Il m’en aura fallu du temps pour me décider à lire le comics culte d’Alan Moore et Dave Gibbons. Vous me connaissez, les types en slip avec une cape, ce n’est pas trop ma tasse de thé et les différents formats des différentes éditions revenaient trop cher. D’un autre côté, le travail de Moore m’intéresse et j’attendais la bonne occasion pour rattraper mon retard. La sortie du film accompagnée d’un pavé à 15 € m’a définitivement convaincu – enfin, une fois que j’ai réussi à le dégotter puisqu’il est annoncé épuisé.
Déjà, première bonne surprise, ce n’est pas une histoire de super héros mais de ”héros costumé”. C’est à dire des hommes et des femmes sans super pouvoir mais une envie d’en découdre avec des méchants. Moore décrit très bien ce besoin de se battre quelles que soient les raisons, bonnes ou mauvaises, de se trouver des ennemis, d’être reconnu comme étant du bon côté. Même s’il faut enfiler un costume ridicule. Sauf que voilà, un scientifique victime d’un accident devient lui un super humain et rend d’un coup bien ringard les héros costumé. Comment vivre au quotidien cette espèce de déchéance, cette perte de l’innocence ? Seule la mort de l’un deux va les sortir de leur retraite pour affronter un complot implacable… et assumer leurs choix de vie.
Y’a pas à dire, c’est du cousu main, du point de dentelles de Bruges (ou de Cilaos), un scénario aux petits oignons. Chaque personnage fait avancer le récit, chaque révélation est soigneusement distillée, rien n’est poussé de manière artificielle, Moore fait un grand travail de scénariste. Se payant même le luxe de raconter une seconde histoire à l’intérieur de la première en imaginant que la déchéance des super héros de comics amène l’émergence de magazines au thème pirates. Tout le monde a vanté le système de transitions graphiques et narratives mais c’est peut-être la partie la plus artificielle du comics. Je retiendrai surtout que Moore a littéralement retourné le concept dépassé (et ridicule) de l’ effet papillon pour conclure son histoire et que la noirceur de l’univers qui peut sembler artificielle est parfaitement justifiée par le concept global. Seul bémol pour le lecteur d’aujourd’hui : le scénario écrit dans les années 80 fait largement écho aux soubresauts de cette période et il n’est pas sûr que la jeunesse capte bien toutes les subtilités.
Passons au dessin. Une des raisons de mon peu d’empressement à lire Watchmen, c’est aussi le dessin. Moore est connu pour éviter de travailler en général avec des dessinateurs virtuoses pour ses projets d’envergure (je n’ai d’ailleurs jamais réussi à finir From Hell, je me suis arrêté à ces fichues mouettes qui ressemblent à des papiers mouchoirs mal dessinés) et Gibbons est franchement raide dans son dessin. On se retrouve avec un New York de carton pâte digne d’une série télé tournée en studio, des bonnes femmes au physique un peu bancal et ne parlons pas des couleurs qui piquent fort les yeux. Les fans ont passé outre en spéculant que ça faisait sûrement partie du projet mais je reste quand même sceptique. Reste que ce dessin carré est idéal pour gérer efficacement le travail de narration complexe parfaitement découpé, qu’il y a une belle gestion des ombres et les scènes visuellement importantes sont parfaitement assumées.
Au final, si vous hésitez encore à le lire comme je l’ai fait pendant des années, tentez l’expérience et passez un moment de franche camaraderie avec l’ami Rorschach, un gentil héros positif, l’ami des enfants et des toutous.
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C’est bizarre, je suis plutôt d’accord avec toi, qu’est-ce qui arrive ?
Sans blague, c’est vrai que les dessinateurs de Moore pourraient être mieux choisis. Mais il y a bien pire que From Hell (en fait, pour moi le haut du panier vu le reste).
Me parlez pas de ”FROM HELL”,c’est l’une de mes déceptions les plus…Couteuses(avec un cauchemar éveillé:Songer à ce que cela donnerait dessiné par Bodart,Blutch,David B…;bref du parasitage qui parasita ma lecture).Trés bon papier,en tout cas,qui va épauler les frileux comme moi,vers le droit chemin…
Je n’avais jamais lu les watchmen pour les mêmes raisons que toi et je me suis motivé quand un pote à moi est venu l’acheter ici, pour l’avoir en VO. Je n’ai pas regretté non plus, du coup tout comme Oslav je te rejoins complètement dans ce que tu dis.
Et from Hell, chaque fois que je le vois je me dis que je devrais, mais rien à faire le dessin me bloque. Raah.
Bon, si tout le monde est d’accord, je vais tâcher de trouver un sujet qui fâche – ça me fait penser que je pourrai peut-être réessayer From Hell.
Bandes de ringard, c’est fou, ça, découvrir Watchmen au début du 3e millénaire ! Et V For Vendetta, c’est pour 2050 ?
(ça va mieux comme ça, Li-an, ou un peu plus agressif, dis moi je module)
Bon, je vais faire mon coming out, je lis tout ce qui a pu être écrit par Moore, même ses comics les plus easy comme Tom Strong. En fait, les dessinateurs qui s’en tirent le mieux sont sans doute ceux de Top Ten et de Promethea publiés chez Panini, rien à voir Blutch ou Li-an mais assez plaisant (et moins rédhibitoire).
Moi aussi, j’ai lu Watchmen avec du retard (l’année dernière)…Je viens rejoindre les partisans de cette oeuvre culte…oui, c’est un vraiment un chef-d’oeuvre de la bd .… Il serait temps que j’attaque FROM HELL
Il faut bien que quelqu’un ne soit pas d’accord … alors je me dévoue.
J’avoue donc avoir apprécié FROM HELL (même si j’ai dû m’accrocher) tout autant que les WATCHMEN. Bien sûr, c’est d’abord en raison de la puissance de leur scénario. Il y a dans ces histoires une logique de construction, une finesse des situations, une complexité des portraits et une minutie des détails qui rend l’intrigue passionnante. Il y a aussi ce pessimisme qui découle d’une intelligente confrontation au réel et qui ne me parait jamais artificielle. Moore défend, je pense, certaines de ses idées (je n’ai jamais cherché à aprofondir la question) à travers ses histoires et c’est probablement cela qui leur donne cette consistance. Et puis, dans Watchmen, il y a encore ce supplément ludique, ce comic book à l’intérieur du comic book, cette mise en abyme narquoise de la BD (et du lecteur de bande dessinée) qui symbolise cette prise de distance du scénariste, et cette volonté de dépasser le simple récit de super-héros.
Bien sûr, le dessin de Gibbons n’est pas transcendant, mais il est totalement au service de l’histoire. Malgré tout de qu’on peut en dire (de mal), je ne peux plus imaginer un autre dessinateur pour cette histoire. D’ailleurs, je me demande bien ce que WATCHMEN va donner en film. Il y aura peut être plus d’images spectaculaires mais est-ce bien nécessaire ? La simplicité des figures reste bienvenue dans cette histoire sophistiquée.
Pour FROM HELL, je vous trouve sévères avec Campbell. Je ne vais pas trop développer, mais je trouve qu’il dessine avec une certaine efficacité la noirceur du monde qui entoure Jack l’Eventreur.
Bon, je ne vais pas entamer ici une chronique ;-)
Bravo Raymond pour cette analyse très juste. Si l’on n’admire pas les livres de Moore pour leur dessin, que ça soit Campbell, Gibbons,et les autres, ils servent le récit.
@Raymond : si on arrive à dépasser la pauvreté du dessin pour rentrer dans l’histoire, je comprends que ça ne pose pas problème mais si on reste étranger à l’histoire à cause du dessin, je trouve qu’il y a un problème. Mais bon, je suis un dessinateur, j’ai peut-être un regard biaisé.
”Mais bon, je suis un dessinateur, j’ai peut-être un regard biaisé.”
Ben.… heu oui. Moi aussi ça m’a un peu rebuté dès les premières pages pages mais dès qu’on est dedans, on ne s’arrête plus ! J’ai commencé à le lire à 22 h pour le terminer vers 1h30 du matin. C’est rare : ça m’a vachement accroché !! C’est le genre de chose que je ne retrouve pas dans des bouquins très graphique comme .. heu, Ashley Wood, Paul Pope ou Terada. Je suis comme Li-An, j’achète des livres beaucoup pour les images et parfois pour l’histoire.… Alan Moore doit il être un exemple dans la BD ? C’est lui qui a fait le découpage ?
Ah ah, moi aussi j’ai ce gros pavé de From Hell non lu sur mes étagères. Un jour peut-être…
J’ai l’impression que c’est un des albums les plus possédés et moins lus avec Jimmy Corrigan.
@urbatrof : les scénarios de ces auteurs ne sont pas assez consistants (Terada il n’y a même pas de scénario :-)).
J’ignore si Moore doit être un exemple mais le découpage doit se faire sous ses ordres vu le travail réalisé par Gibbons par la suite.
Li-An : je pense qu’il faut savoir dépasser l’aspect ”purement dessin” en BD. Un dessinateur brillant possédera bien sûr toujours un pouvoir supplémentaire d’attraction et j’admets acheter parfois certains livres uniquement parce j’aime l’artiste, mais la bande dessinée ne se résume pas à cela. Il y a beaucoup de ”bons artisans” qui ne sont pas de grands illustrateurs mais qui sont habiles à mettre un récit en images. On trouve par ailleurs de plus en plus (en librairie) de ces livres qui ont une belle apparence et qui se révélent décevants (ou futiles) à la lecture. Je crois que l’organisation d’un récit en image (le fameux ”art séquentiel”) est un art en soi qui implique un dosage intelligent de graphisme et de texte. Si l’une des deux composantes domine trop, la BD perd souvent son charme.
Oui, je comprends tout à fait ce point de vue mais dans mon cas, un dessin faible c’est comme un jeu d’acteur déficient ou une mise en scène bancale au cinéma. Le meilleur scénario du monde peut en souffrir.
Mais je pense, comme Trondheim parait-il, que les auteurs BD les plus excitants sont les auteurs complets. Et comme Franquin, il me faut un dessin fort pour entrer dans une histoire. C’est aussi un réglage personnel. Les gens réagissent au rapport dessin/scénario en fonction aussi de leur culture.
Deux bouquins très passionnants rt que je relis sans cesse : ”L’art invisible” et ”Faire de la BD” de Scott Mac Cloud .…. très passionnant et pourtant dessins à milles lieux de mes goûts persos. Qoique à l’intérieur de ces livres il y a des graphisme divergent pour appuyer ses propos.…. Ce qui revient à me demander et à réfléchir sur le lien dessin/scénario : Peut-on raconter tout avec n’importe quel graphisme ?
Si je prend l’exemple de MAUS , on pourrait dire que oui.… non ?
WATCHMEN aurait-il été la même chose avec un dessin type manga shojo ? (oui, là je vais loin !)
Je suis d’accord avec Li-An sur la primauté du dessin en BD. C’est malheureux, mais c’est comme ça : c’est la première chose qui va attirer (ou repousser) l’œil du lecteur. L’idée selon laquelle ce qui compte est que l’histoire soit bonne, ça vaut peau de balle, moi je dis c’est juste gâcher. Et j’en arrive à cette conclusion après des années de fanzinat acharné, alors vous pouvez me croire !
Oui, on peut au fond utiliser n’importe quel graphisme. La question est de savoir quel est le projet des auteurs : divertissement pur, développement d’un monde personnel, recherches graphiques ? Un autre point important (à mon goût) est de savoir si le style est cohérent avec le but recherché ?
On trouve de plus en plus de BD au graphisme ”tape à l’oeil” (voir certains comic book USA actuels) qui nous racontent de banales histoires de Spiderman ou Superman, et qui offrent ainsi un décalage ridicule entre le but et les moyens utilisés.
Hergé a montré qu’une certaine sobriété dans le dessin permettait de mieux développer un récit. C’est, je crois, le mérite de Gibbons quand il dessine les WATCHMEN.
@urbatrof : je pense que par définition, le dessin apporte autre chose que ce que dit le scénario. On pourra comparer par exemple les différentes versions de Tintin : je préfère la version noir et blanc du Lotus Bleu que je trouve plus poétique, plus vivante. Et pourtant c’est strictement la même histoire.
D’un autre côté, je suis d’accord avec toi sur le côté saoûlant de certains comics à la belle parure mais sans grand fond.
@Raymond : attention, tu entres là dans un autre débat ! Le ”beau dessin” BD n’est pas le même que celui utilisé en illustration par exemple. Hergé fait du beau dessin BD ! C’est même magnifique ce qu’il fait. Dans le cas de Gibbons je suis un peu critique parce que je ne crois pas du tout dans le New-York qu’il représente. C’est vraiment une représentation bateau qui est juste prétexte sans que cette simplification n’apporte quoi que ce soit de plus (ambiance, efficacité ou narration). Hergé est sobre dans le Lotus Bleu mais il crée un univers solide.
ELEKTRA de Miller et Sienkiewitcz(malgré la beauté absolue,attirante du travail du dessinateur)se défend aussi pas mal dans le genre pas lu/pas fini…Et ce n’est pas(à part les BILAL)par snobisme que les gens ont acheté ces livres pré-cités…Quand on dit dessin,on inclue AUSSI la mise en couleurs,n’est-ce pas!?La réticence vient souvent de cet aspect…Je suis un cas plus désespérant/péré encore avec mon dégout,et ma frilosité face à certains bouquins pour la couverture,ou la maquette(hors bd);et je ne suis pas certain qu’il faille culpabiliser de rejeter ou aimer un livre d’abord pour son caractère graphique…Pour finir je crois que la sobriété d’un Hergé,Guibert ou Will n’est pas exempt d’harmonie,de beauté et de subtilités là où un Campbell ou Gibbons m’apparaissent surtout faibles et boursoufflés;pompeux ?
Pour pimenter le débat, je dirai pour rejoindre Julien que parfois en effet les couleurs jouent beaucoup dans cette appréciation ”coup d’oeil” du dessin d’une BD. Mais par exemple dans l’Incal, les couleurs de Chaland ne me plaisent pas, mais ne m’ont pas empêché d’apprécier le reste à sa juste valeur.
@Glorb : j’espère que tu ne préfèrais pas les suivantes… Mais je n’ai pas de souvenirs en tête de couleurs qui ait vraiment gâché mes plaisirs de lecture (je veux dire en lisant des BD qui me plaisaient).
@julien : ah, je l’ai lu celui-là. Mais j’étais assez fan de Sienkewicz à une époque.
@Oslav Boum : tiens, j’ai oublié de répondre à celui-là. Toujours pas lu Vendetta (dessin en effet). Strong ne m’a pas fait grand effet. Top Ten m’a par contre beaucoup plu (d’ailleurs il me manque le tome 1 si quelqu’un veut s’en débarasser :-)). Promethea bof.
@Li-an : Tu parles de celles de beltran dans les rééditions ou de celles de l’incal d’origine dans les derniers tomes ? J’ai préféré celles de Janjetov à celles de Chaland. Beltran, beuerk. D’ailleurs valérie Beltrand (?) plutot.
Je ne suis pas un fan des couleurs de Janjetov en général. Et oui, Valérie Beltrand plutôt que Beltran lui-même si j’ai bien compris.
”à celui là”, ça fait plaisir, si, si. Promethea est peu gonflant par moment, faut s’accrocher certes. Tu as lu 49ers, le prequel de Top Ten, un de ses meilleurs.
Attention : lecture énervante !
Ouimmm boooonn…
Gibbons ? Campbell ?… pas motivant ??
Mais je vous signale que l’on parle du médium bande dessinée ici quand même.
Or chacun sait que comme il a d’ailleurs déjà été dit plus haut, ce genre là est l’association du dessin et d’un scénar bêton.
La fameuse phrase ”un mauvais scénario ne rattrapera jamais un bon dessin” est celle qui faut retenir.
Pour ma part j’ai acheté le premier tome des Watchmen à sa sortie puis n’ai pas continué faute de thunes, et parce qu’à l’époque, il faut avouer qu’un ado comme moi bien que passionné avait un peu de mal quand même avec ces scénarios quelque peu embrouillés et nouveaux.(mais néanmoins épatants)
N’empêche que quand ”From hell” a paru il y a moins longtemps, j’ai sauté dessus et j’ai pris une grosse claque, même si le dessin n’était pas super engageant.
Ca reste quand même une prouesse de narration graphique, et excusez-moi, mais le récit est génial.
…A l’inverse, peut-on me dire quand Hergé (que je respecte beaucoup, j’ai d’ailleurs fait partie deux ans des Amis d’hergé) à illustré une histoire autre que les siennes et sur un volume de plus de 300 pages ?
Je ne sais pas si il aurait respecté les timings et la même qualité du début à la fin.
La ligne claire, vue de France et de Belgique ; c’est cool, mais maintenant que j’en parle,il faut quand même admettre que c’est un peu un truc de mecs qui n’ont pas grand chose d’autre à faire que de se regarder le nombril, non ? (là je me fais carrément l’avocat du diable,car je suis un fan de Chaland, Benoit, Clerc, Hergé et toute la clique). Mais bon, allez parler de ça aux studios nippons ou américains… on a pas les mêmes repères il me semble.
C’est sûr que s’appliquer à faire une belle case en noir et blanc bien carrée sur un album de 47 planches, genre ”Le lotus bleu”, ça le fait… mais bon, Jean Giraud restera sans doute finalement dans ce domaine celui qui aura le plus compris le délire en variant les styles et en acceptant de faire des récits allant au delà de ces formats classiques (cf. le Garage hermétique par exemple), sans se prendre le but. Et il continue le bougre.
Alors… comparer récits graphiques et illustrations… ne sera jamais à mon avis un débat où l’on pourra tomber d’accord. Ce sont bien deux univers différents, comme l’a déjà fait remarquer Raymond.
… Bon bein voilà, j’ai foutu mon bordel.
Sans rancune.
Oui, bon, il y a quand même beaucoup de daubes dans les mangas et les comics. À mon avis à peu près la même proportion que pour la BD franco belge (c’est un peu comme les jolies filles mais c’est un autre débat). Et le Lotus Bleu original a 115 pages (et 62 en couleurs) (donc exemple à côté de la plaque). Et si la durée est plus important que le reste, Guerre et Paix de Dostoïevski est plus intéressant que la moindre nouvelle de Borgès. Ce qui me parait un peu idiot comme comparaison. Combien de chef d’œuvres en 46 pl pour Moore ?
Bon bref, pour moi, il n’y a pas vraiment matière à débat. Déjà, il faudra que je trouve le courage de lire From Hell pour pouvoir en faire une critique raisonnée et subjective :-)
Hum…pas gentil pour les thons (oups!) ton petit commentaire entre parenthèses ;-)
Le boulot de Moore m’évoque certaines planches de Krigstein, comme dans ”la grande course”, dont on avait déjà parlé… Le découpage, le graphisme, l’action… Une influence ?
Je pense que ce n’est pas ici qu’on en a parlé (ah zut, on ne peut pas faire de recherche sur les commentaires). Mais la manière de décomposer l’action est du même tonneau sans aucun doute.
Qu’est-ce que tu as contre le thon ? C’est bon le thon :-)
Ah myard, ma mémoire, je donnerais pourtant ma tête à couper (ou autre chose) qu’on a parlé ici de Kriegstein ! Maisouestcequecétaitildonc ?
Un jour j’installerai peut-être un moteur de recherche Google sur ce blog mais les résultats sont assez laids et peu pratiques à utiliser.
http://www.youtube.com/watch?v=YDDHHrt6l4w
J’ai vraiment cru à un truc officiel pour vendre des jouets… Avec ces Américains des États-Unis tout est possible…
Salut tout le monde,
Dis donc, ce qu’on entend pas sur ce pauvre Gibbons, et pas qu’ici !
Moi je trouve que c’est un dessinateur plus que solide, Li-An parle de ”jeu des acteurs”, moi c’est une des choses que j’apprécie le plus dans Watchmen la qualité d’émotions qu’on lit sur les visages des personnages. Par exemple dans les scènes d’entretien entre Rorshach et son Psy, je trouve que l’expression du visage de Rorshach, un peu éteint à une qualité pas si évidente à produire pour un dessinateur.
Quand au New-York pas crédible… Je ne sais pas. On le sens quand même pas si mal, ce carrefour, avec la petite boutique de journeaux, ou tous les personnages finissent par se croiser.
Le dessin de Gibbons a, à mon sens, une autre qualité c’est de fonctionner, comment dire ? Comme un ”dessin dans le dessin”, c’est à dire que si on imagine une bande dessinée de super-héros dans le contexte du 1985 uchronique de Watchmen, on peut imaginer qu’elle ressemblerait plus au dessin de Gibbons qu’à un dessinateur avec plus de personnalité. De là à dire que Watchmen aurait été aussi bien dessiné par Francq, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai sans doute pas !
Donc je vois presque le dessin de Gibbons comme une sorte de mise en abime supplémentaire.
Si les transitions ont pu te paraitre artificielles, Li-An, c’est peut-être un peu dû à la qualité de la traduction de Panini, simplement épouvantable !
Dernier mot sur les couleurs.
C’est bien simple, moi je les adore !
L’édition Zenda avait pour elle la traduction de Manchette, mais les couleurs… aïe ! Les rouges étaient roses !
Là, ils ont tout bien remis à l’endroit.
Franchement, la couleur en BD, ça peut se limiter à des jolis camaïeus sur fond mi-teinte, non ?
Je ne vois pas quel problème posent les couleurs de John Higgins.
Le comédien, se découpant en rouge lorsqu’il passe la fenêtre, c’est quand même puissant comme image, non ?
Allez, je vous laisse,j’ai dejà ait bien trop long ! on parlera des BEAUX dessins de Campbell une autre fois.
P.S/ pour ceux que ça interesse, il y a un très beau/bon livre de Gibbons sur son travail, qui s’appelle Watching the Watchmen, dans lequel on découvre un peu les coulisses… Les essais de costumes de Rorshach sont assez marrants, on a echappé à un costume ”intégral” genre spider-man noir…
Je reconnais que l’on peut voir le dessin un peu figé de Gibbons comme une sorte d’hommage à l’Âge d’Or du comics US. Mais ce n’est pas si évident. Était-ce vraiment volontaire ? :-). D’ailleurs je n’ai pas dit QUE du mal de son dessin qui se révèle très efficace dans beaucoup de scènes (notamment les scènes importantes et visuelles). De la même manière, les couleurs fonctionnent très bien à certains moments. Mais ce n’est pas toujours le cas malheureusement (mais j’avais peut-être des larmes dans les yeux et je ne m’en rendais pas compte :-))
Par contre je découvre avec horreur que je n’ai pas la traduction de Manchette et du coup ça me déprime un peu. Il n’y a pas de problèmes particuliers de transition dans cette version, c’est juste que ça devient un peu trop conceptuel alors que l’histoire tient très bien sans (mais je peux changer d’avis si je lis une analyse de la chose pertinente à mes yeux).
Quoiqu’il en soit, merci de ce long commentaire :-) Pour un premier, c’est très sympa.
C’est dingue d’avoir changé la traduction de Manchette. Des raisons de droit ?
Re Salut tout le monde,
Au passage, j’écris pour la première fois, mais ça fait longtemps que je suis ton blog, Li-An, et j’ai découvert grâce à toi Wolf parade, rien que pour ça, gatitude éternelle !
Pour revenir sur Watchmen, histoire de te prouver ma bonne foi, quand j’ai regardé la planche que tu as scannée, je me suis dis que la lumière rose qui tranche sur la porte, en contact direct avec un kaki quasiment de la même valeur, quand même il faut oser…
Et pour alourdir la barque de Gibbons, les couleurs sont largement de son fait, puisqu’on voit dans ”Watching the watchmen” ses indications de couleurs aux feutres.
Revenons un peu sur la nouvelle traduction, puisque je vois que ça interesse une personne ou deux, et pardon si j’écris des choses déjà connues de tous.
Donc, édition Zenda, circa 1988, assurée par JP Manchette. Rarissime, quand on y songe qu’un écrivain de ce talent se penche sur une bande-dessinée, un peu plus logique quand on sait que derrière Doug Headline, directeur de collection chez Zenda, se cache le fils de Manchette, Tristan.
J’ai l’air d’un monomaniaque, avec cette histoire de traduction, mais pas du tout !! C’est juste que j’adore Manchette, et que Watchmen, croyez-le ou pas est la première bd que j’ai lue !!
Quand on lit la traduction de Manchette, il y a un sens du rythme, de la découpe des phrases, qui ”claque”, et dont la nouvelle traduciton est totalement dépourvue.
exemple :
dialogue entre Laurie et Eddie Blake (Laurie raconte la scène au Dr Manatthan, c’est donc aussi un monologue de Laurie au Dr Manahattan.
version Manchette :
Laurie : Plutôt deux fois qu’une ! ça oui, je veux ! je veux dire quelle sorte d’homme êtes vous pour avoir à forcer une femme… l’obliger à avoir des rapports contre sa volonté…
Blake : une seule fois.
Laurie (off); une seule fois, comme si, tu sais, c’était mieux que deux fois ou cinquante ! et sa balafre… on aurait dit qu’il ricanait tout le temps.
J’avais sept scotches dans le ventre, un dans la main… Je lui ai tout balancé.
(j’espère que ceux qui me lisent peuvent se mettre les images sous les yeux… C’est dans le volume IX, planche 21.
Traduction Panini :
Laurie : Ouais absolument sûre ! enfin, quelle nullité faut-il être pour se sentir obligé de forcer les filles qui vont font envie ? de leur imposer les rapports ?
Blake : Juste une fois !
Laurie : ”Juste une fois!” comme si c’était mieux que deux ou cinquante ! en plus sa cicatrice … lui donnait toujours l’air de ricaner…
j’avais à la main mon huitième scotch… ”je l’ai balancé”.
Voilà, j’espère que l’exemple parle de lui-même !
Quand à savoir le pourquoi de ce changement, vu que cette traduction de Manchette est celle que Delcourt avait récupéré, je n’ai aucune info sur le sujet, ni une connaissance suffisante des droits éditoriaux en ce domaine… Si quelqu’un a une piste ?
P.S : j’en remets une couche… ”Combien de chefs d’oeuvres de Alan Moore en 46 pgs ?” alors au moins un : The killing Joke, ”Souriez” en V.F, bon on dépasse sans doute un peu les 46 pages, mais c’est un ”one shot” dans l’univers de Batman.
Thanks Pierre pour cet exemple probant. Quand un auteur comme Manchette fait une traduction, on la conserve, bon sang.
@pierre brrr : ah, je ne le connais pas. Peut-être me faudra-t-il essayer… (Wolf Parade ? Ça date en effet. D’ailleurs il me semble qu’ils sortent un nouvel album sous un autre nom. Il faudrait demander à Oslav :-)).
Pour ce qui est de la trad de Manchette on est en effet confronté à deux possibilités :
Oui, quelqu’un a dû avoir la lumineuse idée de trouver la première traduction poussiéreuse.
Ici, on parle de traduction mais pour qui a les moyens de lire du Moore en VO ne le regrettera pas. il y a une vraie musique dans ses textes, pas forcément facile à retranscrire. J’ai seulement lu V for Vendetta et un Top Ten (indisponible en français) en anglais et, sans tout comprendre (loin de là) je n’étais pas non plus perdu.
Dommage que mon anglais ne me permette de lire que les notices de jeux en VO… :-) En tous les cas, le fiston est content, j’ai pu dégotter le tome 1 de Top Ten.
Pour l’anglais, faut s’immerger ;)
Oui, excellent Top Ten. Ajoute 49ers et c’est un chef d’oeuvre. Si elle était sortie en cartonné (à la Watchmen, etc), cette série serait plus connue. Le dernier tome sans Moore est pas mal, moins bien, mais très divertissant.
49ers est prévu dans mes achats de 2009 (je suis obligé de programmer très large en ce moment :-)).
@pierre brrr : aïe. y a pas photo en effet. manchette vainqueur par KO.
Ça serait intéressant d’avoir un point de vue paninesque. Il n’y a pas de journaliste qui traîne par ici ?
Les watchmen, je n’ai jamais accroché à l’époque cause des couleurs criardes, du dessin pas très original. Pas mal de monde (scarce, etc) criaient au génie, mais ça restait trop dans le carcan du super-héros pour moi.
Le scénario était il est vrai novateur , le découpage était excellent , tout comme le sera l’adaptation cinema.
Dans la même veine graphique (en bd), sous de très bonnes couvertures, une tuerie d’histoire : Preacher (1997) de Garth Ennis (scénario) et Steve Dillon (dessin). A lire absolument, même si on accroche pas au dessin. C’est déjanté mais contient un lot de coup de théâtre impressionnant. Le ”Lost” des comics.
Des personnages horripilants (un vampire/ rocker frimeur par exemple) deviennent super attachants après des flash back.
Je ne suis plus fan de super héros , et pas plus de traits super épais et de décors approximatifs, mais catwoman ”le grand braquage” est un polar qui se lit très bien, avec des personnages plus proches de ce genre que du super héros.
http://www.sceneario.com/bd_1346_CATWOMAN.html
Comme je n’aime pas beaucoup Lost – mais j’avoue que j’ai tenu 10 minutes, ce qui était raconté ne m’intéressait absolument pas.
Merci en tous les cas pour les pistes…
hérétique ! J’ai toutes les saisons de LOST en coffret DVD (oui ça m’arrive !), je vais te les envoyer… tu vas pas y couper…
Alors, ça fait quoi de savoir que les scénaristes n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe sur cette !?** d’île ?
Le seul truc qui me turlupine, c’est de savoir qui est leur coiffeur.
Désolé d’avoir fait dévier sur LOST. Avec mes comparaisons hasardeuses.…
Le pire , je n’ai pu suivre cette série, l’ayant pris en cours et en loupant des épisodes, donc a rien compris !. A part qu’il y avait des flashback / coups de théâtre…
@ Urbatrof : Comme tu t’intéresse aux théories de Scott Mc Cloud, le travail graphique sur les visages de Darwyn Cooke (Catwoman/Le Grand Braquage etc) devrait t’interpeller.
C’est juste au niveau des décors, immeubles, avions, etc que je pose des réserves. (dans / Le grand braquage…)
De la stylisation, je veux bien , mais là, des fois, c’est limite foutage de gueule (une doc d’avion avant d’en dessinner un, non ?) et fait passer le Gibbons de watchmen pour un dessinateur de décor ultra maniaque.….
C’est bien, c’est que Kris fait les questions et les réponses :-)
Désolé de remettre une couche sur la différence de traduction entre Panini (par un traducteur anonyme , qui je pense c’est rendu compte qu’il n’était pas à la hauteur et a préféré faire profil bas) et celle de JP Manchette .
Mais c’est le jour et la nuit !
Des exemples comme celui donné plus haut , y en a sur toutes les pages !
La version Panini est vraiment sans saveur (voir pire)!
Si vous pouvez lire la version Zenda ou Delcourt , vous REDÉCOUVRIREZ Watchmen à sa juste valeur .
Je vais être encore plus désolé parce qu’un connoisseur de la langue anglaise m’a aussi démontré que la culture US de Manchette n’étais pas toujours à la pointe et sa traduction dans certains cas approximative voire limite contresens – exemples à l’appui. Comme quoi, le monde n’est pas parfait.
Qui dit ”traduction” , dit forcement ”adaptation” .
Bien sur , rien ne vaut la VO , et traduire , c’est ”trahir” un peu le texte original .
Un long débat aussi entre le choix de coller mot à mot sur le texte original , qui donne parfois une phrase morne en français et sans saveur ou s’éloigner un peu du texte pour garder le sens du fond de la phrase de l’auteur…
Bref comme dit plus haut , long débat .…
Mais bon pour le choix de la VF , je préfère largement une version ”approximative” de Manchette qu’une version anonyme foiré voire même ridicule dans certain moment. ;)
Personnellement, je ne me rappelle plus avoir été gêné par cette traduction. Ce qui n’est déjà pas mal :-)