À force de croiser le nom de Mac Orlan (notamment associé à Bofa), je finissais pas avoir envie d’en savoir plus. J’ai lu il y a longtemps ”L’ancre de miséricorde” sans être tout à fait convaincu. En tombant sur ce recueil des cinq premiers romans, je me suis dit que je pouvais encore tenter le coup…
La Maison du retour écœurant vaut surtout pour son titre. Une œuvre pour se défouler, pleine de jeux de mots, de situations délirantes où l’on voit Paul Choux expédié à la recherche de tabac cubain par son oncle parce qu’il fricote avec sa tante. À peine rentré, il est réexpédié dare dare aux antipodes parce qu’il n’a pas ramené la monnaie. Je n’ai pas été plus loin. Plutôt saoûlant à lire, sans réelle histoire. Du pur plaisir d’apprenti écrivain.
Le Rire jaune est plus passionnant. Nicolas Moutonnot s’engage à la Légion Étrangère (en fait, c’est le frère de Mac Orlan qui fut légionnaire) par dépit amoureux et voit mourir un des ses compagnons… de rire. Démobilisé, il trouve la France goguenarde face à une maladie venue des États-Unis qui ferait mourir littéralement les gens de rire. Elle ne va pas faire la maligne longtemps parce que l’épidémie ravage la population et ramène la civilisation à l’âge de pierre. On retiendra un Paris hallucinant où la foule lynche les amuseurs. Une idée fascinante… La fin tourne un peu en eau de boudin avec notamment un personnage d’homme tronc insupportable qui ne sert pas à grand chose.
La clique du café Brebis est une suite de courts textes publiés à la fin de la première Guerre Mondiale, assez inégaux. Je n’ai pas terminé mais le gag à répétition d’un complot pour utiliser tout le papier disponible afin de publier les Fleurs du Mal de Baudelaire m’a bien fait rire.
La Bête conquérante rappelle La ferme des animaux de Georges Orwell. Par accident, un paysan rend son cochon savant. L’opération fonctionnant sur nombre de bêtes, voilà les gens de science qui utilisent cochons ou moutons comme secrétaires particuliers, devenant eux-mêmes de plus en plus paresseux. Si bien que les animaux prennent le pouvoir et vont jusqu’à faire la guerre, les hommes servant de bétail. Jusqu’à ce qu’un savant cochon prenne conscience que l’homme est peut-être intelligent, qu’il suffit de l’éduquer et, de fil en aiguille, voilà l’animal retombé à son statut initial…
Le Nègre Léonard et Maître Jean Mullin est le texte le plus fascinant. Le narrateur a pour servante puis maîtresse une Flamande rousse qui semble avoir deux personnalités le jour et la nuit. Il découvre rapidement qu’elle est une sorcière et l’accompagne au sabbat le plus proche. Mac Orlan y montre un Diable en perte de vitesse, miné par la modernité et l’impatience des gens. La perte de son influence va provoquer la mort de la servante, mourrant littéralement de bonté. Un texte très ironique et en même temps rêveur. Il s’y mêle amour, désir, et une espèce de langueur du personnage principal qui refuse d’être acteur de sa vie. La scène du sabbat est particulièrement politiquement incorrecte et très réjouissante…
Finalement, c’était une bonne mise en bouche et il y a de fortes chances que je tente de lire autre chose de Mac Orlan (saviez-vous que son pseudo est détourné du nom d’Orléans où il a passé quelques années de sa vie ?).
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J’ai hésité à acheter ce bouquin, et puis, déçu par l’absence de dessins de Bofa, je l’ai reposé.
Je sais, c’est nul.
On se refait pas…
Oui mais il y a ‑très peu et très petits- des dessins de Mac Orlan :-)