Le mystère du monde quantique (Thibault Damour & Matthieu Burniat)
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais la BD d’aujourd’hui se pique d’expliquer le monde à ses lecteurs. L’histoire du Moyen Orient, la cuisine moléculaire et les grèves en mai 68, tout y passe. On serait tenté d’imaginer auteurs et directeurs de collection fouinant à travers le Web à la recherche d’un sujet pas abordé ‑ ou abordé avec succès.
Le lecteur moyen semble ravi : il peut se cultiver à peu de frais et de manière plutôt agréable. Les journalistes sont super ravis : enfin des albums dont ils comprennent la thématique et l’univers et ils peuvent ajouter « le graphisme est particulièrement adapté à l’histoire » pour faire passer leur absence d’analyse sur le dessin – un truc qu’on ne leur a pas appris à l’école de journalisme.
Moi, je suis ultra ravi parce que j’évite d’acheter ce genre d’album que je lirai une fois dans ma vie et je préfère encore lire un bouquin, visionner un documentaire à la télé voire aller au cinéma. Mais, quelque fois la curiosité est plus forte.
Par exemple, le monde quantique, voilà un sujet qui va faire mal au crâne du lecteur moyen, du journaliste basique et à ma tête à moi, malgré mon DEUG sciences.
Thibault Damour, physicien reconnu et Matthieu Burniat s’appliquent donc à nous présenter la théorie quantique à travers les aventures de Bob, aventurier fameux qui a vu son chien Rick se faire atomiser par une météorite sur la Lune. C’est que le physique quantique, à la recherche de la nature de l’Univers et notamment celle de la lumière, théorise la possibilité de mondes parallèles ‑ tout ça est question de probabilité. Bob va donc croiser à travers le temps et l’espace les grands physiciens qui ont théorisé la matière (l’atome, l’électron, la lumière, tout ça).
Je serai honnête, malgré mes bagages scientifiques, je ne pense pas avoir vraiment bien compris la théorie quantique à la suite de cette lecture mais, franchement, le contraire aurait été pour le moins incongru vu la complexité de la chose. Néanmoins, le lecteur aura une bonne idée de l’évolution de la recherche scientifique à ce sujet et ses débouchés fascinants ‑ parce que, oui, il existe un univers parallèle où les auteurs BD sont bien payés.
Au final, c’est surtout un album BD qui m’a excité prodigieusement. Burniat avait déjà fait un super boulot avec sa passion de Dodin-Bouffant mais, là, il réalise des prodiges d’invention pour faire passer le message, développant un magnifique travail graphique qui lorgne plus du côté du comics indépendant US que de l’oncle Paul. L’album de l’année ?
Francis Masse fut le premier,non,dans la physique quantique..?(et Goossens aurait pu)
Finalement,l’air de rien,nous sommes revenus à l’idée de tout expliquer ”en bédé”,pass’que c’est plus facile en bédé…Pourquoi pas.Et ça passe mieux dans ”la tête au carré” qu’un tif & tondu.
Et puis,avec le même air de rien,par le Biopic,nous sommes revenus aux vies des saints (entre autres) brossées sagement mais noblement chez Fleurus,Bayard,Milan ou Vaillant (pas pour les Saints)
Cela dit je veux bien partager ton enthousiasme:le livre semble très prometteur,ton billet,communicatif.
Je ne vais pas me moquer, je travaille sur une vie du Christ chez Bayard :-) Je ne connais le travail de Masse que par fragments. Il faudra que je m’y replonge mais ça demande un certain courage.