J’ai réalisé une couverture alternative que vous pouvez visualiser en fin d’article.
Malgré quelques périodes d’indisponibilité, Jack Vance est au auteur SF US qui a la chance d’être régulièrement réédité en France, notamment grâce à son oeuvre fantasy qui a drainé tout un nouveau public. Lunes d’Encre/Denoël fait un beau travail avec des recueils retraduits (il semblerait que ce ne fut pas inutile) et que je lis petit à petit.
Emphyrio & autres aventures contient donc l’ensemble des nouvelles liées à Magnus Ridolph (vous pouvez lire l’article que je lui ai consacré [ici]), La vie éternelle et Emphyrio.
La vie éternelle, je l’avais en bibliothèque mais je ne pense pas l’avoir lu avant cette version. Dans une cité hyper structurée, Clarges, où la passage à une classe sociale supérieure se mérite durement et signifie une vie médicalement allongée jusqu’à la vie éternelle, Waylock a du travail sur la planche. Il a gravi tous les échelons puis a dû disparaître pour avoir tué – par accident – un autre immortel. Il espère bien remonter toute la pente sociale même s’il doit lutter contre la troublante Jacinthe Martin. Comme souvent chez Vance, le héros est confronté à une société rigide qu’il est obligé de bousculer par la force pour obtenir justice. Dans le cas de Clarges, la société traduit ses tensions dans un quartier de plaisirs où tout est permis et une tendance à la lapidation peu reluisante. De manière assez inattendue, la jolie fille aristocratique se transforme en farouche ennemie, la seule à avoir su percer à jour Waylock. Vance ne force pas trop son talent et la fin est même assez artificielle.
Emphyrio est évidemment le plat de résistance. Je me rappellais d’une histoire très pessimiste qui m’avait un peu déprimé dans ma jeunesse et j’ai découvert avec une certaine stupéfaction qu’il y avait une fin bien plus positive que dans mes souvenirs. Le premier chapitre donne le ton : Ghyl Tarvoke est prisonnier et soumis à la torture (on lui a découpé le haut du crâne et implanté des électrodes pour le faire parler). La suite du roman va expliquer comment ce pauvre Tarvoke en est arrivé là… Sa ville entourée de nombreux territoires hostiles est voué à l’artisanat d’art où les moyens techniques de reproduction sont interdits (utiliser une règle pour tracer un trait droit est mal vu !). Les oeuvres sont collectées par une Guilde qui les vend dans les mondes extérieurs à un prix qui permet juste aux artisans de vivre sans éclat. Mais tous (ou presque) supportent cette vie un peu terne, heureux de profiter d’une sécurité sociale maternelle et jaloux des Seigneurs qui vivent dans de hautes tours d’une taxe prélevée sur le reste de la population. Le père de Tarvoke se révèle vite un élément asocial qui photographie en cachette des documents et autres oeuvres d’art. Il élève son fils de manière très désinvolte mais évite les ennuis grâce à son talent d’artisan. L’univers décrit par Vance est politiquement très perturbant : c’est un mélange de socialisme et de féodalisme à la fois avec une religion très présente et aux rites ridicules (il faut maîtriser des parcours de marelle de plus en plus complexes). Le lecteur va donc regarder Tarvoke grandir et se confronter aux règles sociales rigides qui l’entourent, tomber amoureux d’une fille de Seigneur, beauté inaccessible, et peu à peu se convaincre qu’il y a quelque chose de mieux à vivre. Sa révolte semble tout aussi stérile et l’amènera sur la chaise de torture. La beauté du roman, c’est cette espèce de langueur que Vance réussit à faire passer : un univers visuellement stimulant mais figé dans une monotonie – une espèce de pied de nez aux amateurs de fantasy. De plus, il montre que la rigidité de la société n’est pas dûe aux textes fondateurs mais à la routine qui a évacué les véritables bases politique de la cité. De manière très ironique, il soutient les contestataires de tout poil même si leur provocation semble infondée : ils ont le mérite de faire vivre des textes politiques fondateurs qui sinon tomberaient dans l’oubli. Le dénouement est très surprenant avec des voiles qui se lèvent les uns après les autres et qui finissent par donner l’impression que le monde de Tarvoke n’était finalement qu’un immense théâtre de marionnettes. Le roman de Vance souvent considéré comme son meilleur et qui démontre en tous les cas l’originalité de son écriture.
J’ai été déçu par la couverture de Sparth (une espèce de mix entre Halo et Guild Wars – les jeux vidéos) et ça m’a donné de l’envie de tenter de donner ma version. Pas sûr que j’ai fait aussi bien mais c’était un exercice qui m’a permis de faire de la couleur (pour les curieux, c’est de l’encre de Chine + acryliques sur un papier nouveau et ”spécial” proche… du plastique. Le tout retravaillé sous Gimp).
Je suis un gros fan de Jack Vance, j’ai commencé par Le Jardin de Suldrun, et j’ai enchainé tout le cycle de Lyonesse, c’était avant la sortie de Madouc, le dernier tome, quelle joie quand il est sorti à la Fnac à l’époque !
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Evidemment j’ai lu Tchai (mais j’ai pas encore tout lu ta bédé, je l’avoue, c’est une tres bonne adaptation, bravo!).
Je n’ai pas lu Emphyrio (il manque un H dans ton titre).
Mon reve serait l’adaptation de Lyonesse en live, j’ai fait un début de script sur mon blog, mais bon, c’est dur de passer apres la trilogie des Anneaux de Peter Jackson.
http://blog.gamekult.com/blog/jackmarcheur/180863/suldrun.html
En fait, l’autre grosse adaptation que j’attends fébrilement c’est La Tour Sombre de Stephen King, j’espere que Ron Howard ne va pas la foirer. La aussi j’ai commencé un petit stroy board, mais pas encore publié.
Bof ce que j’ai fait, ça vaut rien, c’est juste pour mon plaisir de rêver quoi ! ^^ Bonne journée à toi !
Peut etre compte tu adapter Lyonesse en bédé???
Merci pour le ”h” :-) Pas d’adaptation de Vance en BD de prévue (et çe serait plutôt de la SF que de la fantasy).
Et c’est bien de rêver et s’activant :-)
Oh, j’aime beaucoup la couv’ alternative pour Emphyrio !
(il me semble y déceler les traces d’un petit accès de nostalgie ^____^ pour les couvertures du Rayon fantastique?)
J’apprécie en particulier les effets de ”couteau à palette”… c’est le fameux papier spécial qui permet de faire ça ?
Oui, je l’ai réalisée en pensant très fort à Forest.
J’ai envie de faire des billets ”techniques” pour parler de mes tests de matériel. En fait, c’est de l’acrylique Golden. Elle a un séchage très lent (genre sur votre palette le lendemain, si il y a un peu d’épaisseur, ce n’est pas du tout sec. Un peu surprenant pour de l’acrylique). Avec un pinceau large, ce sont donc de grandes étendues d’acrylique bien diluée. Le papier étant hyper lisse, ça donne cet effet ”vitre”. En fait, on peut même aller récupérer la blancheur du papier en travaillant un peu. Il parait que ça supporte l’aquarelle, il faudra que je teste.
Salut, il faut absolument que je lise ce bouquin, meme si les nom des personnages sont toujours à coucher dehors chez Vance.
Ta couverture est belle, un peu sombre à mon gout, y’a til un rapport avec l’histoire et ses personnages ? (je n’ai pas lu ton billet entierement pour ne pas me spoiler l’histoire). Je reviens vers toi quand j’aurais lu le livre !
Je ne dis pas que c’est une couverture utilisable telle quelle. J’ai fait mumuse et je ne voulais pas passer trop de temps à corriger le tout. Mais j’aime bien le sombre :-)
Il y a des échos avec les protagonistes mais c’est très libre.
Pas mal ta propo de couv’ On pense à celles de Forest (pour Fiction je crois)
Sympa l’explication technique
Oui, il faudrait que je fasse plus de trucs techniques. C’est le genre de choses qui me fascinent parce que je suis nul en technique.