Pandore au Congo (Albert Sánchez Piñol ‑ Babel)
Thommy Thomson est un jeune homme sans le sou ni famille qui rêve d’écrire. Lorsque le nègre (le type qui écrit à la place) du fameux docteur Luther Flag, l’écrivain populaire aux récits héroïques et colonialistes, lui propose de rédiger un roman comme sous-nègre, il accepte avec enthousiasme. Enthousiasme quelque peu refroidi par la prose raciste de Flag, dénuée de toute documentation sérieuse et prônant la suprématie blanche (et anglaise) sur le reste du monde. En sort Pandore au Congo, une affreuse pochade avec armée de pygmées (dont un pygmée nain !), princesse amoureuse et lion apprivoisé.
Par une suite d’événements forts drôles, ce travail va attirer l’attention d’un avocat à la recherche d’un écrivain. Marcus Garvey, client dudit avocat, est accusé d’avoir tué deux fils de bonne famille dans les profondeurs du Congo où ils étaient partis chercher fortune. Pour sa défense, l’avocat a eu l’idée de publier le témoignage des faits étonnants et vrais qui se sont déroulés dans la jungle moite et sous terre.
Car Garvey a vécu une histoire fantastique qui n’est pas sans rappeler les romans de Wells : il a découvert une race d’habitants sous-terrains, les Tectons, prêts à envahir le monde. Thomson se plonge avec frénésie dans un récit qui révèle la violence des deux jeunes Anglais en rupture de société mais imbus de leur nationalité et de leur origine sociale, dévoile au monde l’histoire d’amour de Garvey avec une jeune Tectonne au courage inaltérable et écrit un récit qui va marquer la littérature anglaise à tout jamais.
Albert Sánchez Piñol est un écrivain espagnol (et anthropologue par ailleurs) qui avait écrit avant ce Pandore un récit fantastique que je n’ai pas encore lu. Mais il y a de fortes chances que je me jette sur l’ensemble de son œuvre tellement j’ai été emballé par ce récit ironique et ébouriffant qui rend hommage aux écrivains anglais fantastiques du début du XXème siècle tout en restant particulièrement contemporain dans son approche de la littérature. Un livre qui magnifie le besoin de raconter et l’envie d’histoire et qui sert un récit d’aventure échevelé tout en détournant malicieusement le thème.
C’est un auteur que je souhaite découvrir depuis longtemps, encore faut-il que j’en prenne le temps… On m’a conseillé ”La peau froide” qui, par certains côtés, rappelle ”Annihilation” de Jeff Vandermeer (même si chronologiquement c’est évidemment l’inverse).
Je pense que je vais acheter ”La peau froide”. On me le conseille aussi.