Le nain de Whitechapel, voilà un titre qui sent bon le freaks et le sang de prostituées alcooliques dans la rigole d’une rue mal famée. Ça tombe bien, ça parle exactement de ça. Mais pas tout à fait dans l’ordre attendu.
Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
Premier roman de Cyril Anton, critique (art, littérature, photographie) et parolier, c’est un drôle d’ouvrage. Époque victorienne. Octave Dièse, né dans une bonne famille, a un vrai don de pianiste, mais le malheur d’être de petite taille. Ça ne plaît pas à son père, un être d’une raideur effrayante, et le voilà vendu à un Noir, Freddy, qui s’attache facilement aux chiens perdus et aux causes désespérées. Octave n’en croit pas ses yeux : l’homme qui l’a acheté fabrique dans son arrière-cour un piano gargantuesque dont il tire des notes qui émeuvent jusqu’au plus profond de l’âme. Cette nouvelle vie ne va pas durer longtemps : un mystérieux gang d‘assassins dérangés s’attaque aux miséreux de Whitechapel et Oscar retrouve un jour Freddy mort, la peau du corps littéralement pelée. Qui sont ces mystérieux criminels sadiques ? Oscar trouvera-t-il la paix et l’amour ?
La complainte du policier nain
On ne va pas se mentir, Le nain de Whitechapel n’est pas tout à fait une espèce d’hommage aux romans-feuilletons ou aux romans gothiques du XIXème siècle. S’il en reprend certains des aspects, l’écriture en est très éloignée. Il faut dire que l’action va vite, très vite. Par exemple, notre héros va intégrer puis quitter la police londonienne en quelques pages. Un nain dans la police ?
C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il fallait se laisser embarquer par le récit et ne pas attendre la moindre vraisemblance. Tous les personnages sont extraordinaires (au point que plus rien ne surprend vraiment), le temps s’écoule sans logique et le Mal semble impossible à freiner, massacrant de manière inventive et révoltante à la fois. J’ai eu l’impression que ça lorgnait plus vers Boris Vian que Gustave Le Rouge.
Au final, un roman entre deux chaises. Les personnages et l’univers sont marquants, mais les amateurs de genre risquent fort d’être désarçonnés par un rythme de récit qui ne permet pas tout à fait le développement d’une grande et effroyable histoire.
À noter – pour cause de petite maison d’édition – une couverture qui ne rend pas hommage à la fièvre du roman. Si j’avais le temps, j’en ferais bien une fausse couverture.
Ah ! le temps, le temps…
Oh, il n’est pas très long à lire. Et pas indispensable non plus. Mais j’ai l’impression que tu rebondissais sur ma fin de billet. Je vais quand même tâcher de la faire.
Allez !Je me permets d’encourager, également, l’artiste !
Je vais m’y essayer aussi,tiens.
En cachette.
À lire le livre ou réaliser une couverture ?
Les points pertinents de tes réticences me rebutent assez…
C’est le genre de récit, merveilleux, plein de promesses et d’idées frappantes qui auraient tendance à me laisser espérer d’autres directions…
On lit en rêvant entre les lignes à un autre roman…
Je pense qu’il a laissé son imagination courir, sans chercher à construire une histoire solide. Enfin, suffisamment solide pour moi.