Aujourd’hui, un billet pour éviter à mes lecteurs de cruelles souffrances inutiles.
Sausage Party, un navet gratiné de Conrad Vernon & Greg Tiernan
Je suis allé voir ça suite aux critiques positives de certains magazines (et parce que je n’avais pas vu que Premier contact était sorti). J’ai quitté la salle (avec le soutien de ma chérie) à la moitié du film – ce qui ne m’était pas arrivé depuis très très longtemps. Présenté comme un film d’animation pour adultes hilarant et provocateur, c’est une daube sans nom pitoyable.
Dans le supermarché, les produits rêvent de se faire acheter par les humains/dieux pour enfin passer la porte qui les mènera au Paradis. Mais la réalité est toute autre – ils vont se faire bouffer.
Réalisé avec un petit budget, le film est dans sa forme un film d’animation de milieu de gamme sans originalité. Dans le fond, c’est pareil. Les personnages et le scénario n’ont rien de surprenants : un personnage sympathique et vaillant (une saucisse qui rêve de fourrer un petit pain) va tenter de sauver ses camarades d’une fin atroce. Oui, c’est du sous-Toy Story à peine déguisé. Sur cette repompe paresseuse, les scénaristes ont ajouté des gros mots et des ”gags” en dessous de la ceinture. Et c’est tout. Ça ne m’a pas arraché un seul sourire, les personnages sont aussi agaçants que dans n’importe quel dessin animé de seconde (et même de première) zone et le méchant est plaqué artificiellement. Sans compter que les personnages/produits sont purement états-uniens et qu’il est difficile de vraiment apprécier les références. Complètement abasourdi par tant de vacuité, j’ai considéré qu’une bonne omelette était préférable à un mauvais film.
Je ne vous mets pas la bande annonce, vous pourriez croire que c’est un peu drôle.
Elyseum, un roman SF paresseux de L.E. Modesitt
On m’avait vanté ce bouquin comme cousin des œuvres de Jack Vance et je me suis laissé tenté. Mal m’en a pris.
Un privé essaye de démêler plusieurs affaires pendant qu’un méchant veut faire sauter la planète. Heureusement, tout finit bien.
Je dois reconnaître que l’on y retrouve un peu de Vance là-dedans. Le personnage justicier, les habits et la nourriture détaillés avec gourmandise, une certaine atmosphère baroque et décadente. Mais c’est bien tout. Si le décorum fait penser au vieux Jack, l’esprit n’y est pas du tout avec un héros au service armé du pouvoir, aucune véritable originalité dans l’écriture, des personnages falots et une fin ultra prévisible. En plus, l’auteur inonde notre enquêteur d’affaires sans intérêt et dont la résolution n’apporte pas grand chose à l’histoire. Aussi mauvais que la pauvre couverture choisie.
Premier contact, je le sens pas trop.
http://ilaose.blogspot.fr/2017/01/premier-contact.html
Par contre, c’est d’après une nouvelle de Ted Chiang. Sa ”Tour de Babylone ” est vraiment splendide.
Il est à noter que les meilleurs auteurs de SF de maintenant sont niaquoués (Ken Liu, Ted Chiang) ritals (Paolo Bacigalupi) ou australiens (Greg Egan).
Finie l’hégémonie US.
Adieu saucisses, so long Jack Vance.
Je pense aller le voir ce soir, ce film. Tu oublies la SF britannique (Banks, Priest, Miéville…).
C’est vrai. J’oublie ce que je veux pour bâtir les théories qui me séduisent. La SF occidentale agonise (crise des auteurs, des éditeurs, vieillissement du lectorat) parce que le futur nous a rattrapés, et qu’on a du mal à le remettre à distance.
À mon avis, c’est surtout qu’on a du mal à se projeter, que les garçons lisent de moins en moins et que Star Wars a imposé une esthétique et des thèmes plus rétro.
Les garçons courent après les cyber-filles au lieu de lire, c’est bien dommage.
La principale qualité de la SF de ma jeunesse a disparu, c’était ma jeunesse.
Et pourtant, si on m’avait prédit que j’assisterais un jour à l’agonie de cette littérature,…la mort de la SF, c’était de la science fiction.
Puisque même la Nasa nous prend pour des quiches
http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2015/01/la-nasa-nous-prend-pour-des-quiches.html
Il nous reste Stephen Hawking
http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2014/12/le-mystere-des-enlevements-par-des.html
Et Blasphémator®
http://johnwarsen.blogspot.fr/2015/01/blasphemator-le-flim.html
D’alleurs, je viens de lire ton article sur Infinity 8, question rétrofuturisme, c’est moins audacieux que Serge Clerc quand il était jeune dans Metal Hurlant.
Idéologiquement et esthétiquement, on se croirait revenus avant-guerre.
Pour un renouveau, je mise tout mon fric sur les nippons !
http://pinktentacle.com/2009/01/fifth-dimension-treatment-tatsuyuki-tanaka/
Je ne partage pas ton point de vue sur la comparaison Clerc/Infinity 8. Clerc ne racontait pas d’histoire, il développait un univers visuel séduisant ultra référencé et décalé. Il n’y avait pas d’audace, il faisait ce qui lui passait par la tête dans un contexte éditorial qui le lui permettait.
Après, je n’aurais pas été contre plus de ”Clerc” dans Infinity notamment dans l’habillage – les couv sont quasiment toutes plantées.
Tu as raison sur Clerc. Comme pour Cabanes, je suis surtout fan de sa première période, tout en regrettant qu’il n’ait pas eu de scénariste pour décoller un peu.
Et la SF n’est pas morte, la série télé Black Mirror est quand même ce qui lui arrivé de mieux depuis Brazil.
Je suis d’ailleurs agréablement surpris du succès rencontré par Black Mirror.