L’Art sans madame Goldruber (Mahler – l’Association)

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L’achat d’un album chez l’amateur/​auteur blasé tient souvent à peu de chose. Une planche croisée sur le Web, une planche qui semble drôle. Pris d’une fréné­sie de décou­verte inhabi­tuelle, je comman­dai sur le Web l’album en question (afin de complé­ter un achat groupé qui permet­tait d’obte­nir un trans­port gratuit).
Mahler est autri­chien et pourrait être très connu en France puisque l’Associa­tion, cette édition de joyeux lurrons qui aiment s’écla­ter, publie avec une régula­ri­té et une rigueur qui ferait rougir un métro­nome les ouvrages dusdit Mahler (et après les avoir traduits, rassu­rons nos lecteurs non germa­no­phones). Je n’ai pas eu l’occa­sion de lire ces albums au dessin minima­liste et aux textes qui m’ont parus abscons mais ”l’Art sans madame Goldru­ber” suis un premier ”l’Art avec madame Goldru­ber” qui avait déjà titillé ma curio­si­té par son concept. Madame Goldru­ber existe bien et travaille pour les impôts autri­chiens. Elle devait définir le statut de Mahler et pour cela, décider si Mahler était bien à ranger au côtés des artistes et, subsé­quem­ment, dire si la BD était un Art.
”L’Art sans…” est plus généra­liste. Compo­sé de courtes saynètes de deux pages, il montre quelques aspects de la vie d’un auteur BD autri­chien, de son adoles­cence en passant par les festi­vals ou l’orga­ni­sa­tion d’expo­si­tions. Autant l’avouer tout de suite, j’ai rigolé comme une grosse baleine. Mahler, qui est passé par l’ani­ma­tion, décrit de manière clinique et pince sans rire des collègues célébrés et proches de l’autisme, se moque de son propre intel­lec­tua­lisme et témoigne du profond mépris prodi­gué par les médias à son travail et la BD en général. Son dessin minima­liste aurait pu me faire sauver en hurlant mais il est d’une effica­ci­té redou­table, souli­gnant parti­cu­liè­re­ment l’espace, les blancs de la conver­sa­tion et faisant du narra­teur une espèce d’icone stoïque, désabu­sée et vague­ment étonnée du monde qui l’entoure (oui on peut lire ça dans deux ronds et un pif).
avertis­se­ment : l’Asso­cia­tion, fatiguée de traduire l’alle­mand a décidé de laisser certains des dialogues en anglais afin de donner un aspect ”documen­taire” à ce témoi­gnage. Sauras-tu recon­naître ces passages, ami lecteur ?
nota : ne pas oublier de comman­der ”la vie avec…” pour éviter de payer le trans­port de la grille anti éclaboussure.

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12 commentaires

  1. Effec­ti­ve­ment, ça a l’air très drôle (ça fait un peut penser à Pauvre Lampil d’ailleurs).
    Peut être est-ce le déclic qui me pousse­ra à m’inté­res­ser à ce dessi­na­teur, depuis le temps que je feuillette ses albums en librai­rie (pour les reposer aussi­tôt après).

  2. Voilà une compa­rai­son qui va faire s’éva­nouir JC Menu, ami Raymond. C’est quand même très éloigné : ”Pavre Lambil” parle d’un type vague­ment dépres­sif et ronchon alors que Mahler ne parle pas de ses états d’âme. Il se contente de témoi­gner, aussi stoïque qu’un Buster Keaton (et ça me fait rire).

  3. Je le compare avec Lambil unique­ment parce que ce dernier a dessi­né deux fois le même gag (celui du dessi­na­teur peu connu qui fait des dédicaces à côté d’une vedette). Dans les deux premières planches de cette série (c’était à l’ori­gine des ”cartes blanches”) Lampil dédica­çait à côté de Franquin, puis de Walthé­ry. C’était très drôle, et il aurait mieux fait d’en rester là, plutôt que d’allon­ger la sauce.

    Sinon, plus tu en parles, et plus tu me donnes envie de lire Mahler. Je suis un admira­teur fanatique de Buster Keaton

  4. ”L’art selon Mme Goldgru­ber” (rien à voir avec le major) est une des étude sur la bande dessi­née les plus poilantes qui soient (je n’ai pas encore lu ce 2e opus). Une des rares bandes dessi­nées qui m’ait vraiment fait rire de vive voix (et Dieu sait si je suis coincé).
    A conseiller à ceux qui pensent encore que les produc­tions de ”l’Asso­cia­tion” sont synonymes de ”prises de tête”.
    Au fait, ami blogueur, as-tu lu l’excellent ”Les Amis” de François Ayroles ?

  5. @Raymond : oulala, c’est du pointu comme référence :-) Cher Raymond, comment voulez-vous que nous maîtri­sions comme vous ”Pauvre Lambil” !

    @Totoche : ééééh non. Déjà que je n’ai pas encore lu Rupert & Mulot. Et je confirme, Totoche est très coincé (sous contrôle d’huis­sier de justice, maître Hobopok).

    @Grospa­ta­pouf : celle-là aurait été diffi­cile à placer sur Comix­pouf… Du moins pour le moment.

  6. N’ayant jamais lu Fred Vargas ni Signes de Piste, je préfère revenir sur Mahler, dont j’ai acheté l’album ce dernier week-end. J’ai beaucoup appré­cié cet humour pince sans rire, même si il est proche du pessi­misme intégral.

    Merci du conseil :-)

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