1001 Comics you must read before you die – resoustitré The ultimate Guide to Comic Books, Graphic Novels and Manga est la version britannique des 1001 BD qu’il faut avoir lues dans sa vie publié en France par Flammarion (enfin, la version originale dirons nous). Je ne l’aurai jamais acheté par moi-même n’étant pas très fan des dictionnaires BD mais mon frère l’a trouvé à Londres et a été horriblement déçu en apprenant qu’il existait une édition française.
Un livre bon pour les toilettes
Du coup, j’ai mis du temps à m’y mettre, un feuilletage en librairie m’avait déjà appris que Philippe Mouchel et son Mur de Pan n’y figurait pas et, du coup, mes préventions envers l’ouvrage étaient grandes.
Dans son introduction, Paul Gravett annonce la couleur : il ne s’agit pas d’imposer ses choix mais de proposer des albums qui soient aussi des coups de cœur subjectifs. Et rapidement, je me suis rendu compte à quel point la couverture britannique était trompeuse. C’est que le goût des rédacteurs va plutôt vers les choses ”difficiles” et pointues que vers la BD ”populaire” – l’édition underground US est bien plus représentée que les super héros. Ne vous inquiétez pas, les grandes séries sont bien là et je crois que tous les artistes BD populaires qui ont marqué le genre y sont cités (Hergé avec plusieurs albums, Astérix, Largo Winch ou XIII en France ont droit à une place) mais, à côté de cela, il y a beaucoup de choses que le lecteur un peu moyen ne connaît probablement pas et j’ai moi-même découvert plein de choses.
Lituanie ? Check. Botswana ? Check. Malaisie ? Check.
Il faut dire qu’en allant chercher des rédacteurs du monde entier, on se retrouve avec des choses complètement inconnues dans nos contrées puisque jamais publiées en France. Qui pouvait dire que la BD brésilienne était aussi vivace ? Et ne parlons par de la britannique qui doit correspondre à 25 % de la production mondiale si j’en crois la place qui lui est réservée dans le livre – ah ah, arrêtons de nous moquer. C’est donc un bon bouquin pour faire des découvertes, ce qui est déjà assez étonnant pour ce genre d’ouvrage.
10 001 BD à lire
Le titre est assez trompeur puisque ces 1001 BD sont en fait 1001 références qui peuvent être aussi bien une histoire courte de comics qu’une revue, une série ou un personnage durant une période. Autant dire que vous ne risquez pas d’en faire le tour en une vie. Les références sont présentées en ordre chronologique et on trouve des choses qui sont même à la limite de la BD pure – bois gravés narratifs et autres étrangetés artistiques.
La BD sans image
Si le contenu est riche en texte et en choix, la partie ‑très- pauvre de la chose, c’est l’iconographie. De nombreuses BD n’ont droit à aucune image, la plupart se contentent d’une pauvre couverture ou d’une case et rares sont les références qui montrent une planche entière. Difficile de se passionner pour un manga ”génial” si on ne voit même pas à quoi ça ressemble. Encore plus incroyable, le choix des images semble tributaire des autorisations et découvrir Terry et les pirates illustré par une pauvre couverture de magazine signée d’un successeur de Milton Caniff est assez déprimant. Sans compter le choix assez systématique de couvertures qui n’apportent pas grand chose à la connaissance du contenu. Le pompon, ça doit être l’Incal de Moebius & Jodorowsky illustré pleine page par … une planche de Ladron.
À qui le refourguer
J’ignore quel public est visé : probablement un public adulte qui lit déjà pas mal de BD. Difficile à offrir à un préado – quoique, découvrir l’existence de Magnus, Crépax, Tom of Finland ou Pichard à un âge tendre peut être un facteur décisif pour la suite de sa vie – il intéressera surtout les curieux qui ont envie de s’ouvrir un peu à d’autres univers BD et les amateurs qui adorent les polémiques et piocher des noms pour discuter toute la soirée. La pauvreté iconographique en fait quand même un objet pas vraiment indispensable.
Quelques noms glanés dedans qu’il me faudra bien creuser un jour : Mister Bonaventura de Sergeo Tofano, Skippy de Percy Crosby, The Old Tomcat de Andrija Maurovic ou Pirates of the Tietê and other barbarians de Laerte Coutinho.
Le contraste entre le design de la couv’ de l’édition française et celui de l’édition britannique en dit trente tonnes.
La couverture british est limite mensongère :-)
L’éditeur français avait sans doute une idée plus précise du public qu’il devait cibler. :-D
Exit Terry Gilliams dans la version française, remplacé par Benoît Peeters. Ca rigole pas.
Bon, pas sûr que Terry Gilliam, ça parle suffisamment aux amateurs de BD d’ici.