En 2004, Lewis Trondheim terminait les aventures de Lapinot (créé en 1992 à l’Association) en racontant la mort de son personnage et il a la bonne idée de faire vivre au cadavre du lapin sans chaussures de nouvelles aventures où il terrorise les gens en déambulant tout décomposé dans les rues.
Bah non en fait, Lapinot est en pleine forme, on va dire qu’il n’est pas mort – à part son t‑shirt. On le retrouve avec sa bande de copains enfin surtout ce gros lourd de Richard qui a le chic de déclencher, sous prétexte de la blague, des problèmes en chaîne qui vont retomber comme il se doit sur Lapinot. Les deux croisent la route de Gaspard qui a acquis la faculté de voir les auras des gens et de savoir ainsi si ils sont bons ou s’ils mentent (Lapinot étant le seul de la ville à avoir une aura sympa semble-t-il). Ce pouvoir n’est pas sans intéresser Richard qui voit des perspectives de bêtises et Nadia, l’ancienne copine de Lapinot qui a viré journaliste de news TNT aux dents longues et qui pressent un reportage intéressant.
Lorsque Lapinot était passé en 46 pages chez Dargaud, j’étais un peu marri. Trondheim avait le chic de raconter ses aventures quotidiennes dans des formats variés avec une liberté rafraîchissante et le format BD classique semblait un peu contraignant. Mais en 2017, le 46 planches franco-belge semble avoir du plomb dans l’aile, les grands éditeurs préférant tenter des coups plutôt que d’investir dans des séries, à la grande douleur des auteurs courant après des concepts mal payés et obligés de vendre leur talent pour des projets éditoriaux où ils font office d’ouvriers spécialisés. L’Association n’a plus l’influence des années 90 après les conflits qui l’ont miné et le départ de JC Menu mais il est intéressant de voir le retour de Lapinot là où il est né et dans un format qui est devenu presque punk (au passage, on notera que Trondheim perpétue ce format via sa série Ralph Azham chez Dupuis au rythme de parution moins classique par contre).
Mais comment il est cet album ? Éh bien, c’est un excellent Lapinot qui porte un regard un peu inquiet sur la société d’aujourd’hui où l’info court à l’audience et les rencontres se font par logiciel interposé. Reste que le lapin a les pieds sur terre et entend bien conserver la plus belle aura de la ville malgré les efforts de Richard pour rendre la vie plus excitante (moi aussi, il paraît que j’ai une belle aura).
Ce texte a été nominé au Grand Prix de la Meilleure Critique Contenant des Lapins et, accessoirement, publié dans le Cri du Margouillat n°31, oté kel kanyar !
L’album n° 1364 de Lewis T. avec recyclage de système de gags, personnages toujours aussi vides et creux et tournage en boucle des problématiques pas si nombreuses qui assaillent l’auteur depuis 1998 peut-il être meilleur que son album n° 1363… Vaste problématique :/
Il est très beau cet album. Mais je suis de parti pris, aimant Lewis, étant familier de sa galerie de personnages, et sensible à ses problématiques qui l’assaillent depuis 1990 sous de multiples variations. Un auteur, quoi.
J’ai beaucoup aimé aussi mais je suis de parti pris aussi parce que j’ aime souvent ce que je lis de lui.
C’est un peu le même débat qu’avec Woody Allen avant son rebond. Trondheim va-t-il trouver sa Scarlett Johansson ?
J’essaye de reconstituer l’anagramme de Brigitte Findakly avec Scarlett Johansson. C’est tendu.
Il manque des S.
Je soupçonne que ce n’est pas une anagramme, mais un cryptogramme, qu’il faut permuter les lettres de l’alphabet au moyen d’un chiffre : par exemple si le chiffre correspondant à la première lettre est 18, on obtient S, et ainsi de suite.
Tout s’explique.
Je vais relire le Cryptonomicon de Neal Stephenson pour trouver la combine.
On risque de tomber sur les Illuminati à ce rythme.
Je me demande si Richard et Totoche ne sont pas une seule et même personne…
Il se trouve que je connais en vrai Totoche et il ne ressemble en rien à Richard.
Assez d’accord avec Nathalie.
Extrêmement déçu par ce retour… trop attendu peut-être ? Dans mon souvenir les précédents tomes ne m’avaient pas laissé cette impression de naïveté et de facilité…
Lewis explique qu’il écrit ses scénars très rapidement…, là franchement je trouve que ça se voit…
Même Richard ne m’a pas fait rire, contrairement à Julien !
Je suis désolé d’être aussi critique d’autant que j’apprécie Lewis et qu’il m’a fait une superbe dédicace dans cet album : J’ai honte … (contrairement à Richard ;-) )
Ah, ben nous ne sommes pas d’accord alors.