Deux Ariol pour le prix d’un. Il faut dire que j’avais beaucoup hésité à parler des Trois baudets, l’Ariol format classique sorti en février mais l’actualité m’a décidé puisque une histoire longue du petit âne à lunettes est chez vos libraires depuis peu.
Ariol, ce sont des histoires de dix planches prépubliées dans J’aime lire mais Où est Pétula ? est une vraie histoire complète : Ariol est invité chez Pétula pour passer l’après midi. Et, comme tout le monde le sait, Ariol est secrètement amoureux de Pétula. Mais toute la famille de la petite vachette va s’accaparer ce pauvre Ariol qui ne pourra pas vraiment profiter de la journée comme il l’espérait.
L’histoire est sympathique avec un papa de Pétula qui fait un peu peur à Ariol et qui va permettre d’aborder le mythe du Minotaure – toujours ça d’appris aux petites têtes de toutes les couleurs. Mais j’avoue que je préfère les histoires courtes. Elles donnent paradoxalement plus de place à Marc Boutavant pour développer ses décors – beaucoup de parcs dans Les trois baudets – notamment d’intérieur. J’ai tendance à comparer cette série avec Boule et Bill. Comme dans la série de Roba, on suit la vie d’un petit garçon dans sa famille et à l’extérieur – Boule ne va pas souvent à l’école au contraire d’Ariol. Comme Ariol, Boule a un copain, Pouf, qui n’est visiblement du même monde social – il porte une casquette, les cheveux longs et garde les mains dans les poches. Mais en fait, on n’en sait pas beaucoup plus sur lui. Alors qu’on sait tout sur Ramono, le copain de Ariol. On sait déjà qu’il a tendance à être indiscipliné et qu’il cherche les bêtises. On connaît ses parents – sa maman travaille dans un supermarché – et sa grande soeur, où il habite et comment c’est meublé chez lui. En fait, en tant qu’adulte et parent, on peut se demander si Ramono restera toute sa vie copain avec Ariol, que cette amitié née dans une cour de récréation ne résistera peut-être pas à l’adolescence.
C’est un des grands charmes de Ariol : Guibert décrit tout un monde en creusant petit à petit chacune des facettes (une image osée). Et le rapport entre les adultes n’est pas juste esquissé mais fait partie du jeu. Alors que les auteurs BD jeunesse d’une certaine époque faisaient des BD pour faire découvrir le monde de l’automobile, la Nature ou l’époque romaine, Guibert et Boutavant invitent les enfants à observer les gens qui les entourent – que ce soit les copains ou les adultes. C’est une idée merveilleuse et merveilleusement réalisée.
Une fois encore,tout est dit,et bien dit.
Mais qu’est-ce que c’est que cet éditeur ?
@julien : c’est Bayard il me semble.