Pour Nouel, je me suis offert un artbook. Cela faisait bien longtemps. Mais est-ce que l’on peut résister à toutes cet petites hachures hyper années 80 ? Car il y a dans ces années-là un goût pour la hachure que je qualifierai d’”aléatoire”.
Souvent inspirée par le travail de Moebius, ces hachures hésitantes tentent de créer des volumes et des ombres avec une maladresse touchante, mais qui ont mal vieilli. Ça me touche parce que je suis passé par ce stade et il y a une part de naïveté presque enfantine dans cette volonté de mettre « trop » de hachures, de s’y perdre dedans.
Brad Holland a commencé à travailler dans l’illustration à la toute fin des années 1960. Autodidacte, il collabore régulièrement pour Playboy (à l’époque, un excellent débouché pour de nombreux illustrateurs) puis pour le New York Times où il propose une approche originale de l’illustration de sujets de société ou politiques. Plutôt que d’essayer d’illustrer l’article, il réalise sa vision du sujet sans lire ce que va écrire le journaliste.
Comme tous les ouvrages des Cahiers Dessinés, ce Géant endormi est très soigné et propose uniquement des travaux noir et blanc de Holland couvrant une grande partie de sa production. Enfin, je le suppose puisqu’il n’y a aucune date pour ces dessins. Le titre n’est pas anodin, car il va développer la thématique du géant tout au long de sa carrière au point que l’on finit par avoir l’impression qu’il ne représente que des personnages gigantesques. Un entretien éclairant complète l’ouvrage.
Des différentes séries, ma préférée est celle concernant l’amour/l’érotisme/le couple où il insuffle une énergie et une représentation du désir très originales.
Toujours aussi beaux ces « cahiers dessinés »…
De son côté,Pichard reconnaissait ce côté enfantin,ce « passe-temps »apaisant à passer avec ‚lui,ses petits points…
Franquin, Blain… Le côté mécanique des hachures, des traits, doit avoir des vertus apaisantes.
Dans le cas de Holland (pas forcément dans celui de Franquin et de Pichard – auxquels on peut ajouter Caza – qui prennent en effet un plaisir visible à jouer avec les points et les traits) il faut ajouter qu’à l’époque où il a débuté la qualité de reproduction des gris (ceux des lavis, des crayons ou des fusains) dans l’imprimé en général et surtout dans la presse, était très aléatoire : avec les hachures au moins on savait à peu près où on allait.
C’est en effet la raison principale du développement des hachures, héritières de la gravure.