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Le dernier roman paru en France d’ Alastair Reynolds, La Maison des Soleils, a reçu le Prix Planète-SF 2024 et les bonnes critiques glanée sur le Web francophone m’ont donné envie. J’avais déjà lu son grand cycle qui m’avait quelque peu épuisé, mais l’univers de ce nouvel ouvrage semblait correspondre à mes goûts.
L’île du Major hermétique
Dans la SF de ma jeunesse, il fallait se coltiner des visions cauchemardesques où les États-Unis portaient au pouvoir un clown fascisant boosté par des algorithmes vicieux, pendant que le monde brûlait et que l’on jetait de la soupe sur des tableaux de maîtres. Je trouvais ça un peu facile, ces angoisses de babacools gauchisants. Moi, ce qui me bottait, c’était la SF qui rêvait des choses incroyables. Des trucs genre L’île des morts de Zelazny où le héros créait littéralement des mondes, ce qui avait inspiré tout l’univers du Garage hermétique de Moebius. J’ai retrouvé ce vertige de l’infini des possibles dans le cycle de la Culture de Iain M. Banks et le résumé de La millième nuit, une nouvelle située dans le même univers que La Maison des Soleils semblait une bonne introduction au roman.
Et le septième jour…
Ainsi donc, vous pouvez vous cloner à mille exemplaires (une Lignée), chacun quasiment immortel et chacun ayant pour mission de parcourir les univers peuplés par l’Humanité. Tous les deux cent mille ans, grand raout familial où chacun est invité à projeter en rêve ce qu’il a vu de plus intéressant. La millième nuit, le gagnant est chargé d’organiser la prochaine fiesta en un endroit qu’il va créer de toute pièce pour épater la galerie.
Cette fois-ci, c’est au bon Campion de s’en charger. Il a généré à partir d’un bête rocher un palais avec un océan rempli de vie et il déprime un peu. Son Powerpoint onirique est un peu chiant, à base de couchers de soleils. Heureusement qu’il a la belle Purslane pour lui remonter le moral… Jusqu’à ce qu’il remarque qu’un des autres clones a falsifié sa présentation. Un clone très curieux du Grand Œuvre, un projet secret sur lequel travaille de multiples Lignées.
Enquête sur un rocher
Au début, ça m’a fait penser un peu à du Jack Vance. Ce personnage mélancolique et immortel en train de peaufiner son univers et une enquête imprévue qui démarre, il y a comme un parfum du cycle de La Terre mourante là-dedans.
Mais, soyons honnête, Reynolds n’a pas la qualité d’écriture de Vance, et le côté un peu cliché de notre couple d’enquêteurs amateurs m’a furieusement fait penser à une vieille série US : Pour l’amour du risque. Rappelez-vous (les vieux, les jeunes ne peuvent pas connaître), Jennifer et Jonathan Hart, ce couple de millionnaires qui résolvaient des énigmes policières en mettant un peu de piment dans leur vie. Il y a vraiment un peu de ça : des péripéties un peu cheap pour un récit au final assez gentillet.
Du coup, second ouvrage de la collection Une heure lumière du Bélial qui me déçoit et pas de Maison des Soleils pour Noël.