Bon, j’ai mis une cravate et un beau costume : je chronique ici mon premier service de presse officiel. Depuis le Margouillat, c’est quelque chose que j’évite soigneusement. Rien de tel que d’acheter soi-même un objet culturel pour pouvoir l’assassiner en toute impunité et sans aucun remord. Quoiqu’il en soit, les éditions fédérop ont trouvé ma critique d’ Une anglaise au Far West de la même Bird (https://www.li-an.fr/?p=1690) suffisamment intéressante pour me faire parvenir ce second ouvrage disponible en français de la grande voyageuse britannique…
C’est un livre de voyage très différent du premier, autant vous prévenir tout de suite. Lors de son périple au Colorado, Bird était seule, en touriste, écrivant à soeur ses mésaventures et rencontres au fur et à mesure qu’elles arrivaient. Pour son voyage au Tibet, elle est devenue une voyageuse réputée grâce à ses écrits et parcourt les montagnes accompagnée de guides, porteurs, conducteurs de chevaux etc… C’est évidemment moins glamour et surtout, on sent que le point de vue est plus éloigné des autochtones (mais ça peut évidemment s’expliquer par l’écart de culture qui n’était pas aussi grand avec les colons du Colorado). On est d’ailleurs presque dans le roman d’aventures de l’époque puisqu’elle assume parfaitement son rôle d’Anglaise digne et prête à montrer la voie par sa volonté et son courage. On retiendra une description sans concession du clergé tibétain ( si je ne me trompe pas, le Tibet était une théocratie autoritaire ) peu politiquement correcte. Les divers mesquineries subies par les indigènes convertis au christianisme sont régulièrement rappelées et ça m’a remis en mémoire une extraordinaire BD lue dans ”Bayard” ou ”Coeur Vaillant” qui voyait un jeune tibétain chrétien choisi pour devenir Dalaï Lama tenter d’échapper à son sort.
Le plus intéressant, c’est évidemment sa description d’un monde disparu : les caravanes qui passent de Chine en Inde, les troupeaux de moutons qui mettent un an à voyager, les villes de frontières et la foule disparate de commerçants et de voyageurs. On a l’impression que l’on va croiser d’un moment à l’autre un jeune Corto Maltese ou même le Major Grubert. Et elle fait un portrait saisissant du guide hâbleur, malhonnête et violent qu’on lui a attribué, au couvre chef invraisemblable et qui rançonne tous ceux qu’il croise. Mais le personnage qui l’aura probablement le plus marqué, c’est … son cheval. Autant ça paraissait évident de la part d’une voyageuse solitaire qui n’avait que sa monture comme compagne et confidente, autant ça semble proche du ridicule de la part d’une vieille femme entourée et protégée. Ou alors très britannique…
Reste quelques images étonnantes d’une Isabella Bird fêtée par un campement ou escaladant un col dans la glace de l’Himalaya. À vous de voir…
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Si je comprends bien, on est très loin d’Alexandra David-Neel, mais cela correspond peut être mieux à ce que vivait un voyageur ordinaire.
Comme je n’ai pas lu David-Neel, je ne peux rien dire :-(