Il fait chaud, j’ai la flemme… Je me sens comme un Mexicain basané. Tiens, on va parler western.
En général, vous me connaissez, ce blog est le lieu de mes enthousiasmes, jamais je ne débine mes petits camarades (sauf les riches et les médiatisés) mais bon, je m’étais aussi promis de parler de tout ce qui était western et qui tomberait sous mes yeux et je ne peux pas tout aimer. On va donc faire vite mais riche.
Junk – Brüno & Pothier (Treize Étrange)
Ça tombe bien, un recueil reprenant les deux tomes de cette histoire vient de sortir. J’ai mis beaucoup de temps à récupérer ces deux albums et les lire, un peu parce que le dessin de Brüno, c’est pas trop ma tasse de thé en ce moment – mais je sais qu’il a de grands fans. De Nicolas Pothier, je n’avais encore rien lu…
Hank Williams est un vieux bonhomme riche avec son grand ranch et il décide de relancer ses vieux compagnons – dont une nana – dans une fausse chasse au trésor confédéré. C’est qu’il y a quinze ans, l’un d’eux les a trahis… Mais voilà qu’une bande de truands se collent à leur basque.
Pothier brasse large : ton ironique assez BD nouvelle, persos typés très western spaghetti, références nombreuses (papys Eastwoodiens qui tirent leur dernière cartouche en crachant des glaires, neige silencieuse grande, trésor confédéré blueberesque ), il y a de quoi faire pour l’amateur. Mais je n’ai pas accroché. Le graphisme singulier de Brüno apporte souvent un décalage là où j’aurai aimé voir de l’ampleur, les persos ne m’ont pas passionné et la fin m’a carrément… scié ? Peut-être un peu trop de mélange pour moi.
D’un point de vue purement western, pas grand chose à dire. Le dessin de Brüno est très cohérent, ça reste sobre et de bon goût dans les décors, les fringues etc… Le scénario ne cherche pas le réalisme alors… (franchement, une nana dans la bande, ça fait trop plaisir aux féministes).
Bouncer – Boucq & Jodorowsky
À la sortie de Bouncer, j’étais ravi. Boucq était un de mes dessinateurs favoris et Jodorowsky me surprenait encore. Les longs travellings des cadrages, la férocité du trait de Boucq – qui venait de voir le projet Blueberry 1900, scénar Giraud, tomber à l’eau – le délire symbolique de Jodo, c’était quand même quelque chose… Vingt ans plus tard, je relis les deux premiers tomes de la première série et… bah.
Bouncer est manchot mais pas au tir. Lui et ses frères se sont amochés en luttant pour la possession d’un fabuleux diamant et quinze ans après le frangin fou est de retour et le neveu de Bouncer lui demande son aide.
On retrouve plein de thèmes Jodo – l’apprentissage de l’enfant amené à devenir un guerrier parfait, la famille comme lieu de combat, la quête de soi, le dépassement du handicap – des personnages azimuthés et quelques scènes bien senties mais…
Je n’arrive plus à lire du Jodo. Mon schéma de pensée n’est plus réglé sur ses longueurs d’ondes et j’ai toujours vaguement l’impression de lire la même chose. Boucq dessine ces deux premiers tomes de manière très relâchée. Un peu trop même avec des canons de revolver pas très droits et la gentille institutrice – les jolies femmes n’ont jamais été son point fort – finit par avoir une tête de cochon (littéralement, cf. la couverture du tome 2). Le réalisme magique de Jodo ne va d’ailleurs pas toujours très bien avec l’ironie féroce de Boucq et la scène d’initiation aux papillons a du mal à passer. Et je n’aime pas mais alors pas du tout les couleurs de Nicolas Fructus. Je sais bien que les goûts et les couleurs mais là, je fais un gros blocage.
Je refeuillette pour voir et je me dis ”aouh, y’a quand même des décors de ville qui ont de la gueule, sans parler des tronches de persos, bien crades” et juste après, je fais ”oula, c’est pas super joli ça”. Deux drôles d’albums. Je n’ai pas lu la suite.
Côté western, l’approche de Boucq est proche de celle de Giraud : très hollywodienne avec un côté plus prononcé spaghetti dû au scénario. Les décors et costumes sont très classiques mais la virtuosité technique de Boucq transcende tout ça.
Hell on Wheels – une série télé de Joe & Tony Gayton
Quand je passe sur les forums western (LE forum western ?), je lis à propos des derniers films westerns sortis sur grand écran : « pffff, c’est de la daube, le vrai western il faut le chercher dans les séries comme Hell on Wheels ». En voyant cette dernière débarquer sur D8 cet été (en VF only, beurk), je frétillais du colt Peacemaker. J’ai déchanté rapidement.
Hell on Wheels se situe après la guerre de Sécession : le pays est en pleine reconstruction et la liaison ferroviaire Est-Ouest est un chantier qui va transformer les États-Unis. Cullen Bohannan (belle gueule d’Anson Mount), ancien Sudiste qui a combattu côté nordiste, s’engage sur le chantier. Il va croiser un entrepreneur cynique, un ouvrier black fier et pas dupe, une belle blonde et un super méchant Suédois.
Le thème est intéressant et l’approche tendance ”crue dans le verbe” nous éloigne de la Petite maison de la prairie mais je ne crois pas avoir fini le premier épisode et j’ai zappé un peu la suite pour voir si ça s’améliorait. Il faut dire que les ficelles dramatiques sont sur écrites : les bons sont très beaux (le soleil dans les cheveux de Dominique McElligott est ravissant) et indomptables, les méchants sont vicieux et psychopathes, les politiciens pourris, les putes belles comme des actrices hollywoodiennes et les Indiens font du football américain vu leur carrure. On est loin de Deadwood qui est pourtant tout le temps cité comme référence. La gueule du héros et son look – il aurait fait un excellent Blueberry à mon avis – aurait pu séduire mon cœur de midinette mais la réalisation est vraiment planplan et fait cheap. Le campement des ouvriers qui travaillent sur la voie semble se résumer à cinq tentes plantées là et un truc qui m’a bien agacé : à n’importe quel moment de la journée, il y a des cavaliers qui passent. Même à cinq heures du matin, il y a de foutus types à cheval qui se baladent pour aller on ne sait où, genre, ”purée, il est temps de tailler la route”.
Henry Farny – Denny Carter (Watson Guptill)
J’ai découvert l’œuvre de Farny (1847 – 1916) par hasard. Né en Alsace, il suit ses parents aux États-Unis et vivra une partie de sa jeunesse à côté d’une réserve indienne. Il fait des études d’art à Cincinnati et en Europe et se spécialise dans la représentation des Natives. Il est assez étrangement peu présent dans les recueil de peintures consacrées au grand Ouest – Remington et Russell se taillant la part du lion. Il faut dire que ce n’est pas un peintre extraordinaire – il a pondu un paquet de portrait d’Indiens debout raides comme des piquets – travaillant en studio et sa thématique n’a pas dû faire rêver les foules, plus aptes à glorifier les cavaliers US et les intrépides cow-boys. Sans compter que son succès circonscrit à Cincinnati a empêché son travail de voyager et de se faire connaître. Il reste quelques belles peintures aux éclairages inspirés, des scènes insolites voire étonnantes et je soupçonne Giraud de s’en être inspiré pour quelques unes de ses images western à ambiance. Le livre que j’ai récupéré date de 1978 et comme d’habitude pour cette époque pour ces bouquins d’art, 2/3 des images sont en niveau de gris.
Damned ! La longue marche ! !!
Jamais lu bouncer.
Jodo radote depuis un moment, non ?
J’ai failli vomir en me forçant à lire Le Janitor, ça m’apprendra à lire les forums et autres sites bien pensants ;-) Je vends un tome 1 (état neuf) , faire offre. Quelle daube, quand-même.
@Totoche Tannenen : ah, toi aussi tu as pensé à la Longue marche, hein ? Même ambiance, même thème.
Ça ferait une bonne série télé
@Totoche Tannenen : ah oui, du Jodo en série télé, ça pourrait le faire finalement.
Blazes ! Déjà SIX HEURES ? Giddap, Ruby, il est temps de tailler la route.
Je suggère Deadwood pour se remettre de Hell on Wheels…
@jérôme : bah, je préfèrerai un peu de nouveauté tant qu’à faire :-)
Aaah,j’aime ces saines mauvaises humeurs!Bon,évidemment,c’est loupé pour la place de chroniqueur artistique chez Drucker ou autres…
J’ai l’impression qu’on a tous croisé de Henry Farny un jour ou l’autre.Son académisme-peut être salutaire?-l’a rendu plus déculpabilisant pour piller dedans..?
@julien : il ne faut pas m’encourager dans les dérives ronchonnesques…
Je serai quand même curieux de voir la bibliothèque de référence du vieux Gir. Ça doit être intéressant…
Hello !
Tu aurais dut mater la série ” deadwood” en fait :)
Qui a malheureusement une fin avortée mais qui , personnellement m’a passionné.
Tes dur avec le peintre : ça a de la gueule tout de même !
@olivier : je n’ai pas mis les plus moches – il y en a des vraiment pas terribles.
J’ai déjà vu Deadwood :-)
Même du Boucq relaché ça claque ! rigolo je viens de faire un peu la même démarche : lire le Junk de Brûno et Pothier et un peu frustré par la froideur du dessin Je me suis mis à relire tous les Bouncer je comprend que la sauce Jodo puisse agacer mais Boucq avec son dessin parfois un peu caricatural (surement un reste de Moucherot son personnage fétiche) transcende tout ça son Western sent la sueur ‚la tripe l’alcool et parvient à faire passer les excès ”jodorowskiens” parfois un peu pesants il est vrai, enfin ça m’a permis d’étancher ma soif de blueberry estival.Pour les gonzesses de Boucq on peu penser que dans l’ouest sauvage on devait rarement croiser des mannequins et puis elles ont l’avantage de ne pas être des stéréotypes ! (Fructus a arrèté les couleurs au tome 3) je n’ai pas encore vu Hell on wheel mais vu ce que tu en dis je vais plutôt me refaire les Deadwwood ou alors quelques vieux Western que j’ai a doré détester enfant parce que mon père nous forçait à les regarder si tuas une sélection à me proposer je suis preneur.
@raoul ketchup : un peu difficile à donner comme titres… Euh ”Stagecoach” de Ford, Coups de feu sur la Sierra de Peckinpah, Convoi de femmes…
Je ne crois pas qu’il ait dessiné exprès sa nana comme ça, Boucq. Ou alors tu veux dire que dans l’Ouest, les femmes pouvaient avoir un visage qui se déformait suivant l’heure de la journée ?
Sur la couv’ c’est peut-être la peur qui lui déforme le visage ? ;O) (etje note les titres)
@raoul ketchup : oui, c’est ça. En fait, on lui tend un miroir et elle est horrifiée par ce qu’elle y voit :-)
Ah ” Stagecoach ”de John Ford , lointainement mais clairement inspiré par ” Boule de suif ” de Maupassant …
John Ford qui composait ses plans ‚inspiré par les tableaux de Remington ( voir et revoir ” Le sergent noir ” ). Ah ”Stagecoach ” qui inspira le bel album de Luky Luke ” La Diligence ” ( Morris qui s’inspira souvent et beaucoup des personnages secondaires récurrents chez John Ford … s’amuser à les reconnaître est toujours un petit plaisir personnel ! ).” Stagecoach ” avec le grand/GRAND John Carradine , joueur de poker élégant qu’on peut également retrouver dans certains Blueberry … . Je ne connaissais pas Farny , MERCI pour le ” partage ” …Depuis mon trou perdu , aux confins de la Champagne , des Ardennes et du Dakota du Sud , j’ai pu parcourir le Web en images … pour y faire de belles (re)découvertes ! Il est clair que la couverture de ” La longue Marche ” semble être inspirée par Henry Farny , mais ( à mon sens ) certaines scènes de neige du ” Général Tête-jaune ” … … J’ai même ressenti un ”lien” Farny/Howard Hawks ” La Captive aux yeux clairs ” …
MERCI encore !!!
so long far a‑web
@Tailleriz : je n’ai toujours pas vu Stagecoach ni Le Sergent Noir – ça ne passe pas souvent à la télé et je me rappelle bien avoir loupé un enregistrement du premier il y a quelques années.
Internet permet en effet d’échapper aux senteurs boisées des Ardennes :-)
Navré de revenir sur Deadwood, mais le physique probable des filles de l’ouest évoqué dans les commentaires au sujet d’hells on whell m’inspire ces reflexions :
Avec le ratio historique d’à peu près (et de mémoire) 2 femmes pour 1000 gars dont une mariée et l’autre prostituée, ils ne devaient pas bien faire les difficiles,les gars, dans l’ouest sauvage !
Deadwood semble se vouloir ”réaliste”, mais je crois me rappeler que les filles ont un physique très hollywoodien.
Par chez nous, Lautrec peignait comme prostituées de grosses dames fardées, ou au visages usés, et accessoirement comme jolie fille une jeune lavandière…
On pourrait imaginer le sujet des filles de l’ouest traité chouettement en B.D par un loisel…
@kris : oui, les filles sont assez sexy – Molly Parker est même très belle – dans Deadwood. Mais comme c’est mieux écrit, on n’y fait pas trop gaffe. Il y a quand même des prostituées ”enlaidies” avec la gueule un peu de traviole et les cheveux filasses. D’ailleurs, on suppose que l’homosexualité masculine devait avoir probablement plus cours qu’on ne le pense à l’époque – genre comme dans les prisons.
Je n’ai jamais fréquenté les pauvres filles qui font le trottoir mais on les représente souvent usées et fatiguées par leur métier.
+1 pour la longue marche…
Le roman Deadwood n’a pas grand chose à voir avec la série Deadwood, qui a encore moins a voir avec ce petit bled du Dakota du Sud où le livre et la série m’avaient attiré comme un aimant. Je m’y suis retrouvé à claquer 3 pesos dans un casino appartenant à Kevin Costner et devant lequel des autocars dégueulaient des hordes de retraités – ça m’apprendra à suivre mes rêves, tiens.
Par contre, puisque c’est une page western ici, je signale un roman incroyable (avant de le lire je me gaussais grassement du western en tant que genre littéraire)
http://nebalestuncon.over-blog.com/article-lonesome-dove-de-larry-mcmurtry-119708580.html
même que j’ai pleuré à la fin, ce qui ne signifie pas grand chose, mais quand même.
Je sens que tu es du genre à être allé au festival Twin Peaks. C’était bien ? Pas lu encore le tome 2 de Lonesome Dove mais https://www.li-an.fr/blog/bouquins/lonesome-dove-larry-mcmurtry-gallmeister/
Ne me parle plus de Twin Peaks. Delenda Carthago. Tu vas être à la bourre sur Lonesome Dove, le préquel (écrit par Mac Meurtry) est paru en français chez ces gentlemen de la littérature américaine de Gallmeister. Comment as-tu pu faire un break entre les tomes 1 et 2 ? c’est ça qui me sidère chez mes contemporains. Il est vrai que la lecture est une maitresse aussi exigeante (et souvent bien plus voluptueuse aussi, mais exigeante toujours) que la rédaction de commentaires sur des blogs. Même que des fois, avant de pouvoir les commenter, il faut d’abord les écrire.
Je crois que j’ai peur d’être déçu. Je ne l’ai même pas acheté.
Peur d’être déçu ? Tu dis ça parce que tu n’as pas regardé l’adaptation télé avec Tommy Lee Jones. Je crois que je préfère encore Twin Peaks saison 3.
Tommy Lee Jones là-dedans c’est un peu la fausse bonne idée. Allez, je promets que je lis le tome 2 en 2018.