Après un week end à dédicacer (merci à tous les gens croisés à Bassens) + le passage à l’heure d’été, je vous fais un billet de fainéant ce matin…
On aurait pu croire qu’après un billet fort mitigé sur le premier album des aventures d’Havank, dit l’Ombre, je m’abstiendrai d’acheter le nouvel album de Danier. Mais comment échapper au nouveau Franquin ? Parce qu’il faut bien avouer que j’ai entamé la lecture de cette histoire comme si je plongeais dans un Spirou inédit du Maître … Le travail graphique de Danier est tellement impressionnant qu’on ne peut même plus parler d’ ”inspiration” ou d’ ”élève”. Il semble avoir récupéré un bout de l’esprit de Franquin (et Tillieux rajouteraient certains) et rien dans son travail n’est artificiel ou forcé. Il fait du Franquin comme je respire (quoique… avec les premiers pollens). Ensuite, l’histoire, c’est autre chose. J’ai parlé la dernière fois du décalage dessin années 50/histoire années 30 qui fait qu’on a dû mal à accepter que c’est censé se passer avant la Seconde Guerre Mondiale. Je me suis rendu compte cette fois-ci que le personnage lui-même, l’Ombre, détective aux cheveux blancs et rondouillard, fait une pauvre alternative à un Spirou symbole bondissant de jeunesse aventureuse. Les dialogues sont toujours aussi forcés (j’en veux à Danier d’avoir voulu conserver ce qui fait ”le charme du personnage”) et ont bien vieilli. Cette fois-ci, les traducteurs (?) ont choisi de garder le nom original des pays mais le lettrage informatif supporte difficilement la comparaison avec du vrai travail fait à la main. Je ne vous résume même pas l’histoire où j’ai fini par me perdre (un méchant qui est passé par la chirurgie esthétique, des voitures qui font la course et une femme disparue). Mais le dessin, le dessin… Si vous avez envie de refaire un tour sur les routes du Sud avec Fantasio sur son vélo, n’hésitez pas une seconde…
La discussion très mode dans le monde BD, c’est la licence Spirou. Faut-il attendre avec impatience le prochain Vehlman & Yoann, le nouveau Bravo ? Qui est candidat à un éventuel one shot ? Je m’en fiche (sans compter le cynisme mercantile planqué derrière): seule l’éventualité d’un Spirou dessiné par Danier saurait réveiller mes sens engourdis de vieillard chenu !
Je suis pas si enthousiaste par rapport au dessin, c’est malgré tout toujours du sous Franquin je trouve. C’est probablement le plus proche de l’original mais il y a quelque chose de moins souple dans l’encrage, de plus forcé. C’est un détail mais je crois que le perfectionnisme névrotique de Franquin lui assure de ne jamais être égalé dans son genre :)
Dommage que le scénario ne soit pas à la hauteur du dessin.
”Dommage” est le mot…
Les ”sous-Franquin”, c’est comme le Nutella : on a beau me dire que c’est dégueulasse, je peux pas m’en empêcher d’en racheter à chaque fois.
Houla j’aurais jamais la prétention de dire que j’ai un oeil plus aiguisé que le tien ! Et il est pas impossible que j’aurais crié au génie si on avait mis la signature de franquin en dessous :) mais y a un truc qui me chiffonne :)
@to.fra : ah, tu dois avoir un oeil plus aiguisé que le mien. C’est sûr que l’on peut ressentir une perte d’innocence mais, franchement, je n’ai pas d’impression de quelque chose de forcé.
@Totoche : le Nutella, j’ai arrêté.
C’est quand m^me trés trés Tillieux dans le découpage.(Genre MARC JAGUAR).C’est impossible,passé le dessin d’éprouver un plaisir véritable et sincère.Relire un ”bon vieux” Spirou,c’est aussi jouer avec:C’est-à-dire laisser passer quelques faiblesses dans le récit,et retrouver un peu,toucher du doigt les premières émotions ressenties à une lointaine lecture…Quant à Danier,son imitation est trop juste pour ne pas révéler un vrai talent et pas de l’usurpation entière.Un peu comme GEERTS quand on lui repprochait d’etre trop près d’un SEMPE à ses débuts.Un usurpateur ne ferait pas illusion trés longtemps…Est-ce que Danier s’est déjà exprimé là-dessus..?J’imagine qu’il assume cette filiation forcée et le plaisir qu’il en tire..?
@to.fra : je comprends ça. Tu cherches peut-être inconsciemment des trucs que tu ne retrouves pas.
@Julien : oh, il doit assumer parfaitement. En fait, je pensais secrètement que le premier volume n’irait pas plus loin. Sa constance m’impressionne :-)
comme le dit julien, le découpage est très peu franquinien.
les spirou classiques se limitaient à 8 cases rectangulaires par page. là on pense plutôt à tilleux, peyo ou morris… des dessinateurs plutôt économes dans les décors. pas sûr que ça soit très adapté au style choisi.
Le précédent était plus franquinien de ce point de vue. Là, il s’est imposé le gaufrier.
Ah Totoche, où est passé le Pastador d’antan ? T’as bien raison. Vais-je donc moi-aussi craquer pour le Danier nouveau, tout comme j’avoue manger (parfois) du Nutella ? En fait, les scénars de Danier c’est comme les noisettes du Nutella… Non ?
C’est quoi la bécane ?
Ce n’est pas dit dans le scénar il me semble.
Oups, désolé d’avoir posté au mauvais endroit !
En ce qui concerne le Spirou one-shot par Danier, on n’est pas prêt de le voir car Dupuis a refusé le projet semble-t-il ?
Pas assez original à leur gout j’imagine. Le Schwartz/Yann qui est également rétro a réussi à passer car c’est un vieux rêve de beaucoup qui se réalisait, celui de voir le Spirou de Chaland dont l’histoire avortée mettait l’eau à la bouche (comme le Spirou par Tarrin/Yann était un peu la (mauvaise) réalisation du rêve du Spirou par Didier Conrad première manière)
Je ne sais pas comment fonctionnent ces Spirou. Après le succès du Bravo, tout semble possible. Toujours pas lu le Schwartz/Yann en attendant de le trouver à petit prix.
Et y’a pas de mal pour le commentaire ”mal placé”. Le billet ici semblait impossible à trouver par la recherche normale…
Si tu aimes l’univers très référentiel et sarcastique de Yann et le dessin ”à la Chaland”, je ne peux que te le conseiller. On doit en trouver pas mal d’ocaz.
Pour moi le Bravo n’a rien de rétro même s’il fait la genèse de Spirou avant Rob-vel. L’auteur y aborde ses thèmes classiques et très contemporains sur l’enfance
Tout à fait d’accord.
J’arrive après la bataille.
Pour moi qui n’aie pas lu l’album, ce qui me stupéfie dans cette page c’est la totale gratuité du dialogue qui ne remplit aucune fonction narrative. Hormis la remarque relative à la Renault grise qui permet de comprendre que le chasseur passe à côté de son gibier, la narration graphique est suffisamment bien faite pour se passer de commentaire. Dès lors, pourquoi tous ces ”quelqu’un a quitté la route, ce ne peut être que lui” ou ces ”dans une de ces vieille bâtisses peut-être?”, qui tiennent du pur remplissage ? Hommage au flux de conscience joycien ? Mystère.
@Pierre : la référence Joycienne m’a échappé, je le crains :-)