La malédiction de Gustave Babel (Gess – Éditions Delcourt)

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Semi-copinage – Gustave Babel est un tueur. Il travaille pour la Pieuvre, une organi­sa­tion crimi­nelle parisienne qui l’envoie aux quatre coins du monde pour qu’il exerce son talent. C’est que Babel a un don étonnant : il parle toutes les langues. Jusqu’à ce que son amour pour la poésie de Baude­laire fasse tout basculer.

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Coiffure pour homme

La malédic­tion… marque le retour de Gess en tant qu’auteur complet (le dernier Teddy Bear date de 1995). Signe des temps, il ne signe pas une histoire SF mais un récit policier avec des touches fantas­tiques dans une ambiance histo­rique alter­na­tive (ça se déroule à la Belle Époque mais le récit n’a pas vocation histo­rique). Et il a la grande délica­tesse de ne pas nous prendre pour des jambons.

Gess s’est donné de la place (190 pages) pour dévelop­per un person­nage intri­gant, un peu falôt physi­que­ment et amoureux de la poésie baude­lé­rienne. Babel rêve de sauver son amie d’enfance Filoche de la prosti­tu­tion mais sa vie est entiè­re­ment contrô­lée par la Pieuvre. Son destin semble scellé et il va tenter d’y échapper.

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J’avoue que j’ai pris un plaisir rare à la lecture : Gess a soigneu­se­ment dévelop­pé ses person­nages, princi­paux et secon­daires. Les dialogues prennent le temps de la digres­sions et l’ensemble respire une vraie richesse qui ne se contente pas du décorum. Babel et ses amis prennent vie sous nos yeux avec leurs faiblesses, les poèmes qu’ils préfèrent, leurs souffrances et leurs espoirs.
Si je m’y connais­sais en comics, je dirais que c’est une sorte de comics à la française par son mélange d’action, de temps de parole pour poser les person­nages et d’onirisme, le tout adossé à un dessin méticu­leux et réaliste.

Si le fond m’a enchan­té, je suis moins fan de la forme (comme pour les comics ?) notam­ment la maquette et certains choix (puisque Babel parle toutes les langues, il échange avec les gens en français plus une indica­tion de la langue parlée et au bout du dixième astérix, je couinais). Enfin, La malédic­tion… est le premier tome d’une série et, du coup, tout ne se résoud pas au bout des 190 pages, ce qui est assez frustrant vu la densi­té de l’ouvrage 1.

Une BD constam­ment surpre­nante qui évite constam­ment les clichés et qui ne se contente pas de quelques pauvres idées. Je suis sûr que les amateurs d’ Alan Moore vont kiffer.

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  1. en fait, Gess m’a fait remar­quer qu’il avait bien tout bouclé mais il faut croire que j’espérais autre chose. 
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11 commentaires

  1. « Je suis sûr que les amateurs d’Alan Moore vont kiffer. »
    Ca dépend : le monde des amateurs d’Alan Moore se divise en deux catégo­ries : ceux d’avant et ceux d’après que Lovecraft l’ait rendu fou.
    http://​johnwar​sen​.blogspot​.fr/​2​0​1​5​/​1​2​/​p​e​t​i​t​s​-​d​e​m​o​n​n​e​a​u​x​-​d​e​-​n​o​s​-​c​o​n​t​r​e​e​s​-​1​4​.​h​tml
    C’est sûr que ceux d’après n’en feront qu’une bouchée, de la Pieuvre.
    https://i.kinja-img.com/gawker-media/image/upload/18qizuwi32auljpg.jpg

  2. Je me suis conten­té des trucs qui m’intéressaient chez Moore. Mais sa propen­sion à choisir des dessi­na­teurs pas fabuleux m’a empêché de lire Fom Hell ou V pour Vendet­ta ou Lost Girls. Il m’a fallut d’ailleurs beaucoup de temps pour avoir le courage de me frotter aux Watch­men.

  3. Je comprends. Beaucoup de dessi­na­teurs franco-belges ont ainsi été rebutés par ce qu’ils ressentent comme une laideur immédiate et rédhi­bi­toire de l’uni­vers du dessin US. Enfin, c’était vrai y’a 30 ans, un peu moins mainte­nant, avec la mondia­li­sa­tion petit­mi­ckeyienne, un scéna­riste GB peut travailler avec un dessi­na­teur espagnol établi à Caracas sous influence d’illus­tra­teurs islan­dais du XIXeme siècle, ce n’est plus un problème. Merci pour ta chronique, ça a l’air très sympa, ce Gess.

    • J’ai beaucoup moins de problème avec les dessi­na­teurs US plus anciens (j’adore le travail de Kirby et j’avais kiffé sur Sienkie­wicz – et plus classiques. Franche­ment, j’aimerais bien lire From Hell mais il est m’impossible de voir le moindre intérêt graphique dans le travail de Campbell sur cet album. Sur le Wikipe­dia français, on parle du ”dessin tortu­ré” de Campbell. Tortu­ré par le remord, oui.

  4. Ha ha ! Bezian n’était pas libre, et il aurait mis 5000 ans. Y’a des fois, je passe outre l’aver­sion que m’ins­pire le dessi­na­teur, je fais confiance à l’auteur et à ses choix. D’autres fois, je me laisse attirer par le dessin, puis je pleure de la fruga­li­té de l’his­toire. T’sais quoi ? c’est des problèmes de riche.

    • Dans le cas de Moore, je n’ai absolu­ment pas confiance en ses choix. Je le soupçonne même de choisir des dessi­na­teurs faibles pour qu’ils ne fassent pas de l’ombre à son travail scéna­ris­tique. Je suis ”franqui­nien”, j’ai besoin d’un graphisme fort.

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