Créé en 1920 par un Gus Bofa désireux de rassembler des illustrateurs hors norme afin d’aider à leur promotion, le Salon de l’Araignée n’aura pas vécu très longtemps. Il faut dire que Bofa détestait tout ce qui pouvait paraître trop institutionnel et dès que son bébé eut commencé à prendre de l’importance, il trouva plus sage de le faire disparaître.
Cet ouvrage d’Emmanuel Pollaud-Dulian publié par Michel Lagarde est un parfait complément au bouquin du même auteur publié par Cornélius sur Gus Bofa – cf. mon billet ici – car il permet de voir les travaux des nombreux illustrateurs cités dans le Gus Bofa.
Le livre est décomposé en deux parties : un texte de présentation qui reprend peu ou prou la partie consacrée au Salon dans le Cornélius et des images rangés en chapitres thématiques – la Guerre, le Corps (danse, loisirs…), la Mode, le Spectacle (cirque, fêtes foraines…), les Prostituées, le Fantastique social et les Voyages. Il se termine avec une courte biographies des artistes présentés et un index pour retrouver rapidement qui a fait quoi dans le livre.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre et j’ai été assez surpris de voir la diversité des styles graphiques. Autant Bofa reste dans une espèce de figuratif décalé très séduisant autant certains lorgnent vers le Futurisme ou des choses plus déconstruites. Le paradoxe, c’est que ces dessins rappellent furieusement les choix graphiques utilisés par la Nouvelle École Française BD post Assoce. Pour ceux qui s’étonneraient qu’il ait fallut attendre aussi longtemps pour retrouver ce genre de dessins en BD, il faut souligner à quel point la BD franco/belge a été influencée par les techniques visuelles US (en gros Disney et Caniff).
J’aurais voulu être totalement emballé par le livre mais voilà le moment de groincher un peu. Il est d’un format assez petit – 24x19,5 cm à la louche, 250 pages – qui correspond à une certaine tendance du livre d’Art tout public (j’ai acheté il y a peu un ouvrage consacré aux livres pour enfants d’il y a longtemps dans le même format) et maquetté avec des marges assez grandes. Autant dire que les images ne sont pas d’une taille extraordinaire et, plus embêtant mais j’ignore si c’est uniquement pour mon exemplaire, la reproduction est assez pâlotte notamment pour ce qui est des reproduction de gravures aux traits souvent fins (les images de Vertès sur les prostituées très jeunes ne risquent pas de choquer les gens tellement le trait disparaît). Je pense que le papier lui-même n’aide pas à faire péter les couleurs (toutes les images semblent être scannées à partir de reproductions de livres originaux). Bon bref, je me suis un peu arraché les yeux et j’en suis marri.
Sinon, j’avais souscrit au livre et j’ai donc reçu un petit coffret comportant en sus Sous les pots de fleurs de Charles Martin avec une préface de Pollaud-Dullian que je n’ai pas lu – zut.
Au final, un livre important et incontournable mais pas parfait. On n’est jamais content…
Il y a une expo des artistes du salon de l’araignée à la galerie Michel Lagarde. Elle vaut le détour !
Oui, je le sais bien et j’ignore si j’aurais le temps de la voir.