Les fans de Max Castle vont se réjouir. Voici un vrai roman qui fera revivre l’immortel metteur en scène de Docteur Zombie ou Le baiser du vampire, l’ami précieux d’Orson Welles, de Murnau , de Houston et tant d’autres. Comment ça, vous ne connaissez pas Castle ? C’est que vous n’avez pas lu La Conspiration des ténèbres…
Sous ce titre racoleur (Flicker en version originale, un jeu de mot qui rappelle les premiers films (flicker) et le scintillement, important dans le roman) se cache un hommage au cinéma assez étonnant.
Theodore Roszak concrétise un fantasme de cinéphile extroardinaire : il crée de toute pièce un metteur en scène méconnu et génial qui a traversé toute l’histoire du 7° Art en partant de la République de Weimar jusqu’au Hollywood des années 40 et non seulement il crée le personnage mais décrit avec rigueur ses films (ou ce qu’il en reste) et son influence sur ses collègues.
Jonathan Gates est un étudiant avide de cinéma pour des raisons purement libidineuses comme la plupart des jeunes américains des années 50 et son amour des femmes sur pellicules va l’amener à s’intéresser à la cinéphilie intellectuelle en construction à l’époque. Son initiation au cinéma d’auteur passe par une initiation amoureuse et érotique et chacune des femmes qu’il croise va le rapprocher d’un certain Max Castle, metteur en scène maudit disparu pendant la Seconde Guerre Mondiale dont les films provoquent une étrange fascination voire une répulsion.
Malheureusement, Roszak a décidé d’enrober toute sa culture cinéphilique dans un thriller conspirationniste assez risible (des orphelins, les Cathares et j’en passe). Reste des personnages étonnants, une réflexion assez pertinente sur la magie de l’écran, cette illusion de vie créée par des images fixes défilant rapidement et une question pertinente sur l’évolution de l’Art en général : comment est-on passé d’une recherche esthétique et humaine à un cinéma à destination d’adolescents à la culture limitée ?
Pour ceux qui caleraient sur la conspiration, la fin se révèle assez jouissive et me laisse à penser que Roszak n’est pas dupe de la qualité de son thriller. En tous les cas, le roman m’a suffisamment marqué pour ce que je regarde certains films en me demandant s’ils ne portent pas la marque de Castle… Les amateurs de Lynch auront aussi matière à réflexion avec la thématique du Mal et l’utilisation du noir comme projection de la peur.
Roszak est aussi un historien spécialiste de la contre culture, ce qui explique bien des choses.