Voilà un numéro que je n’aurai mis que un an à lire. Je vais donc juste parler des nouvelles qui m’ont interpellées.
”Trois fois” de Léa Sihol est une histoire fantastique à caractère vampirique assez baroque pour m’avoir séduit (elle se déroule dans un univers vaguement vénitien). En règle générale, je suis très méfiant avec les histoires de vampires (un peu trop galvaudées à mon goût) mais celle-ci, en évitant le manichéisme, en recherchant l’étrangeté, réussit à accrocher.
”Les flûtes de Pan” de Brian Stapleford évoque un monde où les gens achètent des enfants préfabriqués programmés pour ne plus grandir. Evidemment, ce monde parfait n’est pas éternel. En jouant habilement sur les angoisses égoïstes de la plupart des parents (”ah, si ça pouvait toujours rester comme ça”), Stapleford raconte la prise de conscience d’une fillette qui s’éveille à elle-même.
”La fille-Flûte” de Paolo Bacigalupi, la plus marquante des nouvelles de ce numéro. Un univers féodal/fascisant où les princes sont les stars des médias, où fortune et gloire sont associées à l’audience, où manipulations génétiques et chirurgie sont poussées à leurs extrêmes limites. Madame Belari a modifié deux jeunes filles qu’on lui a vendu pour en faire les stars de demain : leurs os sont creux, elles sont devenues fragiles comme du verre et l’une d’elle se révolte comme son sort. Une histoire d’une violence étonnante qui montre sous un jour cru les rapports de force et de pouvoir créés par les médias et les personnalités médiatiques et qui se permet même un érotisme innovant (cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu une histoire SF qui ose quelque chose d’aussi osé). J’attends avec beaucoup de curiosité le roman de Bacigalupi en chantier qui se déroulera dans le même univers.
On va terminer avec ”La pelote en fil de miel” de Jeffrey Ford, une espèce de non histoire qui joue avec des indices laissés par la vie de tous les jours et qui s’amuse à ouvrir des perspectives qui semblent sans fin.