Michel Plessix est décédé le 21 août et ça m’a fait un petit coup au cœur de l’apprendre. C’est un des premiers auteurs professionnels que j’ai rencontrés (chez lui d’ailleurs, grâce à Emmanuel Lepage) et j’avais été frappé par sa douceur et sa gentillesse. C’était toujours un plaisir de le croiser et de discuter avec lui.
Côté BD, j’avais découvert Julien Boisvert avec intérêt et Le vent dans les saules semblait fait pour moi. Une BD animalière méticuleusement dessinée avec une touche british old school. Mais je n’ai finalement jamais complètement adhéré. Trop de voix off, des personnages qui me laissaient un peu froid (des célibataires britanniques dans la campagne anglaise avec de minuscules aventures). En tant que fan déclaré de Macherot, je n’y retrouvais pas mon compte mais j’ai acheté les albums, admiratif du détail (Plessix est le genre de dessinateur qui veut tout représenter de son univers, quitte à en faire un peu too much), épaté par la délicatesse des couleurs et sa vision de la nature. Il représente à mes yeux ce que la BD franco-belge peut faire de mieux : des albums de 46 pages travaillés avec patience et culture, au service d’un large public. Une espèce d’artisanat d’art en voie de disparition accélérée.
Je sais que ses histoires n’étaient pas pour moi (qui suis un esprit aigri et moqueur) mais je regrette ne pas avoir eu plus l’occasion de discuter avec lui, il avait sûrement plein de choses à m’apprendre sur la BD et le reste. Je n’ai pas acheté son dernier album Là où vont les fourmis scénarisé par Franck Le Gall, un peu inquiet d’être déçu. Je voulais faire un petit dessin hommage (j’en ai fait un) mais ça ne fonctionnait pas bien. J’essaierai d’en faire un monstrueux hommage.
Le premier tome du Vent dans les saules avait été un choc pour moi (et j’ai biberonné Julien Boisvert toute mon adolescence). Il y a quelque chose de paradoxal dans ce dessin à la fois très fouillé et pourtant léger (l’encrage au crayon n’y est sûrement pas pour rien). Plessix avait aussi des cadrages assez peu conventionnels, qui mixaient influences picturales et cinématographiques sans virer à l’épate, il y avait un équilibre assez génial là-dedans.
Pour moi, ses cadrages rappellent un peu le travail de Giraud sur Blueberry. Ça lui permettait d’ouvrir ses cases mais ce n’était pas toujours au service du récit à mon goût.
Sur Julien Boisvert ça allait peut-être un peu trop loin parfois mais sur Le vent dans les saules ça me semblait bien équilibré.
J’ai essayé de relire Du vent dans les sables hier soir et je ne trouve pas ça facile.
Doux hommage,avec l’émotion partagée.Cet amoureux de Bilibine,Dulac etEdith Olden avait su tirer de son style patient,gracieux le bonheur acharné de raconter des histoires.
J’ai lu avec passion Boisvert comme j’ai tant aimé Névé,Théodore Poussin…Il se passait ”quelque chose”;j’ai tellement aimé ça…
On n’avait pas l’impression d’être volé. C’est vrai que Plessix avait une grande culture graphique.
En voilà un dont les animaux personnifiés sont passés pour moi à l’époque comme une lettre à la poste, alors que je suis habituellement très réfractaire à ce genre. Un grand poète et ”maestro” nous quitte là.
Ils ont le bon goût de vivre quasiment dans leur milieu naturel.
Et quel type adorable!!!
Oui, une crème d’homme.