Après l’excellent Douane volante, je m’étais promis de lire rapidement Angel, l’autre roman de François Place, mais les piles de livres ont une logique bien à elles et il a fallut attendre cinq ans (argh, on viellit vite à nos âges) pour me décider.
Angel est né d’un indien de Patagonie et d’une mère française enlevée. De par sa naissance, il est considéré comme un esclave par les colons espagnols et décide d’échapper à sa condition et embarquant clandestinement sur un navire français chargé d’une expédition scientifique en Antarctique. Une expédition qui va se retrouver bloquée un hiver en croisant une tribu indigéne mystérieuse qui rêve son rapport au monde.
Y’a pas à dire, Place m’épatera toujours. En un chapitre, il raconte plus de choses qu’un roman graphique contemporain de 200 pages et son souci du détail historique qui refuse la joliesse de la nostalgie (l’anti Stéphane Bern ?) est impressionnant. Ce roman ci se rapproche de son univers d’Orbæ en décrivant par le menu la vie quotidienne d’une tribu antarctique inventée, sœur de phoques-licornes, vivant une vie âpre en harmonie avec la nature qui l’entoure. Le personnage d’Angel, métis à la frontière de deux mondes, est parfaitement moderne et ne peut que me toucher : il n’est à sa place nulle part mais peut s’intégrer partout et est le seul à pouvoir décider de son propre destin. Place met face à face la pensée philosophique scientifique qui annonce les Lumières et un mode de vie chamanique sans trancher – les deux univers ont des règles strictes qui emprisonnent Angel. Au final, la magie l’emporte et la seule vraie évasion est le rêve créatif.
Et François Place pourra être reconnaissant à Li An de m’avoir donner joliment envie…
Et moi je remercie le fidèle Julien de soutenir ce blog par ses commentaires.
j’ai aimé ce que j’ai déjà lu de lui, je note Angel et Le marquis de la baleine, merci
Le Marquis est d’une veine très différente de ses travaux habituels. On peut être surpris.