Dans le cadre du challenge personnel « Et si je développais un nouveau projet parce que marre… », j’ai lu avec grand intérêt ces Douze heures noires signé Simone Delattre, un ouvrage qui étudie les nuits à Paris au XIXème siècle, une période cruciale dans la construction de la légende de la capitale. En effet, le Paris d’après la Révolution est encore un Paris à l’ambiance moyen-âgeuse avec un centre ville traversée de rues tortueuses et pleines de boue où il ne fait pas bon traîner la nuit (d’ailleurs l’honnête citoyen est au lit pour un sommeil réparateur). Mais petit à petit, un nouveau Paris nocturne prend vie. Le fêtard se promène sur les Boulevards pour aller manger, danser, draguer et se montrer. Les autorités cherchent alors à adapter la ville à ces nouvelles pratiques, bien aidé en cela par le développement de nouvelles techniques d’éclairages. Police, urbanisme et recherche de modernité vont profondément transformer Paris, détruisant les quartiers populaires plus ou moins bien famés, repoussant petit à petit les populations les plus pauvres. Rien de nouveau sous le soleil.
Le livre se lit plutôt facilement. En l’absence de statistiques poussées, Mme Delattre cite romans, lettres, gazettes et études de mœurs (très à la mode à l’époque), brosse un portrait très détaillé des enjeux pour chacune des strates de la société, démystifie les légendes urbaines de l’époque bâties en grande partie sur les romans populaires. Encore plus intéressant, le livre est aussi une façon d’aborder des problèmes toujours d’actualité sur la vie nocturne citadine, les évènements autorisés, ceux condamnés et les populations acceptées comme celles décriées. Reste que l’amateur d’Histoire aura de quoi faire. En refusant toute approche racoleuse, Simone Delattre peint un portrait peu connu et fascinant de la vie parisienne du XIXème siècle.
À voir
Le Paris, ville lumière est construit sous Napoléon III par le baron Haussmann. C’est le Paris célébré et connu dans le monde entier mais le Paris d’avant cette époque a quasiment sombré dans l’oubli, peu représenté de manière convaincante à la télévision ou au cinéma.
Il se trouve que j’ai visionné il y a peu le film de Jean-François Richet, L’empereur de Paris. C’est une biographie (très ?) romancée de Vidocq ou plutôt de comment Vidocq est passé de bagnard à membre des forces de l’ordre sous le Premier Empire. Un film très (trop) classique dans son scénario (histoire d’amour avec une fille des rues, comparses hauts en couleur et bagarres à tout va) mais particulièrement travaillé sur le décor et les costumes avec un souci du détail exemplaire (ils se sont cassés la tête à reproduire la vue sur la Seine que l’on pouvait avoir des bureaux de Fouché, un plan de quelques secondes). En général ce genre de production tire vers la caricature visuelle pour faire spectaculaire et il faut saluer les choix réalisés par Richet qui complèteront agréablement votre lecture.
Il y a quelques années, nos amis de l’Œil des Chats avaient consacré toute une série de billets au Paris de Meryon (Charles Meryon a laissé quantité de gravures et de plans qui restituent ce Paris alors en train de disparaître). Les liens qu’il y a dans ces billets peuvent peut-être intéresser quelqu’un qui cherche à se documenter sur cette ville fantôme.
Je ne connaissais pas du tout. Merci pour l’info.