Je dois reconnaître qu’en achetant ce livre, je pensais en fait à Six problèmes pour Don Isidro Parodi, écrits à quatre mains par les mêmes Borges et Bioy Casares. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant des chroniques littéraires et culturelles ! Les deux romanciers nous font (re)découvrir de grands artistes de leur pays – l’Argentine – et du monde avec un enthousiasme intrigant…
Dans le dernier ‑excellent- film de François Ozon – Dans la maison – Kristin Scott Thomas interprète le rôle d’une gérante de galerie d’art qui essaie de vendre des oeuvres qui déroutent son mari. Elle lui met sur les oreilles un casque hifi pour lui faire découvrir une peinture : l’artiste décrit un tableau qu’il a peint mais qu’il n’expose que sous forme auditive. Cet artiste aurait eu tout à fait sa place dans les chroniques de Domecq, spectateur émerveillé des innovations conceptuelles des artistes contemporains – l’écrivain qui se contentait de recopier les oeuvres de ses confrères avant de les signer de son nom, le peintre qui recouvrait ses tableaux d’une épaisse couche de peinture noire, ne conservant que le titre, la troupe de théâtre de rue qui imite à la perfection les gestes de tous les jours… – quoique de plus en plus désinvolte dans son admiration. Un humour ironique réjouissant qui étrille avec intelligence l’art conceptuel.
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Il ne faut surtout pas renoncer à ton projet initial qui était, si j’ai bien compris, de lire Six problèmes pour Don Isidro Parodi : le livre est est tout à fait de la même veine que les Chroniques de Bustos Domecq (il y a d’ailleurs des personnages secondaires qu’on retrouve dans les deux recueils), les criminels que démasque Don Isidro ont en commun avec les artistes à qui Bustos tresse des couronnes le même péché mignon : l’ambition de péter plus haut que leur cul (ce qui, dans le domaine du crime, donne des résultats pittoresques).
Les Six problèmes vont être réédités en janvier. J’ai vu qu’il y avait aussi de Nouvelles chroniques qui m’ont l’air bien gratinées.
Tiens ça me donne envie de relire le Traie de Craie de Prado, placé justement sous l’égide conjointe de Borges et Bioy Casares !
@Pierre : j’ignorais. Je n’ai jamais été totalement fan de Prado – pardon Raoul…