager fainéantise et luxure !
Et pour des ”Carnets de Sibérie”, ça passe ?
@Totoche : même ça, c’est trop bon pour les auteurs BD – j’en connais qui préparent des carnets de… Tchernobyl.