Vous vous demandez peut-être comment se passe la visite d’une librairie pour un amateur de BD comme moi, toujours un peu pressé (enfin, je ne pense pas que vous soyez posé la question avant aujourd’hui et ce billet mais faisons comme si). En ce moment, c’est très rapide : ”BD sur la Palestine ? Non. BD indé US dessinée approximativement et autobiographique ? Non. Manga ? Non. La jeunesse d’Astérix ? Non. Pilote de voiture/d’avion/de sous marin ? Non. Trouffions de 14/18 ? Non. Combat ouvrier ? Thriller pseudo politique avec gros flingues. Non. Non. Non.” Où sont passées les BD d’héroïque fantaisie de mon enfance où des jeunes femmes en string totochaient des dragons velus ? Même ça, ça a disparu. Tiens, que vois-je ? Un album qui semble en provenance directe de l’époque où les gens pensaient que la BD pouvait servir de support à leurs délires les plus inavouables ? Les idoles malades de Sourdrille ? Kézaco ?
J’ai déjà dû feuilleter des albums de Sourdrille mais j’ai dû les reposer le rouge aux joues et en évitant le regard de mes voisins. Filles aux cuisses musclées et au gros cul subissant ou faisant subir des choses à caractères sexuels ou violents, gags potaches, gags étranges et le tout assaisonné d’un trait ligne claire qui fout un peu la honte à tous les dessinateurs actuels de Blake & Mortimer ? Mais aujourd’hui je suis prêt. Prêt à défendre le stupre contre le tout venant, le bizarre contre le commercial, la ligne claire contre la ligne claire ! Je suis prêt pour SOURDRILLE !!!
Ce recueil est une compilation d’histoires courtes publiées à droite à gauche mettant en scène l’auteur lui-même, tel une réincarnation de Moerell, personnage pseudo Disneyen ou post-comicsman. Sous l’excuse fallacieuse d’un hommage à Windsor McKay et ses Cauchemars de l’amateur de fondue au Chester, certaines histoires sont des rêves souvent à caractère sexuel et violents. Les femmes se font trucider ou trucident notre héros – une petite analyse, m’sieur Sourdrille ? Quelque fois c’est très con et quelque fois surprenant et onirique. Le tout tient surtout grâce au dessin quasi maniaque, ligne claire qui réussit à rendre les filles bandantes, construction hyper chiadée qui ajoute à l’étrangeté de l’ensemble. Seul regret : alors qu’il aurait pu appeler cet album ”Meurtre de lesbienne vicieuse” et dessiner une fille toute nue avec un flingue en couverture, Sourdrille a choisi un truc antivendeur au possible. La peur du succès ?
Nom d’une pipe à roulettes ! Buzzelli et Van Den Boogaard ont eu un fils, et il était resté caché jusqu’ici ? Ah oui c’est vrai qu’à l’époque c’était pas légal. Les gens qui achèteront l’album en supposant, au vu de la couverture, que c’est une énigme lovecrafto-kafkaïenne avec de morceaux de Harry Dickson et un zeste de Charles Burns dedans seront sans doute surpris.
@Tororo : tiens, il m’a fait rire ce commentaire. La plus grosse influence semble quand même être Crumb quand même – et ça se voit bien dans les filles.
Ah,oui,on dépasse le pastiche-parodie…C’est bien-et juste-de citer Moerell,encore un pas-casable commercialement,avec son surréalisme bien à lui.
@julien : ça m’a fait penser à
Je l’ai feuilleté, c’est très bien ! Je me marrais comme un bossu dans le rayon. Pas encore acheté… ça change de toutes les nouveautés que tu as très bien catégorisées.
@Guillaume : oui, s’il pouvait y en avoir un peu plus comme ça chaque année, ça nous mettrait un peu le sourire.
Excellente technique de perspective et le réalisme !!
La BD peut être parfois très con, si c’est rattrapé par des pépites comme on voit là (les corbaques m’ont éclaté). Je pense en tous cas que je vais adhérer.
J’aime beaucoup aussi l’article, drôle et vendeur, contrairement à la couv du bouquin, c’est très vrai ‚:+D
Il est assez étonnant que personne dans son entourage n’ait dit à un moment donné : ”tu es sûr que tu ne veux pas faire une autre couverture ?”.