Les gens qui suivent ont dû se rendre compte que j’ai sauté plusieurs numéros de Fiction, cette jolie revue dédiée à la SF. En fait, c’est juste pour donner l’impression de coller à l’actualité, dès que j’aurai lu les autres numéros, je tâcherai d’en parler…
Voyons ce qui m’a bien plu…
”La vieille maison sous la neige où personne ne va sauf ce soir toi et moi” de Rhys Hugues est une jolie histoire fantastique qui voit deux gros malins retrouver la maison légendaire d’un type qui essayait d’échapper au Diable. Une mise en abîme dans tous les sens du terme plutôt bien vue.
”Inspirer les vapeurs” de Kim Antieau est un texte féministe sur le travail de Daphné du Maurier qui intéressera tous les amateurs du Rebecca réalisé par Hitchcock.
”Le marchand et la porte de l’alchimiste” et ”Ce sur quoi il faudra compter” de Ted Chiang dont j’ai déjà parlé sur ce blog sont les meilleures histoires du recueil. La première prend la forme d’un conte des Mille et une Nuit où un riche marchand raconte au Calife comment il a trouvé la sagesse en passant dans une machine à ”trou de ver” (le clin d’oeil SF de Chiang) pour voir à quoi ressemble Bagdad dans 20 ans ou 20 ans auparavant. Ça commence tranquillement, avec des histoires à tiroir et ça prend ensuite une forme complexe séduisante et pleine de jolis paradoxes. La seconde histoire est très courte et part d’un petit gadget qui devine à l’avance si vous allez appuyer sur son bouton ou non. Les conséquences sur l’Humanité sont vertigineuses.
”90 % de tout” de Jonathan Lethem, James Patrick Kelly et John Kessel voit des ET débarquer sur Terre. Sauf qu’ils ressemblent à d’énormes chiens/taupes, qu’ils bouffent comme des chancres, chient des montagnes de déjections à l’odeur insoutenable d’où fleurissent des diamants magnifiques qui tombent en poussière à peine cueillis (du pur Jodorowski). Au bout d’un moment, ça lasse. Pas tout le monde, puisque , Liz Cobble belle mais coincée chercheuse spécialisée en ET est contactée par Ramsey Wetherall, milliardaire obsédé par le froid pour étudier les fameux diamants en question. Un long texte assez allumé avec des persos rigolos qui ne savent pas quoi faire de leurs désirs et des idées un peu barrées.
On va terminer en râlant un bon coup. Fiction a la bonne idée d’illustrer abondamment leurs pages et on a droit à un joli portfolio consacré à Albert Guillaume, humoriste de la Belle Époque qui imagine ici un Paris peuplé d’aérostats et des dessins agréables de Federico Pezos. Par contre, les dessins de David Calvo sont d’un vide assez gratiné (dans le genre, ”quelques traits pour faire arty, tout le monde n’y verra que du feu”) et les BD sont limites fanzine lycéen (en fait, non, j’ai vu des lycéens qui faisaient mieux).
Très joli dessin. Je connaissais Albert Robida pour le Paris futuriste, mais pas Albert Guillaume.
Je pense que c’est une ”découverte” Smolderen, il a des accointances avec Fiction.
”accointance”, avec 2 ”c”, comme dans ”coin-coin”.
Il est où le coin-coin ? Il est où le coin-coin ? (Jean-Pierre Bacri dans ”Didier”)