Les Somnambules (Randall.C – Casterman)

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J’ai déjà parlé du travail de Randall.C ici et j’ai même failli parler de son album paru en Belgique en flamand car il a eu l’extrême bonté de me le faire parve­nir. Sauf que le flamand est une langue qui m’est complè­te­ment étran­gère comme on a pu s’en rendre compte. Et Randall m’ayant averti de la prochaine publi­ca­tion de son album en français, j’ai pris mon mal en patience. C’est donc Caster­man qui s’y est collé.
Randall.C conseille en ouver­ture la lecture de Casta­ne­da, Patri­cia Garfield et Lewis Carroll et on comprend vite pourquoi. On n’a pas réelle­ment affaire ici à une histoire classique. Plusieurs person­nages apparaissent et leur parcours se croisent : un jeune couple qui traverse des paysages oniriques, deux marins obsédés par le Verbe coincés sur une île et un chien/​loup à la recherche de lui-même. Évidem­ment, ce genre de concept est à double tranchant. Certains crieront au génie et se perdront dedans, d’autres s’ennuie­ront ferme en se plaignant du manque de consis­tance. On peut compa­rer ça à des auteurs que je soupçonne Randall d’aimer beaucoup : Blutch et son désir de repré­sen­ta­tion du rêve qui se révèle beaucoup plus violent et déran­geant ou Carlos Nine et son travail purement onirique et référen­cé. Dans le cas des Somnam­bules, le rêve est montré comme un chemi­ne­ment éventuel­le­ment porteur d’illu­mi­na­tion, heureu­se­ment tempé­ré par un humour un peu décalé.
Évidem­ment, ce qui m’a intéres­sé en premier lieu, c’est le dessin et les couleurs. Si on devine les influences (en gros, la Nouvelle Généra­tion Française), elles sont magni­fi­que­ment digérées, Randall n’essayant pas d’en faire trop, cherchant la simpli­ci­té d’un trait charbon­neux qui se révèle très dynamique. Les couleurs, sur une palette de couleurs réduites, sont très belles et même innovantes. Elles parti­cipent très large­ment au senti­ment d’uni­vers clos distil­lé par l’album.
Finale­ment, vous me connais­sez mainte­nant, il faut bien qu’il y ait un point négatif : le prix choisi par Caster­man. 22 euros pour une douce rêverie, ça fait retom­ber durement dans la réali­té. Franche­ment, je serai tenté de vous conseiller d’attendre de le trouver chez un bouquiniste…

un loup dans un poulailler

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17 commentaires

  1. Décou­vrir un nouvel auteur, c’est agréable, mais il est gros comment pour 22 euros ce livre ? Ça devient impos­sible d’ache­ter réguliè­re­ment des bds je trouve.

  2. 106 pages. Mais c’est trrrr­rès vite lu. Tout à fait d’accord avec toi, Jean-no. Les BD qui sortent un peu de l’ordi­naire sont publiées à des tarifs exhor­bi­tants. Lorsque c’était pour la survie écono­mique de petites maisons d’édi­tion, on pouvait le digérer mais que les grosses boîtes s’y mettent et ça devient impos­sible à suivre. 
    Je suis réguliè­re­ment obligé d’avouer mon peu de culture BD ”du moment” mais je n’ai simple­ment pas le budget pour faire preuve de curio­si­té. Peut-être que dans quelques années, je vais faire le tour des bouqui­nistes… Mais le principe des petits tirages ne permet même plus de se rabattre sur l’occase.

  3. Superbe!Merci de cette découverte;quant au prix…Casterman fut longtemps un éditeur ”couteux”,mais c’est vraiment le genre de bouquin qu’on a sans cesse en mains,comme un Blutch,où l’on revient flaner avec bonheur,une fois lu.Est-ce que C.Pedrosa connait son travail..?(ou inversement)

  4. Oui moi aussi ça m’a rappe­lé cyril pedro­sa au niveau du trait.

    je vous rejoins assez au niveau des prix, je pense que c’est la dure loi de l’offre et la demande. Il suffit qu’il y ait un public prêt à raquer pour que les maisons d’édi­tion s’alignent. C’est marrant sur le marché du disque on a pas ce côté ”prix variant selon la quali­té présup­po­sée de l’oeuvre éditée”.

  5. Intéres­sant … mais il devient diffi­cile de choisir parmi ces multiples auteurs. Il y en a de plus en plus, de ces jolis livres à petit tirage et relati­ve­ment coûteux.
    Je vais d’abord attendre pour voir si la biblio­thèque munici­pale de Lausanne achète ce livre. Merci pour la trouvaille :-)

  6. @glorb : même chose pour la litté­ra­ture. En règle générale, le prix est indexé sur le nombre de pages et donc du temps que l’on va passer à lire le roman (alors qu’en BD, on peut avoir 200 pages très vite ”lues”).

    @Raymond : avec les progrès graphiques et narra­tifs des auteurs, on ne peut même plus se fier au ”feuille­tage”.

    @julien : j’ignore si il connait le travail de Pedro­sa mais j’ai du mal à y voir la même approche graphique. Peut-être dans le mouve­ment… Et je n’ai pas lu l’album noir et blanc de ce dernier.

  7. Tout est dans les vert-brun comme sur la plabche montrée ou bien les couleurs évoluent avec le récit ??

    Sinon, oui, moi je suis vache­ment client de ce genre de bouquin.…en médiathèque.

  8. moi c’est les arbres de la première case qui me font penser à Pedro­sa (celui des Trois ombres). Mais c’est vrai que le reste n’y ressemble pas tant que ça.

  9. @Thyuig : La philo­so­phie des couleurs est identique sur l’ensemble des pages mais il y a des varia­tions de dominantes suivant les saynettes…

  10. Mais lit on rapide­ment une BD parce qu’elle a beaucoup de pages, beaucoup de dialogues de récita­tifs ou parce que le dessin est suffi­sa­ment dense pour que l’on s’y perde ? et je ne parle pas de la relec­ture souvent impor­tante en matiére de BD . Peut-être devrait-on prendre en compte le temps passé par l’auteur .

  11. C’est vrai que les couleurs ont un velou­té sans pareil.Là encore la quali­té de l’impres­sion joue un role dans le prix mais aussi dans le plaisir du lecteur.

  12. J’en déduis que tu as aimé, Raoul ? :-) Bah, pour ce qui est du temps passé par l’auteur, j’ai mis 5 ans pour faire Planète alors, hein :-))

  13. Bon mainte­nant que je l’ai lu je peux en dire des choses plus justes. C’est clair que le dessin n’a rien de Pedro­sa en fin de compte. C’est plutot sympa, j’adhère pas à tout (notam­ment certaines phrases chocs un peu bancales) mais le délire est bien sympa. :)

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