François Place, j’en ai surtout parlé en tant qu’illustrateur avec sa grande œuvre Orbae. Il semblerait qu’il s’oriente vers une carrière plus littéraire puisque Orbae a été complété par un coffret comprenant deux romans – un roman disponible à part – et des illustrations inédites.
La douane volante présente, lui, un univers original. Gwen, fils de marin breton, est trop fragile pour succéder à son père et sa mère finit par le placer auprès d’un rebouteux aveugle. Cette nouvelle vie pleine de découvertes est de courte durée. Alors que la Première Guerre Mondiale s’annonce, le rebouteux meurt et Gwenn, livré à lui-même, est victime de la crédulité du village. Le voilà emporté par l’Ankou dans un monde qui ressemble fort aux Pays-Bas du XVII° siècle où on lui prédit un brilliant avenir… de rebouteux. Gwenn va devoir faire son chemin dans un univers dont il ne connaît pas les codes et hiérarchisé à l’extrême (comme cette époque pouvait l’être, ce que l’on ne comprend pas toujours dans les fictions historiques) mais où il va tenter de trouver sa place au gré des rencontres et des événements tout en espérant retrouver sa Bretagne Natale.
C’est un étrange roman pour jeunesse. François Place a une vision assez désabusée de l’Humanité tout en laissant quelques niches d’espoir – placées dans l’ouverture d’esprit et la connaissance. Mais sa grande force, c’est de ne pas chercher à créer des personnages symboliques : Gwenn croisera des personnes qui lui présenteront un visage différent suivant les circonstances. Sa jeunesse et son inexpérience vont le conduire à se tromper mais son courage et son opiniâtreté l’aideront à progresser. Accompagné d’un étrange petit personnage – un oiseau aux pouvoirs divinatoires, ivrogne, parlant et de sale caractère – il est confronté aux bassesses de l’âme humaine et sa grandeur éventuelle qui ne se cache pas toujours là où il l’attendait.
Il y a un côté Stevenson dans ce livre avec un personnage secondaire très proche du fameux Long John Silver et un souffle certain de l’aventure mais une aventure plus humaine qu’héroïque.
Il est un peu compliqué de dire pour quel âge conseiller le livre. Le côté très rêche des situations et l’absence de manichéisme de Place risque d’effrayer les plus jeunes. Mais ce sont justement ce réalisme et la complexité de l’âme humaine qui en font son sel. C’est aussi un beau livre presque historique très peu hollywoodien qui parle de la maladie, de la faim, de la souffrance avec une très légère touche de fantasy qui rend le monde décrit imprévisible et familier à la fois. Une très belle découverte pour moi… Qui m’a donné envie de reprendre l’aventure Orbae avec un œil neuf.
Et quelle jolie couverture !
Oui,trés belle couvrante;ça donne bien envie;noté.
On n’est jamais si bien servi que par soi-même… voire trahi puisque le zoizeau n’est jamais baladé en cage dans mes souvenirs. J’ai d’ailleurs un peu retravaillé le billet qui n’était pas assez précis à mon goût.