Voilà un roman de SF français qui aura fait beaucoup parler de lui et que j’aurai mis du temps à lire (Hubert a fini par me convaincre).
La Horde, c’est un groupe d’humains formés dès leur plus jeune âge pour lutter contre le Vent qui souffle en continu et qui rythme la vie d’un monde jamais nommé. Le but de la Horde, c’est de remonter jusqu’à l’origine du Vent, de faire mieux que leurs parents dont ils suivent la Trace. Parce que faut pas croire qu’ils commencent là où se sont arrêtés les anciens, que nenni… Pour apprendre à maîtriser les éléments déchaînés, il faut que la Horde refasse tout le chemin des Hordes précédentes pour apprendre sur le terrain la réalité du Vent et espérer ensuite faire mieux.
Menés par Golgoth, le neuvième du nom, une masse de volonté et de résistance, la troupe est composite pour mieux s’adapter aux difficultés. Un Prince chargé des relations sociales, des chasseurs, des cueilleurs, des éléments de résistance, une spécialiste du Vent, un archiviste chargé de recueillir les informations utiles, un conteur pour les encourager et les distraire, un guerrier pour les protéger, des porteurs recrutés sur la route, bref un condensé d’humanité, unis face aux éléments. Et éventuellement les hommes. Car leur mission sacrée ne plaît pas à tout le monde et il semblerait que l’on veuille leur mettre les bâtons dans les roues… Et enfin les Chrones, mystérieuses créatures aux propriétés physiques proches de la magie, qui dérivent dans le Vent…
Bon, autant prévenir d’entrée, Damasio c’est de l’écriture lyrique, des envolées passionnées, un amour du mot et de la phrase qui ont dû aider à trouver un public enthousiaste mais on peut ne pas accrocher totalement – voire pas du tout – et trouver par exemple le personnage de Caracole (le troubadour) exaspérant (imaginez un Fol de Dol de la Quête de l’Oiseau du Temps en plus pénible). Mais on ne peut pas reprocher à l’auteur de manquer de jouer petit bras. Non content de faire réfléchir sur la condition humaine, sur les rapports d’un groupe, sur le choix et le destin, il fait du Vent plus qu’un phénomène météorologique mais la force qui régit un monde balayé au point de réécrire une physique et une spiritualité (qui englobe évidemment la parole : au début le Verbe fut grâce au souffle divin).
Assez curieusement, le nom de Golgoth m’a fait penser aux dessins animés japonais et je n’ai pas pu m’empêcher de trouver des rapports : des personnages très caractérisés qui travaillent en équipe, des combats en duel spectaculaires, un goût du dialogue épuisant, des phénomènes poétiques et violents à la fois… Peut-être que Damasio a écrit le premier roman manga. Que ce soit un Français qui ait réussi ce tour de force ne m’étonne qu’à moitié.
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ça a l’air intéressant.
Comme tu dis (tu n’as pas des dessins à me montrer, toi ?).
Je fais fouiller dans les tréfonds du blog pour poser mon avis (qui intéresse tout le monde, bien entendu)… J’ai fini de le lire hier et il m’en reste un sentiment mitigé. On ne peut effectivement pas retirer à Damasio une certaine ambition, et l’histoire avance bien, avec à chaque chapitre son morceau de bravoure qui propulse le récit, mais je suis plus réservé sur tout le côté métaphysique/mystique qui prend de plus en plus d’importance au fil des pages et qui verse parfois dans l’allégorie un peu mastoc… Par ailleurs, je trouve que la fin fait un peu pirouette de vieille nouvelle de SF, pirouette par ailleurs éventée par la numérotation des pages (ce qui ont lu le livre comprendront).
Il a les qualités de ses défauts : un parti pris fort et une écriture personnelle qui font qu’on trouve ça génial ou qu’on reste sur le bord de la route. Pour le coup, c’est vraiment un roman ”culte” dans le sens premier du terme.