Assez paradoxalement, ce n’est pas le premier livre de Frank M.Robinson de ma bibliothèque. En plus d’être romancier, cet États-Unien est aussi éditeur et spécialiste de l’Histoire de la SF à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages richement illustrés. J’en ai un dans ma bibliothèque que je n’ai pas eu l’occasion de chroniquer.
Mais ici, c’est l’écrivain qui nous intéresse. Une équipe d’universitaires travaillant sur les limites de la résistance humaine comprend qu’un surhomme s’est infiltré parmi eux et qu’il n’est pas particulièrement gentil. Écrit en 1956, le roman reprend une thématique paranoïaque assez courante à l’époque : l’ennemi intérieur. C’est évidemment une référence aux sales cocos accusés de saper les valeurs des États-Unis mais alors qu’ils sont en général symbole de dégénérescence intellectuelle, le ”héros” de cette histoire est un mutant aux pouvoirs extraordinaires. Ce qui nous fait un second thème classique de l’époque (le mutant). Une fois les présentations terminées (une efficacité du récit très années 50), on assiste à une course poursuite entre le personnage principal, tentant de démasquer le méchant et évitant de se faire tuer par un être qui peut influer les pensées des gens. Je ne sais pas si c’est un chef d’oeuvre mais c’est rudement bien écrit. Ça file à 100 à l’heure, les pouvoirs du surhomme sont particulièrement originaux et les sensations paranoïaques du protagoniste qui voit le monde autour de lui s’effondrer littéralement, passant du statut de l’intellectuel à l’homme d’action désespéré n’est pas sans rappeler les meilleures séries télé ou B de l’époque. Contrairement aux apparences, ce n’est pas un livre manichéen puisque le thème de la séduction politique est clairement abordé, dénonçant en creux le besoin de crédulité de l’Amérique profonde et son goût pour l’ordre et l’autorité. Déjà adapté au cinéma, il parait que David Fincher travaillerait sur un nouveau remake.
Petite remarque sur la traduction : alors que le livre fait clairement référence à la guerre de Corée, la traduction (ou une mise à jour du texte ?) appelle à la rescousse la guerre du Viet Nam et celle du Golfe (sic) ce qui détonne un peu (surtout par rapport aux personnages féminins).
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