La nouvelle de la reprise des séries Donjon de Sfar et Trondheim a été une déflagration dans l’univers policé des toiletteurs pour chiens. Enfin, à ce que l’on m’a dit. Mon fiston a fait une espèce de grimace. Moi-même je me me suis rappelé d’albums à bout de souffle, de one-shot tellement référencés qu’on s’y perdait. Mais, sacrebleu, Donjon c’était aussi les fabuleux Potron-minet de Blain à son meilleur, des Parade rigolos, quelques Monster marquants. À un moment où la fantasy façon Soleil semble avoir pris du plomb dans l’aile, c’est peut-être une bonne idée finalement de relancer une licence qui a encore ses fans.
Deux chiens et pas de bateau
J’ai acheté les deux albums en librairie mais je n’ai lu pour l’instant que le premier volume L’armée du Crâne d’une nouvelle série Antipodes dessinée par Grégory Panaccione. Panaccione est connu pour sa rapidité de dessin associé à des personnages très expressifs et ça m’a tout de suite semblé une bonne idée.
Peaux vertes et elfes se font la guerre comme il se doit, accompagnés de leurs fidèles compagnons canins. Mais que se passe-t-il lorsque deux chiens se retrouvent orphelins de leur maître sur le champ de bataille ? Ils forment une confrérie et cherchent la vengeance.
Ben moi je me suis beaucoup amusé à découvrir ces deux personnages complémentaires un peu couillons et très attachants. Et je me suis rappelé une remarque du fiston « Ce n’est pas une vraie aventure Donjon, c’est de la fantasy classique ». Et il a raison en fait : Donjon c’est une fantasy avec des personnages animaliers genre Donald au pays des ogres. Et là on se retrouve avec des figures classiques (orcs et elfes) mais j’imagine que le fait que les cabots trouvent le moyen de parler comme des humains va nous permettre de se rattacher aux autres cycles. J’imagine.
Je vais quand même finir par une petite remarque au niveau dessin. Quand on dessine des aventures classiques à l’ancienne, on se retrouve à représenter des tavernes, un lieu de rencontres exotiques qui annoncent des quêtes excitantes. J’en ai fait quelques unes dans Tschaï ou des projets westerns et il faut souvent se creuser le ciboulot pour être un peu original. Panaccione a évacué cet écueil de manière un peu cavalière et, en règle générale, semble moins à l’aise avec les scènes qui pourraient être impressionnantes. Un petit peu dommage car c’était toujours un plaisir de voir des dessinateurs pas catalogués fantasy réaliser des diaporamas à couper le souffle dans Donjon ou proposer une approche très différente des classiques de l’imaginaire habituel un peu cliché.
Pour la suite du Donjon classique, j’ai un peu peur de m’y colleter, je ne suis même pas sûr d’avoir tous les tomes.
”j’imagine que le fait que les cabots trouvent le moyen de parler comme des humains va nous permettre de se rattacher aux autres cycles.”… Les animaux qui se mettent à parler et marcher sur 2 jambes, je trouvais ça relativement explicite dans le genre ”origin story”, non ?
Oui mais on passe d’une poudre magique à tout un univers. On verra bien comment ils s’en tirent avec ça.
Trondheim fait un remake de son album Walter avec le sac de poudre qui tombe dans un feu et se répand en fumée et c’est bon.
Tu spoiles trop :-) J’espère que ça sera plus élaboré que ça. J’ai lu une interview où il explique que Sfar et lui mettent une semaine à écrire un scénario et dans le cas du Donjon/Boulet, j’ai l’impression qu’ils n’ont mis que deux jours. Ça m’a bien refroidi.
On reconnaît bien les tics d’écriture de Sfar (et Trondheim) dans cet album, mais miraculeusement ça passe.
Même la voix off qui alourdissait beaucoup le Monster de Nine arrive ici à fonctionner…
J’avoue que j’ai laissé tomber.