Mode semi-copinage – Voici donc le premier album d’Étienne Leroux en tant que scénariste pur (”qui ça ?” comme dirait un des libraires de mes connaissances). Il faut dire qu’il est connu pour avoir dessiné des histoires héroïques fantaisies (dont une série qu’il réalise tout seul trouvable sur ce blog) puis des choses plus intimistes sur scénario de Luc Brunschwig chez Futuropolis. C’est dans cette prestigieuse maison qu’il débute un récit autour d’ Alexandre de Humboldt, naturaliste et explorateur allemand qui part à la recherche de son cher ami Aymé Bonpland. Il est pour cela accompagné par une demoiselle, Doña Luisa Amadilla, qui cherche à s’évader de son triste destin. Malheureusement, Alexandre est vieux et semble perdre la tête et la chute d’une météorite dans l’océan sur lequel vogue nos amis envoie valdinguer tout le monde. Luisa est recueilli par le chevalier Karl von Ritter, chargé de récupérer Alexandre et qui se révèle un fat qui lorgne sur la chaire du vieil homme. Intrigué par le journal d’Alexandre, le chevalier part à l’exploration et Luisa, emprisonnée, est bientôt libérée par Alexandre qui s’improvise libertador.
Voilà un album pas commun. Si Alexandre de Humboldt a bien existé, l’univers décrit ici fait plutôt penser au Mur de Pan de Philippe Mouchel, quelque chose qui rappelle notre univers mais d’une manière onirique. Le dessin de Froissard souligne cette impression : vaporeux, plein de transparence, il donne l’impression de flotter, prêt à se dissoudre à tout moment. Il réussit de nombreuses planches étonnantes d’ambiance et on se laisse porter dans son univers cotonneux traversé par de petites choses incroyablement précises. Il y a quand même un regret : les personnages participent un peu à cette impression de flou et le fait qu’une grande partie de l’album est en voix off donnent à penser qu’ils vivent plus par leur texte ‑très beaux par ailleurs- que par leur seule présence physique.